Congrès des maires - Rythmes scolaires : Vincent Peillon fait salle comble
L'organisateur du congrès des maires 2013 a dû modifier ses plans. La salle de 600 personnes prévue pour l'atelier sur les rythmes scolaires était trop petite et c'est à la tribune du grand auditorium que le ministre, sa ministre déléguée et les autres intervenants se sont installés, devant une assemblée de 4.000 personnes. "Cette salle, ce matin, c'est en même temps une grande émotion et une grande responsabilité", a confié Vincent Peillon.
Applaudissements !
Le ministre de l'Education nationale s'exprimait après avoir entendu les résultats de l'enquête de l'AMF qui révélait que 83% des communes étaient satisfaites de la mise en œuvre de la réforme contre seulement 17% qui ne l'étaient pas (voir notre article ci-contre du 20 novembre). L'enquête révélait aussi "une vraie mobilisation des maires pour l'élaboration des projets" sans en taire les difficultés. Après quatre témoignages de maires en tribune, illustrant parfaitement ce constat, Vincent Peillon était sur du velours : "votre présence si nombreuse est un très bon signe pour l'école", a-t-il remercié, "c'est l'engagement des élus de France dans cette cause des enfants qui a toujours su faire l'unité de la République". Il est même allé jusqu'à se dire conscient qu'il "demande un effort sans précédent aux collectivités locales". Les maires aiment que l'on chatouille leur fibre républicaine. Applaudissements !
Au fil des trois heures de témoignages, l'ambiance s'est peu à peu tendue. C'est peut-être avec l'intervention d'Annie Genevard, co-rapporteur de la commission éducation et culture de l’AMF, que les contestations se sont libérées.
Si bien qu'au moment de clôture, George Pau-Langevin, qui ne disait rien de plus audacieux que le ministre, a essuyé quelques "houhou". Quand Vincent Peillon a repris la main, les huées étaient couvertes par les applaudissements. Si bien que l'atelier s'est terminé sur un entre-deux sûrement assez représentatif de la position de l'ensemble des maires.
"Les maires sont légalistes, ils ne s'opposeront pas à la loi"
"Cette réforme a été menée en négligeant la concertation avec les maires alors qu'ils sont en première ligne", a été la phrase d'Annie Genevard la plus applaudie. Auparavant, la députée-maire UMP de Morteau (Doubs) avait calculé que sur un coût médian de 150 euros par élève et par an, il restera, après les aides du fonds d'amorçage de l'Etat et la contribution de la CAF, "en gros un tiers à la charge des communes". "Il faudra l'assumer dans un contexte de réduction des dotations de l'Etat" selon la formule du "plus de dépenses, moins de recettes".
"Les maires sont légalistes, ils ne s'opposeront pas à la loi. Mais dès lors qu'ils mettront en œuvre la réforme, il faut qu'ils soient écoutés et entendus", a-t-elle poursuivi, marquant au passage ses distances avec les maires membres du "Collectif contre la réforme des rythmes scolaires" (voir notre article ci-contre du 15 novembre). D'où son soutien à la proposition de loi de Xavier Bertrand visant à donner le libre choix au maire pour mettre en œuvre la réforme (voir notre article ci-contre du 31 octobre), en "acceptant le principe de l'adaptabilité". Justement, l'ancien ministre et maire de Saint-Quentin (Aisne) était dans la salle. "Il faut faire confiance au terrain, aux maires de France, et leur laisser le libre choix", a-t-il conseillé au ministre, sous les applaudissements.
"Vous aurez du temps. Il ne faut pas se braquer pour que tout soit parfait tout de suite", a déclaré Vincent Peillon en clôture. Il a également rappelé que "personne ne rend obligatoire l'organisation du temps d'activité périscolaire" et que "personne ne sera contraint". "C'est la liberté des communes d'organiser ce temps après la classe", a-t-il encore dit. Avant de conclure : "il reste beaucoup de travail à faire ensemble".
Assouplissements
"Nous avons besoin d'ajuster", avait-il lui-même reconnu, sans que cela puisse remettre en cause la réforme de son point de vue. Les "assouplissements" pour la maternelle et les taux d'encadrement avaient déjà été annoncés. La seule annonce ministérielle n'est en rien un signe de recul. Il s'agit de la mise à disposition de 300 personnels de l'Education nationale - des conseillers pédagogiques notamment - pour accompagner les inspecteurs et les élus dans la mise en place de la réforme, notamment dans les territoires ruraux. Pas de quoi soulever l'enthousiasme ; les maires ayant indéniablement préféré entendre des promesses sur la pérennité des aides de l'Etat.
Une autre préoccupation apparaissait en filigrane, à laquelle Vincent Peillon n'a été d'aucun secours. Elle a été exprimée par un maire breton, Gilles-Marie Pelletan, maire de Grand-Champ et président de la communauté de communes de Loc'h. "Les enseignants préfèrent le samedi matin pour l'intérêt de l'enfant ; les parents préfèrent le mercredi pour leur confort. Le bon sens est de tenir compte de l'intérêt de l'enfant ou de celui des parents pour se faire réélire ?" Et c'est avec cette question que les maires sont repartis dans leur circonscription, ce jeudi 21 novembre, affronter leurs électeurs.