Energie - Solaire, éolien : des bénéfices économiques et sociaux pour les territoires, selon Greenpeace
Dans une étude intitulée "La manne inexploitée des renouvelables" publiée le 22 septembre, Greenpeace met en avant, au-delà des bénéfices environnementaux, les flux économiques nouveaux que peuvent générer les projets éoliens et solaires pour les collectivités où ils sont installés et leurs habitants. S'appuyant sur quatre exemples de parcs français (deux éoliens et deux solaires), l'ONG observe d'abord que les retombées économiques "dépassent les seules recettes fiscales" au niveau local. Certes, par le biais de taxes ou de redevances, les parcs rapportent des sommes non négligeables aux collectivités. Ainsi, le parc éolien des Tilleuls (Indre, 12,5 mégawatts) et celui de Sor-Arfons (Tarn, 22 mégawatts) génèrent chaque année respectivement 118.000 et 412.000 euros de recettes fiscales.
Mais ils permettent également de financer d'autres projets (travaux, ouvertures de commerces, construction de logements, etc.) et de créer des emplois (maintenance du parc, employés de mairie, etc.). Par exemple, dans le cas du parc éolien des Tilleuls, la commune a pu financer un écolotissement avec chauffe-eau solaire et toiture végétalisée, permettant de réaliser 25% d'économies d'énergie, et les impôts ont baissé de 16%. Le parc a créé un emploi permanent, et deux emplois induits dans la ville (un employé de mairie et un technicien).
Le parc solaire d'Ortaffa (Pyrénées-Atlantiques, 25 mégawatts), développé avec une dimension agricole (élevage de brebis, replantation de vignes, apiculture) a, lui, permis de maintenir 30 emplois dans la commune (un berger, des ouvriers viticoles et des vignerons) et d'en créer trois (maintenance, apiculteur). Greenpeace note aussi que la réalisation des projets suscite des "effets d'entraînement" sur le territoire, avec d'autres communes qui développent leur propre parc éolien ou solaire.
"Toutefois, prévient l'ONG, ces impacts structurants et positifs ne sont envisageables et garantis que si un certain nombre de conditions sont respectées". Greenpeace en a relevé cinq, à commencer par "la relation développeur de projet-élu local". Pour le parc éolien des Tilleuls, par exemple, de nombreux échanges et réunions entre le développeur et le maire, accompagnés d'une large communication auprès des habitants ont permis au projet de se monter en un temps record (le permis de construire a été délivré sans recours après deux ans d'études). La communication continue auprès des populations via des réunions publiques, des notes d'information sur l'avancement du projet et ses retombées locales, des visites du parc sont aussi citées comme des facteurs de réussite dans le cas du projet éolien d'Arfons qui a vu ainsi son "acceptabilité locale" renforcée. Greenpeace insiste encore sur "l'insertion des populations dans les processus de sélection, de décision voire de financement des projets" dans le cas d'Arfons, où les habitants du Tarn et de l'Aude ont pu apporter des financements via un produit d'épargne citoyenne dédié spécifiquement au projet. Autre exemple cité : la création de la société d'économie mixte Soleil-Eau-Vent-Energie, près de Briançon, qui a permis aux collectivités locales et à la population de prendre des parts dans des projets photovoltaïques et d'en assurer la gouvernance. Il faut aussi prévoir "la bonne intégration du projet au sein de l'écosystème local", souligne l'ONG qui cite une nouvelle fois le parc éolien des Tilleuls. La présence de chauves-souris sur le territoire berrichon a eu un impact sur les décisions prises au cours du montage du projet pour que la production éolienne ne se fasse pas au détriment de l'écosystème local. "La bonne prise en compte des différents usages des sols" est une autre condition à respecter, estime Greenpeace. Dans le cas du parc agri-solaire d'Ortaffa, implanté sur des terres partagées entre des agriculteurs, des viticulteurs et un éleveur de brebis, le développeur a ainsi mis en place trois chartes (viticole, ovine et apicole) pour prendre en compte les différents usages des sols.
L’ONG profite aussi de la publication de cette étude pour interpeller le président de la République, lui demandant de doubler le rythme de développement des énergies renouvelables. Une pétition sur le sujet, en ligne depuis juillet, a réuni 70.000 signatures.