Service national universel : le président de la République devrait s'adresser à la jeunesse début 2019
La mise en œuvre du service national universel prendra du temps et nécessitera de la pédagogie vis-à-vis des jeunes et des parties prenantes, mais aussi une forte mobilisation de l'Etat et des collectivités territoriales. Dans son rapport issu de la consultation, le groupe de travail préconise une phase d'expérimentation de deux ans. Le chef de l'Etat devrait s'exprimer début janvier sur le sujet lors d'un discours à la jeunesse.
Suite aux précisions apportées l'été dernier sur le futur service national universel (voir nos articles du 27 juin 2018 et du 26 juillet 2018), le groupe de travail dirigé par le général Daniel Ménaouine a récemment rendu son rapport sur la consultation menée entre juillet et novembre auprès de jeunes et de parties prenantes. Selon l'entourage de Gabriel Attal, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale et de la jeunesse, le président de la République devrait s'exprimer début janvier 2019 sur le service national universel (SNU) à l'occasion d'un discours à la jeunesse.
L'année 2019 sera celle du début de l'expérimentation du dispositif ; quelque 1.000 jeunes - volontaires à ce stade - issus d'une quinzaine de départements devraient être concernés. En attendant, les différents ministères et leurs partenaires, dont les collectivités territoriales, devront s'atteler à la "construction opérationnelle" du SNU. Ils devront surtout continuer à convaincre les jeunes générations et les parties prenantes du bien-fondé du projet.
Nécessaire pédagogie
C'est en effet le principal résultat de la consultation (1) : l'adhésion au SNU ne va pas de soi. "Très peu informés sur le service national universel, souvent hostiles au premier abord à la mise en place d’un dispositif obligatoire, les jeunes, comme les acteurs du monde de la jeunesse, ont globalement affirmé que le service national universel était une opportunité pour la société, à partir du moment où ils en comprenaient le bien-fondé et les objectifs", peut-on lire dans le communiqué du 19 novembre. "Ces résultats sont positifs, mais nous n’emporterons une plus large adhésion qu’en faisant de la pédagogie et en répondant aux questions concrètes autour de sa mise œuvre", selon Gabriel Attal, nommé au gouvernement en particulier pour porter et promouvoir le SNU.
C'est donc surtout la dimension obligatoire du dispositif qui fait débat. Le secrétariat d'Etat en charge de la jeunesse met toutefois en avant le fait que 75% des 46.000 jeunes sondés lors de leur journée défense et citoyenneté "se sont montrés favorables aux objectifs du SNU et [que] seuls 25,3% déclarent qu’ils 'n’ont pas du tout envie de faire leur SNU' ; parce que cela leur est imposé, d’une part, et parce qu’ils ne savent pas comment ils vont pouvoir le concilier avec leurs activités, d’autre part".
Mobilisation des collectivités : des conditions à réunir
Quant aux collectivités locales, "elles ne sauraient épouser un projet défini de manière centralisée et qui leur serait imposée", rapporte le groupe de travail. "Elles sont en revanche prêtes à être les actrices, chacune à leur niveau et dans l'exercice de leurs compétences, d'une conduite territoriale du déploiement, qui leur laissera une large part dans la définition de ses modalités", peut-on lire dans le rapport. L'indispensable "mobilisation très ample" des collectivités au déploiement de la phase obligatoire du SNU nécessitera de la négociation - un "nouveau pacte" est évoqué - et des conditions de mise en œuvre, notamment financières, favorables.
Dans une conclusion mitigée, le groupe de travail pointe les "risques" que le projet encourt, du fait "des nombreux points de vigilance ou d'attention" confirmés à l'occasion de la consultation. Il préconise une phase exploratoire de deux ans "portant sur le contenu, les méthodes, faisant une place majeure aux acteurs, et d’abord aux jeunes, dans l’évaluation, la correction, la construction de voies alternatives, avant toute montée en puissance massive". Malgré cet appel à la prudence, le groupe de travail confirme la nécessité du SNU, qui "appelle de la part de l'Etat un investissement et une mobilisation d'ampleur". Il estime que "le retour que la République peut en attendre les justifie amplement".
(1) La consultation a notamment donné lieu à une quarantaine d'auditions, des contributions écrites d'instances telles que le Conseil d’orientation des politiques de jeunesse et le Haut conseil à la vie associative, cinq journées de "concertation territoriale" et quelque 76.000 réponses à une consultation numérique.