REP textiles : le ministère de la Transition écologique tisse la nouvelle feuille de route
Présentée ce 24 novembre, la feuille de route de la filière de responsabilité élargie du producteur (REP) des textiles, pour les six prochaines années, sera dotée d’un milliard d’euros fléchés vers cinq chantiers pour un meilleur recyclage des vêtements.
La publication du cahier des charges fixant la nouvelle feuille de route de la filière de responsabilité élargie du producteur (REP) des textiles d’habillement, du linge de maison et des chaussures (TLC) pour les six prochaines années (2023-2028) est intervenue ce 25 novembre. Au terme de la consultation du public et des parties prenantes, qui s’est déroulée tout au long du mois d’octobre (voir notre article du 29 septembre 2022), pour engager la filière dans le virage de l'économie circulaire et décarbonée, la secrétaire d’État chargée de l’écologie, Bérangère Couillard, et le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, en ont dévoilé les grandes lignes dans une tribune publiée par Ouest France, ce 24 novembre, suivie d'un point presse avec l'entourage du ministère. L’enjeu est de donner, sous l'impulsion de la loi Agec, un nouvel élan à cette filière, qui remonte à 2009, mais dont les performances "plafonnent", en particulier pour la collecte des textiles usagés qui atteint péniblement 35% du gisement, soit au mieux 230.000 tonnes par an.
D’autant que l’évolution des pratiques des consommateurs, piégés par le modèle de "fast-fashion" de cette industrie polluante, ne va pas nécessairement dans le bon sens. En moyenne, un Français achète 60% de vêtements en plus qu’il y a 15 ans et les conserve moitié moins de temps, selon l’Ademe. Seulement un vêtement sur dix est réutilisé, la très grande majorité finissant le plus souvent en décharge en France ou à l’étranger. Le contexte est toutefois opportun, les consommateurs étant de plus en plus soucieux de l’impact environnemental des produits. Avec cette nouvelle trajectoire, il s’agit donc de leur donner plus de poids en leur permettant de mieux orienter leurs achats vers des vêtements plus durables et mieux recyclés. Pour les y aider, un éco-score textile devrait en outre voir le jour d’ici 2023.
Un milliard d’euros sur la période 2023-2028
Le ministère prévoit un plan d’action d’un milliard d’euros sur six ans (contre 150 millions auparavant), financé sur le principe du "pollueur-payeur", autour de cinq chantiers, parmi lesquels une prime à la durabilité. Concrètement, les fabricants de produits vertueux paieront une écocontribution plus faible à "Refashion", l’éco-organisme de la filière textile, selon un système de bonus financiers mis en place à partir de 2023. Plusieurs familles de critères seront utilisés tels que la durabilité (deux pages d’annexes y sont consacrées), l’incorporation de matières recyclées ou encore la certification par des labels environnementaux identifiés par l’Ademe. Une enveloppe de 150 millions d’euros sera par ailleurs allouée à un nouveau fonds pour réduire les coûts de la réparation des vêtements et des chaussures.
Donner une seconde vie aux vêtements, c’est aussi l’objet du fonds de réemploi pour financer la remise en état des textiles usagés, qui disposera quant à lui progressivement de 100 millions d’euros sur la période d’agrément, sous la forme de subventions et d’appels à projets, pour soutenir l’investissement dans la création de nouvelles structures pour le réemploi. Le(s) éco-organisme(s) - il y en a un seul pour l'instant - auront par ailleurs la charge de soutenir le déploiement d’une filière industrielle de recyclage des textiles, au regard de l’objectif de recyclage de 80% des textiles usagés collectés du nouveau cahier des charges, qui contient également un objectif spécifique pour les textiles en plastique.
Collecter davantage et plus près
La consultation des différents acteurs (entreprises, ONG, collectivités locales, associations de consommateurs et les acteurs du recyclage) a permis d’enrichir la feuille de route tout en conservant "une trajectoire soutenable et réaliste", autrement dit, de vérifier son caractère opérationnel, précise-t-on au ministère. Pour la collecte des textiles usagés, la montée en puissance des objectifs a été "adaptée" et "mieux lissée dans le temps", souligne-t-il. La performance devrait plus que doubler d'ici six ans pour parvenir à 700.000 tonnes/an à collecter avec des paliers. Des précisions ont notamment été ajoutées sur les modalités de déploiement de la collecte dans les petites villes et territoires ruraux ainsi que sur la façon d’y travailler en complémentarité avec les acteurs historiques existants des territoires, qui ne figuraient pas initialement dans la feuille de route.
Bérangère Couillard et Christophe Béchu ont prévu de se rendre à Laval, ce vendredi 25 novembre, pour visiter deux sites français de l’industrie textile engagés dans une démarche d’économie circulaire : le site "Renaissance Textile", qui a mis au point un procédé capable d’effilocher à échelle industrielle d’importants volumes de vêtements et textiles en fin de première vie ; et "TDV Industries" qui confectionne des tissus pour vêtements de travail, vêtements de protection et application industrielles.