Situation économique et budgétaire : la CPME "tire le signal d'alarme"
Au lendemain de la divulgation de nouveaux documents de Bercy sur la situation budgétaire du pays, la CPME s'alarme des conséquences sur l'investissement : les carnets de commandes se tarissent, alors que les défaillances sont au plus haut.
La parenthèse enchantée des Jeux olympiques est bel et bien refermée. Les petites et moyennes entreprises en sont l'illustration. "Le dérapage des finances publiques semble désormais hors de contrôle", s'inquiète la Confédération des PME qui, dans un communiqué du 3 septembre, "tire le signal d'alarme". "Après l’Etat, les collectivités territoriales rentrent dans la danse des dépenses incontrôlées. Ainsi, sur un an, les dépenses de fonctionnement des collectivités ont progressé de 7%... au même rythme que l’augmentation des produits de la fiscalité directe locale", s'offusque la confédération, au lendemain de la divulgation de documents envoyés par Bercy au Parlement, pointant notamment "une augmentation extrêmement rapide des dépenses des collectivités" (voir notre article).
Pour la confédération, la situation tient en un chiffre : "Le déficit des comptes 2024, initialement prévu à hauteur de 5,1% du PIB, est annoncé à 5,7%." "Pour mémoire en 2020, au pire du Covid et à l’époque du "quoi qu’il en coûte", le déficit public était de 9%. Et ce, alors que l’argent public coulait à flot. Mais au moins on savait pourquoi", fustige la CPME.
"Les carnets de commandes se dégarnissent"
Elle insiste sur "la fragilité actuelle du tissu économique" qui se manifeste dans le nombre record de défaillances d'entreprises (voir notre article du 11 juillet), alors que les marges de plus en plus réduites des collectivités risquent de nuire à l'investissement. "L’inquiétude gagne du terrain dans les entreprises et les carnets de commandes se dégarnissent, incitant les entreprises à suspendre les investissements", poursuit-elle, ajoutant que ce ralentissement n'est pas sans conséquences sur les rentrées fiscales.
Dans une lettre ouverte adressée au futur Premier ministre publiée le 31 août dans Le Figaro, le patron de la CPME François Asselin, appelle à prendre "à bras le corps des questions cruciales pour le pays", notamment sur l’emploi des séniors ou la crise du logement. "Se contenter de rogner sur les aides à l’apprentissage, renoncer à baisser les impôts de production, augmenter une fois encore les prélèvements obligatoires ou le coût du travail, sous un prétexte ou un autre, serait un remède pire que le mal", estime-t-il.
Il demande de reprendre la loi de simplification, suspendue par la dissolution (voir notre article du 24 avril), loi qui, rappelle-t-il, prévoyait la mise en place d’un "test PME" consistant à faire évaluer par une commission ad hoc l'impact de toute nouvelle norme sur la vie des entreprises. Selon lui, les TPE/PME ont montré "leur formidable dynamisme" et "méritent qu'on les accompagne". "Elles sont la solution à bien des problèmes. Les décourager en leur ôtant toutes perspectives de développement serait suicidaire."
Réindustrialisation, un effort à ne pas relâcherIntervenant lors de la Rencontre des Entrepreneurs de France (l'université d'été du Medef), le 27 août, le président d'Intercommunalités de France, Sébastien Martin, a appelé l'exécutif à ne pas relâcher l'effort de réindustrialisation. "Création d’emplois, ouvertures d’usines, montée en compétences, formation des jeunes... C’est le bilan d’une politique de réindustrialisation encore naissante. Pour que les Français en bénéficient au quotidien, y croient et adhérent, la volonté nationale comme locale ne doit pas déjà faiblir", a-t-il déclaré. Au-delà des enjeux de foncier et de transition écologique, le président du Grand Chalon a placé la présence de formations et de diplômes du supérieur dans les territoires comme l'un des grands défis à relever. "Nous avons besoin d’un mouvement du monde de la formation et de l’enseignement supérieur vers le local. La carte des compétences doit répondre aux besoins des entreprises là où elles se trouvent pour qu’elles se développent", a-t-il souligné. |