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Développement des territoires - Sdrif : vers la fin d'un feuilleton de cinq ans

Le Schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif) devrait être voté le 18 octobre par le conseil régional d'Ile-de-France, après cinq ans de péripéties...

Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, et Alain Amédro, vice-président en charge de l'aménagement du territoire, de la coopération interrégionale et des contrats ruraux, ont présenté le 15 octobre 2013 le Schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif). Le document, qui fait 700 pages, doit être adopté par l'assemblée générale du conseil régional d'Ile-de-France le 18 octobre. Il définit les grands projets pour la région d'ici 2030 et donne une vision de ce que sera la région d'ici vingt-cinq ans sur le plan des logements, des services, des déplacements, activités, loisirs, qualité de l'air, espaces naturels…
Ce projet devait être initialement adopté en 2008 mais il a finalement été repoussé pour intégrer le Grand Paris, avec le futur métro automatique en rocade, et les aménagements afférents, comme les nouvelles gares notamment. Voté en octobre 2012 par le conseil régional, il a fait l'objet d'une enquête publique au cours du printemps 2013 et a reçu un avis favorable, à l'unanimité, de la commission d'enquête publique. Il a également reçu un avis positif de la plupart des départements (à l'exception du Val d'Oise, des Yvelines et des Hauts-de-Seine), du Medef, des chambres consulaires et d'agriculture et du Conseil économique, social et environnemental de la région.
A la région, les groupes politiques ont déposé de nombreux amendements : 211 pour l'UMP, 45 pour le Front de Gauche, 20 pour Europe Ecologie-Les Verts et 3 pour l'UDI. L'UDI a même annoncé le dépôt d'une motion de rejet du Sdrif, considéré comme "mort-né" puisque n'intégrant pas le projet de loi, jugé "antidémocratique" de modernisation de l'action publique territoriale et affirmation des métropoles, qui comporte la création de la métropole du Grand Paris. Un projet de loi qui est encore en cours d'adoption.
"C'est un projet qui va profondément changer la vie des gens et c'est sans doute pour cela qu'il est critiqué", a pour sa part déclaré Jean-Paul Huchon lors de la présentation du Sdrif à la presse le 15 octobre. S'il est adopté le 18 octobre par la région, il sera ensuite transmis au gouvernement mi-novembre et le Conseil d'Etat devra ensuite se prononcer, d'ici fin 2013, voire début 2014, pour une entrée en vigueur du Sdrif courant 2014.

Le Sdrif va s'imposer aux documents d'urbanisme

Le texte deviendra opposable aux collectivités, particulièrement sur le volet de l'urbanisme. Il deviendra en effet la référence et s'imposera aux contrats de développement territorial (CDT), aux schémas de cohérence territoriale (Scot), et aux plans locaux d'urbanisme (PLU). Ces documents devront être juridiquement compatibles avec le Sdrif. Quelle que soit leur échelle (régionale, communale…), ils devront partager les mêmes objectifs et orientations. "Les Scot et les PLU ont trois ans pour être révisés par les élus locaux et devenir compatibles avec le Sdrif", indique le document de la région. Les CDT quant à eux sont en cours de signature, jusqu'à la fin de l'année 2014.
En matière de développement économique et de création d'emplois, le Sdrif fixe un objectif de 28.000 emplois par an d'ici 2030, avec 2,5% de croissance en moyenne. La réindustrialisation d'une partie de l'économie régionale, notamment en Plaine de France, en Seine Aval et Seine Amont, dans le sud de la Seine-et-Marne, est prévue pour booster le développement et l'emploi, tout comme le développement de nouvelles filières économiques (véhicules électriques, agro-matériaux), d'écopôles et la diffusion du très haut débit (5 millions de foyers desservis en 2030).
Les nouveaux aménagements, liés au Nouveau Grand Paris, doivent aussi permettre de contribuer au développement de la région. Au total, 77 nouvelles gares vont être créées, avec 240 kilomètres de ligne nouvelle de métro. Ces transports dans le Nouveau Grand Paris représentent 42 chantiers et 57.400 emplois créés en cinq ans, et entre 115.000 et 315.000 emplois à terme.

20% d'agriculture biologique d'ici 2020

L'autre volet du Sdrif concerne la transition écologique, censée améliorer la qualité de vie des Franciliens. La région mise dans ce domaine sur la reconquête des terres agricoles, avec plus de 400 hectares par an préservés par rapport au Sdrif de 1994 et 250.000 hectares de réservoirs de biodiversité préservés d'ici à 2030. Elle compte aussi créer près de 80 espaces verts d'intérêt régional, soit 2.300 hectares de parcs et jardins en plus. L'objectif est d'atteindre 10 m2 d'espace vert par habitant en zone centrale et 25 m2 en zone périurbaine. Au total, 89% d'espaces agricoles, boisés et naturels, doivent être maintenus dans l'espace rural à l'horizon 2030. En matière d'agriculture, la région souhaite pérenniser la production grâce à la préservation des espaces agricoles, la relocalisation de la production et le développement des circuits courts et l'accompagnement des exploitations. "L'objectif est d'atteindre 20% d'agriculture biologique d'ici 2020, indique le document de présentation de la région, le Sdrif entend favoriser la formation et l'installation de jeunes agriculteurs et de leurs salariés, les programmes agri-urbains et les pôles maraîchers biologiques, ainsi que des dispositifs d'intervention foncière."
Enfin, dernier volet du Sdrif : le logement. Le schéma fixe un objectif ambitieux de 70.000 logements par an, soit la construction de 1,5 million de logements d'ici 2030. Il s'agit du double du rythme de construction actuel. Le document fixe aussi un objectif de 30% de logements sociaux. La région compte garantir 1.300 hectares urbanisables par an, contre 1.750 dans le Sdrif de 1994.