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Education - Réussite scolaire : les hommes décrochent, les femmes s'accrochent

Une étude montre que certains Etats membres de l'Union européenne ont réalisé leurs objectifs nationaux en termes de lutte contre le décrochage scolaire et de progression du nombre de leurs diplômés. Mais la parité n'est pas de mise sur les deux tableaux. Les filles quittent moins l'école prématurément et elles sont davantage diplômées de l'Enseignement supérieur.

Une étude publiée par Eurostat montre ces deux dernières années une amélioration au sein de l'Union européenne quant aux taux de décrochage scolaire et de diplômés de l'Enseignement supérieur, conformément aux objectifs de la stratégie 2020 pour l'éducation. Des progrès en demi-teinte eu égard aux disparités qui persistent à la fois entre Etats membres et entre hommes et femmes.
Sur les 27 Etats membres de l'UE, 11 ont réussi à garder leur taux de décrochage scolaire* inférieur à 10% (objectif 2020), et sur ceux qui avaient un taux supérieur à 10%, seule l'Irlande a réussi à le ramener sous ce seuil (10,8% en 2011 à 9,7% en 2012). Sur les 15 pays dont le taux en 2011 était supérieur à 10%, 12 ont réussi à le faire baisser en 2012 mais sans passer sous le seuil "objectif 2020". Avec, certes, de grandes disparités.
L'Espagne, Malte et le Portugal demeurent les trois pays d'Europe où les taux de décrochage scolaire sont les plus importants avec respectivement 24,9%, 22,6% et 20,8%, même si leurs baisses sont les plus significatives (-1,6 points par rapport à 2011, -1 point et -2,4 points). Avec un taux de 11,6% en 2012 (-0,4 point par rapport à 2011), la France se situe devant la Grèce et Chypre (11,4%), la Hongrie (11,5%), l'Allemagne, l'Estonie et Latvia (10,5%), mais derrière le Royaume-Uni (13,5%), l'Italie (17,6%), la Roumanie (17,4%), la Bulgarie (12,5%) et la Belgique (12%). Seul le Luxembourg a connu une hausse du taux de décrochage significative en 2012 par rapport à 2011 (+1,9%) mais le petit pays reste un des mieux classés avec "seulement" 8,1% de décrocheurs scolaires.
Ce que l'étude confirme quant au profil de ces décrocheurs - l'information n'est en effet pas nouvelle - est que les garçons sont davantage enclins à quitter l'école prématurément. Sur les 27 Etats membres, Eurostat dénombre une moyenne de 76 filles décrocheuses pour 100 garçons, soit un taux de décrochage inférieur de 24% à celui des garçons. Le pays où l'état de fait est le plus flagrant est Chypre où moins de la moitié des décrocheurs sont des filles (42 filles pour 100 garçons). La France se situe légèrement en dessous de la moyenne européenne avec 73 filles pour 100 garçons tout comme l'Irlande. Dans cette fourchette, on retrouve l'Italie, l'Espagne, les Pays-Bas et la Suède. L'écart se creuse avec d'autres pays comme la République tchèque (80 filles pour 100 garçons), la Finlande (83 filles), le Royaume-Uni (85 filles), la Hongrie et l'Allemagne (88). La tendance s'inverse pour un seul des Etats membres: la Bulgarie avec 107 filles pour 100 garçons.

Les femmes plus diplômées que les hommes

Si en matière de décrochage scolaire, les Etats membres se rapprochent doucement d'un des objectifs de la stratégie 2020, en termes de diplômés de l'enseignements supérieur, le seuil des 40% souhaité par la stratégie est dépassé dans 12 pays, et 3 autres obtiennent 39,1% (Pologne, Slovénie, Estonie). L'Irlande s'illustre également dans ce classement en atteignant 51,1% de diplômés de l'enseignement supérieur parmi les 30-34 ans (+1,4% par rapport à 2011), suivi de Chypre (49,9%), du Luxembourg (49,6%), de la Lituanie (49,6%), de la Suède (47,9%), du Royaume-Uni (47,1%), de la Finlande (45,8%), de la Belgique ( 43,9%), de la France (43,6%), du Danemark (43%), des Pays-Bas (42,3%) et de l'Espagne (40,1%). L'Italie avec 21,7% de diplômés de l'enseignement supérieur se classe dernier des 27, derrière Malte (22,4%), le Portugal (27,2%), la République tchèque (25,6%), la Roumanie (21, 8%), la Slovaquie (23,7%). Il est à noter que la Roumanie et l'Italie ont vu leur taux respectif progresser par rapport à 2011 (+1,4%) contrairement à d'autres (Bulgarie, Espagne, Finlande et Estonie). Sur l'ensemble des Etats membre, la plus belle progression provient de Chypre avec +3,7% de diplômés en 2012 par rapport à 2011.
Certains pays ont vu en 2012 leur taux de diplômés augmenter en même temps que leur taux de décrochage scolaire : le Luxembourg, la République tchèque, la Suède...
Les femmes sont les grandes gagnantes de ce classement. L'Union européenne compte en moyenne 127 femmes, parmi les 30-34 ans titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur, pour 100 hommes diplômés. Le fossé est considérable en Lettonie et en Estonie. Les deux pays se partagent le haut du palmarès avec respectivement 185 et 179 femmes diplômées pour 100 hommes, quand la France en compte 126, le Portugal et la Grèce 124, Chypre 127, l'Espagne 129. L'Italie est le seul pays méditerranéen où le fossé se creuse entre femmes et hommes diplômés avec 153 filles pour 100 garçons. De son côté l'Allemagne est quasi à parité avec 106 femmes pour 100 hommes et le Luxembourg fait figure d'exception avec davantage d'hommes diplômés que de femmes (97 femmes pour 100 hommes).

Des objectifs nationaux différents selon les pays

Une étude qui se regarde au cas par cas pour apprécier dans le temps les efforts des uns et des autres et évaluer les résultats. Car chaque pays ne part pas du même potentiel de départ et s'est donc vu, par la Communauté européenne, imposer un objectif 2020 (national target) à la fois pour le taux de diplômés et pour le taux de décrocheurs scolaires. Si la stratégie consiste pour l'UE à un objectif de -10% pour le décrochage scolaire, cela reste une moyenne européenne. Pour Malte il est de 29% quand il est de 5,5% pour la République tchèque... Idem pour les 40% d'objectif de diplômés dans dans l'UE à horizon 2020. Si le taux est de 40% souhaité, il est de 47% pour la Belgique quand il est de 26,7% pour la Roumanie. 
"J'encourage tous les Etats membres à poursuivre leurs efforts pour que nous puissions atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés pour 2020", a déclaré la Commissaire européenne chargée de l'éducation, de la culture, du multilinguiste et de la jeunesse, Androulla Vassiliou. 

Sandrine Toussaint

* Part de la population des 18-24 ans n'ayant pas dépassé le premier cycle d'enseignement supérieur et ne poursuivant ni formation, ni études.