Salon des maires – Ces collectivités qui veulent changer le monde par la beauté
La première édition de l'opération "La beauté sauvera le monde" a été lancée dans plus de trente collectivités. Elle vise à remplacer temporairement des publicités par des œuvres d'art dans les rues et sur des bâtiments publics.
"La beauté sauvera le monde." C'est sous ce slogan aussi audacieux qu'improbable qu'a été lancée, ce 19 novembre dans le cadre du Salon des maires, à l'initiative de Quentin Brière, maire de Saint-Dizier (Haute-Marne), et en partenariat avec Villes de France et la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, une opération visant à embellir l'espace public et à diffuser la culture au plus grand nombre.
Le concept de "La beauté sauvera le monde" est simple : exposer gratuitement et à la vue de tous des chefs-d'œuvre de grands artistes. Comment ? En remplaçant temporairement les publicités urbaines affichées sur des panneaux publicitaires, abribus, vitrines, transports en commun, frontons de bâtiments publics, grilles de jardins ou bâches de chantiers.
Saint-Dizier, la pionnière
Engagée à Saint-Dizier en 2021, après la période du Covid, avec l'"idée un peu folle mais un peu simple de détourner ce qui est moche, un panneau publicitaire qui est fait pour vendre, afin d'y exposer de la beauté", selon Quentin Brière, "La beauté sauvera le monde" touche depuis le 16 novembre, et jusqu'au 8 décembre, plus mille supports situés dans trente-deux collectivités de onze régions différentes. La plus petite commune, Neuvy-sur-Barangeon, compte à peine mille habitants et la plus grande, Aix-en-Provence, cent cinquante mille. Bourges, future capitale européenne de la Culture en 2028, n'a pas manqué l'occasion de placer l'art dans ses rues.
Pour rendre l'opération possible, la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, opérateur culturel national, a sélectionné une centaine d'œuvres des plus grands maîtres, présents dans les musées nationaux, et les a proposés aux communes engagées dans l'opération sous forme de clichés haute résolution. Pour cette première édition, le thème commun était "La lumière dans l'art", avec cette idée sous-jacente : remplir de luminosité la grisaille automnale.
Généralisation en 2025
De leur côté, les collectivités ont pu choisir leurs visuels, y compris en faisant contribuer les écoliers, les élus et, bien entendu, les citoyens dans une démarche de médiation culturelle. Elles ont par ailleurs bénéficié de coûts de droits d'auteurs réduits. Au-delà du faible coût, ce procédé a un autre avantage : il ne nécessite aucune modification réglementaire.
Devant le succès de cette première édition, ses promoteurs envisagent déjà une généralisation à toute la France dès 2025. Pour cela, ils vont se structurer en association. Appuyée par un réseau d'élus, celle-ci compte activer un certain nombre de leviers. D'abord, la mobilisation des acteurs culturels, avec le soutien du Grand Palais-Réunion des musées nationaux, devrait permettre d'étoffer l'offre et d'obtenir des tarifs encore plus avantageux. Ensuite, la mobilisation accrue des élus et des pouvoirs publics visera à intégrer le dispositif au sein des services publics (ambassades, hôpitaux, etc.) et à débloquer des subventions d'État. Enfin, la mobilisation d'entreprises privées et publiques optimisera les conditions d'affichage. D'autre part, pour les collectivités participantes, le kit de démarrage sera complété par un ensemble de mécanismes permettant une meilleure médiation culturelle des œuvres.