"RER métropolitains" : on en sait davantage sur le calendrier, pas sur le financement

À l’occasion d’un colloque organisé ce 13 mars par le Groupement des autorités responsables de transport (Gart) sur les services express régionaux métropolitains (Serm), le ministre chargé des transports, Patrice Vergriete, a précisé, un peu, le calendrier de la labellisation de ces futurs "RER métropolitains". Il est en revanche resté peu disert sur leur financement, lequel devra selon lui être évoqué dans un débat plus large sur le modèle économique des mobilités en France.

Grâce au Gart, on en sait – un peu — plus sur le déploiement de la labellisation des services express régionaux métropolitains (Serm – voir notre article du 12 janvier), auxquels l’association a consacré ce 13 mars un colloque à Bordeaux (sur lequel nous reviendrons dans une prochaine édition). Une région dans laquelle "cela fait plus de dix ans que l’on travaille à un RER métropolitain", a tenu à rappeler le président de cette dernière, Alain Rousset, dénonçant au passage "un gouvernement qui veut s’approprier cette innovation territoriale".

De premiers noms d’ici juin, de premiers arrêtés d’ici décembre

Fortement attendu sur le sujet, le ministre délégué chargé des transports, Patrice Vergriete, a en effet indiqué qu’une réunion avec l’ensemble des représentants des métropoles et des autorités organisatrices de la mobilité concernées serait organisée "mi-avril, pour évoquer le calendrier". Ce dernier devrait s’articuler en deux temps, précise-t-il : l’identification, d’ici la fin du premier semestre, des projets qui devraient recevoir l’onction gouvernementale d’abord ; "un travail plus fin pour les arrêtés définitifs" ensuite, les premiers devant être publiés d’ici la fin de l’année. 

Par ailleurs interrogé sur les craintes d’une procédure de labellisation trop complexe — "On demande de l’accompagnement, pas des carcans", alerte Gérard Chausset, président de la commission Transports de Bordeaux Métropole et vice-président délégué Serm du Gart —, le ministre assure que "le but n’est pas de rajouter de la bureaucratie pour faire semblant de mettre de l’argent là où on n’en met pas". Non sans faire valoir par ailleurs qu’il a été "l’un des premiers à taper sur la bureaucratie nationale".

Copieux menu pour la conférence des financeurs

De l’argent, il en a été évidemment été question. Le ministre a rappelé qu’en parallèle de ce travail sur la labellisation devait être traitée la question du financement, sur lequel il s’est néanmoins montré peu disert. Pour l’essentiel, il s’est borné à indiquer que la future conférence nationale de financement des Serm — laquelle doit se réunir aux termes de la loi au plus tard le 30 juin prochain — ne pourra faire l’économie de la question plus large "du modèle économique des mobilités en France", en soulignant la nécessité de "ne pas oublier le citoyen dans ce débat. Il faut l’interroger sur l’argent qu’on doit mettre dans les mobilités. Qui doit payer, et combien ?" a-t-il lancé. 

S’il assure que "l’État sera au rendez-vous", il préconise dans le même temps "d’arrêter de penser que quand l’État n’est pas là, rien ne fonctionne". Et de déclarer ainsi qu’"on peut imaginer l’esprit du Serm sans l’État", une version off pouvant côtoyer une "version officielle, in" (entendre, labellisée).  Il met en outre en exergue le fait qu’"il y a des contraintes, on ne va pas se le cacher. La conjoncture économique est difficile". Ce que Renaud Lagrave, vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine et président de Nouvelle-Aquitaine Mobilités, décrypte ainsi : "J’ai compris qu’il n’y aura pas le milliard. En gros, on va devoir financer cela avec de l’endettement" (l’élu évoquant l’annonce initiale du président de la République prévoyant 10 milliards d’euros pour 13 projets – voir notre article du 26 septembre 2023). Et de prévenir à son tour ses collègues : "Il faut que chaque territoire qui va demander la labellisation sache ce que ça coûte (de déployer un Serm) et que les collectivités commencent à s’entendre entre elles". Pour Jean-Pierre Serrus, vice-président de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et vice-président délégué Serm du Gart — qui s’est employé comme ses collègues de Bordeaux ou de Strasbourg à démontrer que sa région faisait déjà du Serm avant les Serm, comme M. Jourdain faisait de la prose —, de toute façon, "on ne peut pas attendre de savoir si on aura une bonne nouvelle ou pas, il faut avancer". Président du Gart, Louis Nègre se fait lui plus optimiste, ou plus sûrement narquois : "Nous devons être confiant dans la parole de l’État, d’autant que c’est un projet du président de la République", souligne-t-il. La confiance n’excluant paraît-il pas le contrôle, l’élu a toutefois d’ores et déjà invité les participants à "se retrouver dans un an, pour faire le point de ce qui aura été mis sur la table". Et par qui.

 

Vers la réouverture d’une période de prise de compétence mobilités par les intercommunalités ?

La conférence nationale de financement des Serm devra également traiter de quelques "questions annexes", a prévenu le ministre délégué aux Transports. Et d’en citer deux, et non des moindres : celle relative à l’octroi d’une part du versement mobilités aux régions et celle ayant trait à la possible réouverture d’une période de prise de la compétence mobilités par les intercommunalités, réclamée par Intercommunalités de France (voir notre article du 13 octobre 2023). Une dernière annonce vécue comme une "douche froide" par Renaud Lagrave, vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine et président de Nouvelle-Aquitaine Mobilités : "On va refaire le match ? Ça me parait lunaire !", a-t-il fustigé.

 

 

 

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