Refondation de l'école - Rythmes scolaires : l'enseignement catholique est favorable à la réforme, mais laisse les établissements libres de leur décision
L'enseignement catholique ignore combien de ses établissements ont décidé de modifier leurs rythmes dès cette année. Mais ce qui est sûr, c'est que la réforme des rythmes scolaires "va dans le bon sens d'un point de vue éducatif". C'est en tous les cas ce qu'a déclaré Eric de Labarre, le secrétaire général de l'enseignement catholique, en présentant à la presse, le 9 avril, une "recommandation" à destination des établissements.
Cette réforme est pour lui l'occasion de revenir sur un principe qu'il a déjà défendu dans le passé : "le bon niveau pour la décentralisation, c'est l'établissement". C'est donc à l'établissement de décider - puisque le décret sur les rythmes scolaires ne s'impose pas à l'enseignement privé - si et quand il met en œuvre la réforme. Eric de Labarre se souvient lui-même d'avoir tenté d'inciter, en 2008, les établissements catholiques à ne pas passer à la semaine de 4 jours, en vain le plus souvent.
Tout dépendra des relations entre l'établissement et la collectivité
Parmi les problèmes que la réforme pose, celui du financement des activités périscolaires est évoqué dans cette recommandation. "Le principe d'égalité de tous les élèves (...) requiert que les communes financent, à parité, les activités mises en œuvre par les écoles privées associées à l'Etat par contrat dans des conditions analogues à celles mises en œuvre pour les élèves des écoles publiques", est-il rappelé dans le document. Vincent Peillon "a déjà indiqué que les écoles privées qui s'engagent dans la réforme des rythmes scolaires dès 2013, bénéficient pour un an du fonds d'amorçage de la réforme", affirme également le secrétariat général, au risque du raccourci (ce sont les communes, et non les établissements, qui seront bénéficiaires du fonds).
Pour la suite, il ajoute que l'article 7 de la loi de 1959 ["Les collectivités locales peuvent faire bénéficier des mesures à caractère social tout enfant sans considération de l'établissement qu'il fréquente", ndlr] autorise les collectivités à financer des "dépenses facultatives", mais ne le leur impose pas. Tout dépendra donc de la nature des relations nouées localement entre l'établissement et la collectivité. Celle-ci peut organiser des activités, et les mettre à disposition des élèves de l'enseignement privé, ou peut mettre à disposition, directement, des financements. Par ailleurs, une participation des familles n'est pas exclue, mais devra être "la plus réduite possible".
Révolution culturelle
Le directeur diocésain de la Mayenne, où 31% des établissements catholiques ont décidé de mettre en œuvre la réforme dès cette année, évoque la difficulté que rencontrent les petits établissements qui vont devoir augmenter leur masse salariale sans avoir de garanties sur l'avenir des financements. Et il insiste sur la révolution culturelle que représente cette réforme, le pilotage se faisant désormais "par l'expérimentation". S'il souligne les difficultés et les incertitudes, il se déclare surtout convaincu de "l'utilité de cette réforme".
Le dossier qui accompagne la recommandation donne d'ailleurs l'exemple de plusieurs établissements qui avaient anticipé la réforme, et qui détaillent leur organisation. Leurs représentants expriment tous les bénéfices qu'ils y ont trouvés, mais aussi leurs réticences a priori, qu'il a fallu vaincre, et les questions qui se posent encore. Pour convaincre, le document détaille tous les aspects d'une réforme qui est "une occasion de créativité" pour les établissements.