Education - Rentrée des classes 2013 : la première rentrée de la refondation
2012 était "la rentrée du changement", 2013 sera "la rentrée de la refondation", a déclaré Vincent Peillon lors de sa conférence de presse de rentrée, jeudi 29 août. Le ministre a donc égrainé les changements qui interviendront dès cette rentrée 2013 : la création de 7.500 postes, la relance de la scolarisation des moins de 3 ans dans les quartiers défavorisés, la mise en œuvre du dispositif "plus de maîtres que de classes", la mise en place des conseils école-collège... et, bien sûr, la poussive mise en place de la réforme des rythmes scolaires. Poussive parce que seules 4.000 communes sauteront le pas dès la rentrée prochaine sur les 24.000 communes possédant au moins une école (soit 17%), touchant 1,5 million des écoliers français du premier degré (soit 22 %), dont 137.000 petits Parisiens.
C'est ce que le ministre de l'Education nationale appelle "une révolution douce", montrant quelque agacement face aux questions et inquiétudes exprimées sur le sujet depuis un an. "La réforme des rythmes ? Mais je n'en suis qu'au début : je n'ai pas encore attaqué le collège, ni l'année...", a-t-il fait mine de s'étonner.
"Qui se souciait de ce que faisaient les enfants le mercredi matin ?"
Le ministre de l'Education nationale continue de réfuter l'idée que cette réforme des rythmes scolaires amplifierait les inégalités entre les élèves des communes ayant les moyens de les organiser et celles qui ne les auraient pas. "Mais qui se souciait de ce que faisaient les enfants le mercredi matin ? La cage d'escalier, la livebox...", s'impatiente-t-il, rappelant que d'une commune à l'autre, les budgets pour les affaires scolaires varient actuellement de 1 à 10 et que les centres aérés n'accueillent le mercredi matin que "20% des enfants pour des activités payantes", alors que les activités périscolaires générées par la réduction de la journée de classe devraient concerner à terme 80% des enfants.
Mais le ministre ne maîtrise pas tout. S'il ne cache pas sa préférence pour des activités périscolaires obligatoires et gratuites, il ajoute aussitôt que cela ne relève pas de son ministère. Pour sa part, il assure donner les moyens aux communes de la gratuité en rappelant les aides issues du fonds d'amorçage (50 euros par an et par enfant + 40 euros par an et par enfant pour 281 communes éligibles à la DSU cible ou à la DSR cible) et de la CAF (53 euros par an et par enfant). Soit "140 euros par enfant dans les communes en difficulté", arrondit-il. Un chiffre pas si éloigné de celui qui fait consensus chez les maires, à savoir 150 euros en moyenne par an et par enfant...
PEDT : en avoir ou pas...
Quant aux communes non "prioritaires" et qui ne bénéficieront pas de la majoration forfaitaire de 40 euros, ce sera, pour elles, moins de 100 euros par enfant. Sans compter que, si les communes n'ont pas besoin d'avoir signé un projet éducatif territorial pour bénéficier du fonds d'amorçage, elles ne toucheront pas les 53 euros de la CAF sans ce sésame (voir notre article du 17 juillet 2013 sur le financement de la CAF à la réforme des rythmes scolaires). Or aujourd'hui, seuls 1.150 PEDT ont été signés pour 4.000 communes engagées dans la réforme. Au final, la majorité des communes ne touchera que 50 euros par enfant et par an.
Le ministre reconnaît que "la lenteur de la mise en place du financement de la réforme" des rythmes scolaires – notamment les négociations avec la Cnaf - a joué dans le fait que seules 17% des communes se soient engagées. "Sans doute y a-t-il une question de moyens", concède-t-il, ajoutant aussitôt que la mise en place de la réforme dans une commune "c'est plus que ça" : "ce sont des dizaines de réunions", des confrontations de point de vue avec les enseignants, avec les associations, avec les parents...
Parmi les grands chantiers qui seront engagés pour l'année prochaine, Vincent Peillon a évoqué l'éducation prioritaire mais n'a pas mentionné la réforme de la carte scolaire.