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Education - Rythmes scolaires : "Que va-t-on demander de plus aux collectivités", s'inquiète l'Andev

Les grandes lignes du rapport que le comité de pilotage sur les rythmes scolaires devrait remettre au ministre de l'Education nationale le 4 juillet, sont connues : au moins neuf demi-journées de classe par semaine (dix par dérogation) donc fin de la semaine de quatre jours à l'école primaire ; horaire quotidien d'enseignement plafonné à l'école et au collège à cinq heures (en primaire, 6e et 5e) ; allongement de l'année scolaire de deux semaines (passant de 36 à 38 semaines) et par conséquent, réduction des vacances d'été de ces deux semaines.
Interrogée par Localtis, Anne-Sophie Benoit, présidente de l'Association nationale des directeurs de l'éducation des villes de France (Andev), se dit "très dubitative", quant aux décisions que prendra le ministre de l'Education, Luc Chatel.

Localtis : Quelles seraient les conséquences de ces changements annoncés pour les collectivités territoriales ?

Anne-Sophie Benoit : Nous l'avons déjà indiqué lors de notre séminaire à Reims les 12 et 13 mai derniers, elles seront très concrètes. Il y a d'abord un risque de saturation des équipements en particulier sportifs et culturels qui vont être utilisés par les écoles, collèges et lycées. L'utilisation de ces locaux qui sont à la charge des collectivités, devra donc être reconsidérée. Respecter les rythmes chronobiologiques de l'enfant amènera une croissance de la demande aux mêmes moments de la journée et de la semaine. Pour que les contraintes soient moins lourdes, il faudra réfléchir à un nouvel équilibre des temps. Les deux heures d'accompagnement éducatif nous inquiètent aussi.
Au niveau de l'organisation des services eux-mêmes, il faudra envisager une nouvelle répartition des temps de travail, des Atsem par exemple et ceci après deux ans de fonctionnement avec une répartition qui répondant à la suppression du samedi matin. Les collectivités vont devoir être pilotes de tous ces changements. Il s'agit d'un véritable bouleversement des territoires. Or les maires ne sont peut-être pas tous prêts et aujourd'hui nous percevons un certain mouvement de mécontentement chez les élus. Que va-t-on demander de plus aux collectivités ?

Quels sont les points auxquels l'Andev tient particulièrement ?

Nous avons apportés des solutions, et nous espérons que la position de l'Andev sera confortée. Nous estimons nécessaire la mise en place d'un cadre national mais chaque territoire a ses propres spécificités et il faut absolument que ce cadre défini facilite la mise en œuvre de démarches territoriales. Nous tenons à ce que soit reconnue la légitimité des communes à instaurer de véritables politiques éducatives et que celles-ci soient concertées avec les différents acteurs éducatifs. Nous pensons notamment aux parents, premiers éducateurs de l'enfant : il faut faire un travail de concertation avec eux, un travail d'explication de texte. Nous avons constaté une prise de conscience de leur part sur ce sujet. Beaucoup reconnaissent que les rythmes scolaires actuels ne favorisent pas la réussite éducative et qu'ils pénalisent surtout les élèves les plus défavorisés. Pour les parents comme pour les collectivités, les mesures ne doivent pas à nouveau être prises dans la précipitation [comme en 2008 avec la suppression des cours le samedi matin, ndlr], l'idéal serait qu'elles soient mises en œuvre à la rentrée 2012. Quoi qu'il en soit, comme nous l'avons exprimé en mai, l'aménagement des rythmes scolaires sera révélateur du partage des rôles et des responsabilités éducatives entre les partenaires institutionnels et la famille et de la reconnaissance des politiques éducatives territoriales. Pour l'Andev, seul un espace local éducatif partenarial est porteur d'avenir et d'intégration sociale. Une fois encore, nous sommes dubitatifs et nous craignons que les mesures retenues par le ministre soient mises en œuvre de façon partielle et non globale comme nous le demandons.