Sécurité civile : une réunion à l’Élysée le 14 octobre

Alors que pompiers et départements alertent sur un modèle "au bord de la rupture", le président de la République recevra l’ensemble des acteurs de la sécurité civile à l’Elysée, le 14 octobre, a annoncé Gérald Darmanin, samedi 24 septembre, en clôture du 128e congrès des pompiers à Nancy. Le ministre de l’Intérieur a également proposé de créer un statut spécifique aux sapeurs-pompiers volontaires, calqué sur celui des élus locaux, afin de les libérer plus facilement de leurs contraintes professionnelles. Quant au rapport sur le financement des Sdis, il sera remis au Parlement le 1er novembre.

"On ne peut pas nous demander de mener la guerre du climat avec des avions du siècle dernier et des semelles de plomb financières !" Par ces quelques mots, le président de la Fédération nationale des pompiers de France (FNSPF) Grégory Allione, a résumé, samedi 24 septembre, l’impasse dans laquelle se trouvent les services départementaux d’incendie et de secours (Sdis), au lendemain d’un "été en enfer" au cours duquel 65.000 hectares sont partis en fumée, sans parler des orages et inondations. Avec 10.000 soldats du feu mobilisés chaque jour, "notre modèle de sécurité civile a été au bord de la rupture", a-t-il dit, en clôture du 128e congrès des pompiers qui se tenait à Nancy du 21 au 24 septembre. "La pression opérationnelle qui pèse sur les sapeurs-pompiers continue à s’accentuer, avec la conjonction de la crise des urgences hospitalières et des effets du dérèglement climatique", a insisté le président de la FNSPF qui rejoindra prochainement la direction de l’Ensosp (École nationale des officiers de sapeurs-pompiers), comme l’a annoncé Gérald Darmanin à cette occasion.

En réponse à ces vives inquiétudes, relayées également par le président des Départements de France, François Sauvadet, (voir notre article du 23 septembre 2022), le ministre de l’Intérieur a annoncé que le président de la République réunirait le 14 octobre l'ensemble des acteurs de la sécurité civile afin de réfléchir à un nouveau modèle de prévention de lutte contre les incendies. Emmanuel Macron avait évoqué cette réunion au cœur de l’été.

Un statut pour les volontaires

Se félicitant des récentes revalorisations des indemnités, dont les textes sont parus pendant le congrès (voir notre article du 22 septembre 2022), Gérald Darmanin a redit, deux jours après son intervention devant la commission des lois du Sénat, son intention de faire avancer la réflexion sur le statut des sapeurs-pompiers volontaires. Le ministre a pointé les réticences des employeurs à les libérer pour se rendre en intervention. Pour y remédier, le ministre a proposé de créer un statut spécifique à l’image de celui dont dispose les élus locaux. "Il faut qu'on encourage les entreprises à libérer les sapeurs-pompiers volontaires lorsqu'ils sont travailleurs chez elles. Il y a un statut pour les élus. Il faut qu'il y ait un statut pour les sapeurs-pompiers volontaires", a-t-il affirmé, indiquant qu'il ferait cette proposition au parlement à la suite des débats avec Emmanuel Macron. Le calendrier pourrait coïncider avec l’examen de la Lopmi (loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur) qui passera devant le Sénat à compter du 10 octobre. Texte dont le rapport annexé comporte un important volet dédié à la modernisation des moyens à disposition des pompiers et aux crises hybrides interministérielles.

Érosion du maillage territorial

Autre sujet très attendu, aussi bien par les départements que les Sdis : le financement. Prévu par la loi Matras du 25 novembre 2021, le rapport sur le financement des Sdis sera remis au Parlement le 1er novembre, a indiqué le ministre. Et il sera communiqué à l’ensemble des participants à la réunion du 14 octobre à l’Élysée, a-t-il dit, sans plus de précisions sur les pistes envisagées. Grégory Allione a avancé quelques idées. "Il serait cohérent d’augmenter la TSCA (taxe spéciale sur les conventions d’assurance, ndlr)", a-t-il dit, à l’unisson des départements et de la Conférence nationale des services d'incendie et de secours (CNSIS). "Il faut cesser de percevoir les Sdis comme une simple charge, sans prendre en compte la somme des valeurs sauvées par leurs interventions : vies humaines, habitations, entreprises, environnement", a-t-il argué. "Cela réduirait la charge pesant sur les collectivités publiques, tout renforçant nos actions de prévention." Le président a aussi demandé d’examiner "sans tabou", la question du déplafonnement des contributions du bloc communal et d’exclure les dépenses des Sdis du plafonnement des dépenses de fonctionnement des collectivités. De leur côté, les départements présenteront des solutions d'urgence lors de leur congrès, dans trois semaines.

Pour sa dernière intervention à la tête de la FNSPF, Grégory Allione a enfin alerté sur l’érosion du maillage territorial des 6.154 centres d’incendies et de secours. 261 centres ont fermé depuis 2017 et plus de 2.5009 en vingt ans, a-t-il dit. "Il est urgent de stopper cette hémorragie."