Révision de la directive sur les EnR : menace sur l’hydrogène bas-carbone nucléaire
Il y a de l’eau dans le gaz entre les États membres de l'Union européenne sur la révision de la directive sur les énergies renouvelables (dite RED III), l’un des textes du paquet Fit for 55 (voir notre article du 15 juillet 2021). En cause, la prise ou non prise en compte de l’hydrogène bas-carbone produit grâce à de l’électricité d’origine nucléaire dans les objectifs d’énergies renouvelables (EnR). "Les discussions ne prennent pas une tournure satisfaisante", confesse la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, après que la réunion du Coreper tenue ce 1er février s’est soldée par un échec. "Interdire le nucléaire serait une position climaticide", alerte la ministre, qui met en avant le fait que le nucléaire fournit "une énergie stable, peu émettrice et permet de gérer l’intermittence des EnR". Agnès Pannier-Runacher reproche à ses opposants de "confondre le moyen – les énergies renouvelables – et la fin, qui est la décarbonation de notre continent". Elle affirme compter sur le soutien de l’Espagne et de l’Allemagne, avec lesquelles la France vient de nouer des accords. Avec la première, le traité de Barcelone du 19 janvier dernier (voir notre article du 20 janvier). Avec la seconde, elle en a même conclu deux : le premier le 25 novembre dernier entre Élisabeth Borne et Olaf Scholtz ; le second ce 22 janvier entre Emmanuel Macron et le chancelier allemand, qui octroie d’ailleurs une large place à l’hydrogène, et indique clairement que les deux États veilleront "à ce que l’hydrogène renouvelable et bas-carbone puisse être pris en compte dans les objectifs de décarbonation fixés sur le plan européen" (voir notre article du 24 janvier). "Ce ne serait pas compréhensible s’ils ne tenaient pas leurs engagements", indique la ministre. Ce qui ne semble pas acquis, loin s’en faut. Pour preuve, la France fait partie "d’une minorité de blocage potentielle" de neuf États membres (Roumanie, Bulgarie, Pologne, Slovénie, Croatie, Slovaquie, Hongrie et République tchèque), qui a adressé une lettre ce 1er février demandant à ce que soit intégré l’hydrogène bas-carbone "aussi rapidement que possible" dans les textes européens (directive RED III et "paquet gaz"). Dans l’entourage de la ministre, on l’affirme clairement : "La France n’a pas à rougir de son mix énergétique, l’un des plus décarbonés d’Europe. Elle n’a pas à être sanctionnée".