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Sécurité routière : un début d'année 2019 alarmant

Le nombre de morts sur les routes de France métropolitaine a connu une hausse de 17,1% en février, avec 253 personnes tuées, soit 37 de plus qu'en février 2018, a annoncé ce 28 mars la Sécurité routière. Après une augmentation de 3,9% déjà constatée en janvier, la Sécurité routière attribue ces mauvais chiffres à la "forte dégradation des radars fixes" et à un "relâchement des comportements".

Après une année 2018 qualifiée d'"historique" par la Sécurité routière, 2019 a débuté avec deux mois "dramatiques" de rebond de la mortalité routière. En janvier, 238 personnes sont décédées, contre 229 en janvier 2018 (+3,9%). En février, la hausse est encore plus impressionnante (+17,1%) avec 253 personnes tuées, soit 37 de plus que l'an dernier, selon les chiffres rendus publics par la Sécurité routière ce 28 mars. "La mortalité routière augmente particulièrement sur le réseau hors agglomération hors autoroutes", note-t-elle dans son communiqué qui souligne que "l'effet de la forte dégradation des radars fixes s'amplifie et se traduit par un relâchement des comportements sur l'ensemble des réseaux".
De nombreux indicateurs sont en hausse en février, notamment le nombre d'accidents corporels (4.091, +22,3%) et le nombre de personnes blessées (5.201, +21,5%). "La forte augmentation de la mortalité routière enregistrée le mois dernier concerne principalement les piétons, les cyclistes, les jeunes de 18-24 ans et les seniors de 65 ans et plus", souligne la Sécurité routière, qui s'inquiète particulièrement de voir "la mortalité des cyclistes la plus forte relevée pour un mois de février depuis dix ans, avec 18 décès estimés".

Regain de polémique sur les 80 km/h

Cette reprise de la mortalité routière va alimenter la vive polémique sur l'abaissement à 80 km/h de la vitesse maximale autorisée sur 400.000 kilomètres de routes secondaires, en vigueur depuis le 1er juillet 2018 mais dénoncée par des associations d'automobilistes et de motards, ainsi que certains élus et "gilets jaunes". Pour assouplir cette mesure controversée, le Sénat a voté ce 26 mars, contre l'avis du gouvernement, un amendement au projet de loi d'orientations des mobilités (LOM) permettant aux conseils départementaux (pour les départementales) et aux préfets (pour les nationales) de relever la vitesse maximale autorisée au-delà de 80 km/h sur certaines routes, après avis de la commission départementale de la sécurité routière (lire notre article).
Depuis le début du mouvement des gilets jaunes le 17 novembre, une grande partie du parc de radars a subi des dégradations et destructions de la part de personnes souhaitant dénoncer un "racket" de l'État. Début janvier, le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, avait fait état de "près de 60% des radars (...) neutralisés, attaqués, détruits". La Sécurité routière s'était de son côté alarmée d'une hausse de 268,3% des excès de vitesse en décembre, enregistrés par les capteurs des radars mais non verbalisables du fait des photos de mauvaise qualité. "Même s'il semble y avoir moins de dégradations, il y a un effet d'inertie des comportements qui malheureusement risque de durer", explique le délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe, qui se dit "extrêmement préoccupé". "Pour les réparations, on a multiplié les équipes par quatre et même s'ils sont parfois 'recouverts' rapidement, on recommence", assure-t-il. Le remplacement des radars détruits est, lui, "plus complexe et plus long".  "On parle de la facture pour les assureurs, mais la facture pour la collectivité est dramatique : c'est d'abord des morts et c'est aussi entre 500 et 600 millions d'euros - 40 millions de réparations des radars et environ 500 millions de non-recettes - qui ne vont pas financer les routes", ajoute le délégué.
D'après la Sécurité routière, les six premiers mois d'expérimentation du 80 km/h avaient permis de sauver 116 vies. Dénonçant "l'effet dévastateur du sabotage des radars", la présidente de la Ligue contre la violence routière, Chantal Perrichon, appelle à "restaurer le contrôle automatique des vitesses et au maintien du 80 km/h".
Les anti-80 km/h s'insurgent, eux, contre l'argument des dégradations. "C'est faux, les radars sont en pleine campagne de réactivation", affirme le délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes, Pierre Chasseray : "Aujourd'hui, on ne peut plus dire que l'effet 80 km/h marche." Cette hausse de la mortalité sur les routes "traduit l'échec total de la politique de sécurité routière", abonde le sénateur (Les Indépendants) de la Vienne Alain Fouché : "Il faut stopper cette mesure avec urgence, comme nous venons de le voter (...) au Sénat." S'il était confirmé, l'amendement voté par les sénateurs serait "un recul qui, pour des considérations politiciennes, affaiblirait la mesure au prix de la vie de 150 personnes par an", prévient la Ligue contre la violence routière. Sa présidente réclame la publication des chiffres de l'accidentalité et du nombre de radars détruits par département pour "mettre devant leur responsabilité" les élus locaux prêts à prendre des mesures qui ont "des conséquences sur la vie des gens".

 

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