Report des élections de mars : Jean-Louis Debré chargé d'une mission compliquée
Jean Castex a confié à Jean-Louis Debré la mission de réfléchir à un éventuel report des élections régionales et départementales prévues en mars 2021. De nombreuses voix plaident pour un report. Mais pas toutes.
Jean Castex a confié mercredi 21 octobre à Jean-Louis Debré, ancien président du Conseil constitutionnel, la mission de réfléchir à un éventuel report, pour cause de crise sanitaire, des élections régionales et départementales prévues en mars 2021. Jean-Louis Debré se voit confié le soin de "conduire une analyse juridique et pratique de la situation et de faire des propositions après avoir consulté largement l'ensemble des parties prenantes", a indiqué le Premier ministre après avoir reçu les présidents des assemblées parlementaires, présidents des groupes parlementaires et chefs des principaux partis politiques. "Des responsables politiques ont exprimé leur crainte que le risque sanitaire ne rende impossible la tenue d'une campagne électorale dans des conditions apaisées. Le gouvernement a déjà annoncé qu'un processus serait mis en place pour évaluer la nécessité d'un report des scrutins", a ajouté Jean Castex. La décision finale doit être prise avant le début de la campagne officielle, soit "à la fin de l'année, début d'année 2021", avait précisé la semaine dernière le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal
L'actuel président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand (LREM), a dit mercredi "souhaiter" un report des élections régionales. "Une élection ce n'est pas que le jour du scrutin : c'est une campagne électorale, du porte à porte, des réunions publiques, des débats", a-t-il fait valoir. "Soit il y a des risques sanitaires et là c'est un cadre qui pourrait justifier un report. Mais, si on peut utiliser librement les moyens de transport, aller travailler, faire ses courses, la démocratie doit être respectée également", a pour sa part déclaré le président des Républicains, Christian Jacob, à la sortie de la réunion de Matignon. Pour sa part, le numéro deux de LFI, Adrien Quatennens, a souhaité avant tout "ne pas revivre le fiasco des élections municipales" : "Soit il y a la possibilité d'une campagne puisque dans une campagne il faut de la controverse, soit il n'y a pas de campagne possible et il ne faut pas tenir l'élection". François Bayrou, président du MoDem, allié de la majorité présidentielle, a lui aussi plaidé jeudi pour un report : "Je ne vois pas, dans les circonstances actuelles d'aggravation de l'épidémie, qu'on aille faire une campagne et voter, d'autant que le terme du mandat des conseillers généraux, c'est décembre 2021", a-t-il relevé. "On avait dit on va raccourcir leurs mandats de neuf mois, mais en réalité on n'a pas besoin de ça, s'il n'y a aucun obstacle légal à ce qu'on prenne un principe de précaution."
Du côté des principaux intéressés toutefois, le son de cloche est différent. Lundi, lors du congrès des régions, Renaud Muselier, le président de Régions de France, s'était dit opposé à un report des élections. "C'est au gouvernement de prendre ses responsabilités, il n'y a pas de demande forte et massive au sein de l'Assemblée des départements de France", a quant à lui déclaré mercredi Dominique Bussereau, sachant que sept présidents de départements, majoritairement du Grand Est, ont publié à la mi-octobre une tribune en faveur d'un report. Le président de l'ADF souhaite en tout cas que l'on évite le scénario des municipales, à savoir la tenue d'un premier tour… et un report de plusieurs mois du deuxième tour. Il attire en outre l'attention sur deux points. D'une part, la période préélectorale a débuté depuis le 1er septembre, notamment concernant les comptes de campagne. D'autre part, un certain nombre de départements, dont le sien, ont fait le choix de programmer le vote de leur budget 2021 après le mois de mars afin de laisser les nouvelles assemblées départementales décider des orientations budgétaires.