Plateforme de services - Sitra, système d'information touristique collaboratif et mutualisé en Rhône-Alpes
En région Rhône-Alpes, pour recevoir toute l'information touristique, identifier les lieux de patrimoine, connaître les hauteurs de neige dans chaque station de sport d'hiver, repérer les hôtels et autres types d'hébergement ou les manifestations culturelles, il existe une base de données unique qui rassemble près de 100.000 informations recueillies par des milliers d'informateurs sur le terrain et que réutilisent en diffusion des centaines de sites internets locaux. Cette base originale, s'appelle Sitra. Elle a été créée en 2005 par l'association Rhône Alpes Tourisme, émanation du conseil régional et réunit aujourd'hui 350 membres contributeurs.
Alimenter 300 sites web et 20 applications mobiles
Le fonctionnement du système est assez simple à comprendre. Au départ plusieurs centaines d'offices de tourisme et de syndicats d'initiative produisent une information pour alimenter leur site internet et pour fabriquer des dépliants papier. Certains demandent même à d'autres acteurs touristiques présents sur leur territoire d'intervention, tels que les hôteliers, les restaurateurs et les associations, de participer à la collecte des informations en ligne. Ces contenus vont ensuite alimenter simultanément leur site et la base Sitra, qui reçoit ainsi des milliers d'informations et de mises à jour. En retour chaque producteur et un cercle élargi de diffuseurs qui inclut par exemple une partie de la presse quotidienne régionale, peut réutiliser la base en fonction de ses besoins : intégrer des flux d'information spécifiques, produire des guides et des catalogues papier, alimenter une application sur tablette numérique. Ce principe de mutualisation permet d'alimenter 300 sites web et également une vingtaine d'applications mobiles, puisque l'information est également géolocalisée.
Chacun doit trouver sa place et participer aux bénéfices
"Maintenir l'homogénéité de l'ensemble requiert certes un investissement, mais c'est relativement facile car les producteurs ont le souci de la qualité étant eux mêmes diffuseurs, et toute information à saisir se fait dans des grilles très structurées, seul moyen efficace pour réutiliser ensuite les contenus de manière sélective " explique Karine Faige, directrice du projet Sitra. Elle signale au passage l'existence de plus de 4.400 utilisateurs/producteurs référencés sur l'extranet de Sitra. "En réalité la préoccupation du moment est de garder la maîtrise de notre système d'information touristique. Il y a en effet une école en France qui prône aujourd'hui l'utilisation des ressources du Net, des réseaux sociaux et des nombreux outils en ligne et réseaux sociaux disponibles, comme Facebook, Google Map et Google Adresse, estimant que cela coûte moins cher". En effet le budget de Sitra s'élève à 520.000 euros dont celui des contributeurs qui participent à hauteur de 220.000 euros. "Mais cette approche est saine et stimulante", affirme Karine Faige, la base de données représente en effet un patrimoine informationnel unique et la concurrence a conduit le réseau à innover, renforcer la mutualisation et à renouveler progressivement ses outils. "Le système d'information touristique a un sens si nous continuons à l'enrichir, si chacun trouve sa place dans l'organisation et participe aux bénéfices" assure encore Karine Faige.
Du web sémantique aux applications sur smartphone
Depuis l'explosion du web les fonctions collaboratives ont été perfectionnées, le web sémantique s'est développé et Sitra a peu à peu généralisé l'usage des API (Interface de programmation) et des widgets (service permettant de créer un espace personnalisé sur une page d'accueil Web) pour permettre aux utilisateurs de se brancher directement sur les flux d'information souhaités. L'association a également fait réaliser dès 2009 une première application touristique sur smartphone. Avec le même souci de mutualisation, elle a demandé à l'éditeur d'industrialiser son produit de manière à permettre aux membres de la décliner sur leur territoire moyennant un investissement réduit (2.900 euros). Résultat, six départements et quelques territoires disposent désormais de leur propre application. D'autres partenariats ont été développés. Le réseau vient de récupérer une application donnant les hauteurs de neige dans les stations. Produite par la société norévgienne "Ski Neige", elle est accessible gratuitement en échange d'informations relatives aux hébergements, fournies par Sitra. Véolia Environnement partage également ses flux d'information sur les horaires de transports, en échange d'informations sur les spectacles produits dans certaines villes. L'écosystème qui se construit au fil du temps permet d'enrichir à coûts réduits le contenu, les applications et l'ensemble du service. "Sans base de données performante de tels échanges seraient impensables" souligne encore Karine Faige.
Le nouveau système va transformer les usages
Pour préparer le futur et faire face à la forte croissance des demandes d'adhésion, une nouvelle plateforme plus moderne et plus performante est en préparation. “Sans casser ce qui fonctionne bien aujourd'hui”, la nouvelle applications introduira des innovations stratégiques. Les vieux systèmes d'export de données qui cohabitaient encore avec les API seront abandonnés progressivement au profit d'une "ferme d'Api" c'est à dire d'une boite à outils permettant de construire à la volée des flux personnalisés de contenus disponibles à destination des membres du réseau et du public. Les familles pourront par exemple créer le flux de tous les sites de luges et de garderie d'enfants pour organiser au mieux un séjour à la neige avec leurs enfants. "je n'ai aucune idée du trafic que cela va générer mais nous avons la certitude que le nouveau système transformera profondément les usages. Nous espérons même associer les consommateurs, pour en faire des producteurs, des vérificateurs et des critiques. La qualité du service devrait en être considérablement renforcée" conclut-elle.