Remaniement : des ajustements "techniques"
Le remaniement gouvernemental annoncé ce jeudi 20 juillet implique onze nouvelles attributions, soit trois ministres (Gabriel Attal à l'Éducation, Aurélien Rousseau à la Santé, Aurore Bergé aux Solidarités), cinq ministres délégués (dont Patrice Vergriete au Logement et Thomas Cazenave aux Comptes publics) et trois secrétaires d'État. Côté collectivités, le binôme Christophe Béchu - Dominique Faure reste inchangé.
Des changements à la tête de deux ou trois ministères-clefs, mais un remaniement assez limité : l'Élysée a dévoilé ce jeudi 20 juillet par communiqué la nouvelle équipe gouvernementale, avec l'arrivée de Gabriel Attal à l'Éducation, celle d'Aurélien Rousseau, l'ex-bras droit d'Elisabeth Borne, à la Santé, et celle d'Aurore Bergé aux Solidarités. A défaut d'une traditionnelle prise de parole du secrétaire général de l'Élysée, ce communiqué diffusé peu après 20 heures est venu conclure une après-midi d'annonces distillées au compte-goutte par les intéressés eux-mêmes et leurs entourages, par médias interposés, à commencer BFMTV.
Bruno Le Maire à l'Economie, Gérald Darmanin à l'Intérieur, Olivier Dussopt au Travail, Christophe Béchu à la Transition écologique (avec toujours à ses côtés Dominique Faure pour les collectivités), Catherine Colonna aux Affaires étrangères, et même Olivier Véran, un temps donné partant, comme porte-parole du gouvernement… Les poids lourds restent à leur poste à l'issue de ce remaniement présenté comme "technique" par l'entourage d'Emmanuel Macron.
Le chef de l'État, qui s'est résolu à se séparer des principales figures issues de la société civile, doit réunir ce vendredi 21 juillet à 11 heures en conseil des ministres – avec un ordre du jour léger – un gouvernement aussi pléthorique qu'il l'était jusqu'ici, avec 41 membres au total. Il doit s'adresser aux Français d'ici dimanche pour clore les "cent jours" qu'il s'était donné mi-avril pour tourner la page de la crise des retraites. La réponse de fond aux émeutes urbaines de fin juin devrait attendre, elle, la rentrée. L'entourage du chef de l'État affirme que sur les portefeuilles de l'Éducation et de la Santé, "il s'agit soit d'avoir une incarnation plus forte, soit une capacité à mettre en oeuvre les réformes avec plus de rapidité et d'efficacité".
A l'Éducation nationale donc, celui qui avait été la principale surprise du gouvernement au printemps 2022, Pap Ndiaye, cède sa place au ministre délégué sortant aux Comptes publics, Gabriel Attal. Lequel est remplacé à Bercy par le député Renaissance Thomas Cazenave. Lors de la passation de pouvoirs qui a eu lieu dès jeudi soir rue de Grenelle, Gabriel Attal a affiché "trois priorités" : "remettre le respect de l'autorité et les savoirs fondamentaux au coeur de l'école", remplacer les professeurs absents et assurer de "meilleures conditions d'apprentissage" via notamment l'enjeu du bâti scolaire. Il a également d'emblée voulu déminer son passé d'ancien élève du privé, appelant à ne "pas critiquer les parents qui font ce choix", et a dit vouloir s'appuyer sur les expériences du Conseil national de la refondation (CNR) sur l'école.
Le ministre de la Santé François Braun, médecin urgentiste, est remplacé par Aurélien Rousseau, qui fut pendant un an le directeur de cabinet d'Élisabeth Borne à Matignon, après avoir dirigé l'agence régionale de la Santé d'Île-de-France, notamment pendant la crise sanitaire. Agnès Firmin Le Bodo reste ministre déléguée chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé.
Autre représentant de la société civile, le ministre des Solidarités, ancien directeur de la Croix-Rouge, Jean-Christophe Combe, est remplacé par une politique pur jus, Aurore Bergé, la tonitruante présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale. Avec au passage un changement d'intitulé : on parle désormais "des Solidarités et des Familles"... et non plus "des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées".
Olivier Klein quitte aussi le gouvernement, et son ministère est scindé en deux : le maire divers gauche de Dunkerque, Patrice Vergriete, au Logement, et la députée Renaissance de Marseille, Sabrina Agresti-Roubache - proche du couple Macron et femme de réseaux bien implantée dans les milieux économiques locaux - à la Ville, dossier d'autant plus sensible après les émeutes urbaines… et d'ailleurs désormais rattaché, non plus seulement à Christophe Béchu, mais également à Gérald Darmanin. Une première. Le logement serait l'un des chevaux de bataille de Sabrina Agresti-Roubache, qui plaide pour "changer notre vision de l'urbanisme", en facilitant notamment la délivrance des permis de construire.
Patrice Vergriete était pour sa part depuis près de dix ans le maire de Dunkerque (Nord), mairie qu'il avait ravie à son mentor Michel Delebarre. Celui qui s'est entre autres illustré pour avoir doté sa ville du plus vaste réseau de transports gratuits en Europe avait pris en novembre la tête de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf). Diplômé de Polytechnique et des Ponts et Chaussées, ce spécialiste de l'urbanisme passé par des cabinets ministériels sous Lionel Jospin et par le Conseil général de l'environnement et du développement durable publiait il y a dix ans une thèse universitaire intitulée "La ville fiscalisée : politiques d’aide à l’investissement locatif, nouvelle filière de production du logement et recomposition de l’action publique locale en France (1985-2012)". Une thèse éclairant entre autres les limites de l'aide fiscale à l'investissement locatif et le fait que "les inégales capacités de négociation des collectivités avec les acteurs privés exposent davantage les villes petites et moyennes à une production de logements en décalage avec les attentes publiques".
Plusieurs députés font leur entrée : le MoDem d'Eure-et-Loir Philippe Vigier aux Outre-Mer à la place de Jean-François Carenco (une nomination déjà critiquée par des élus ultramarins) ou encore la Renaissance Fadila Khattabi, présidente de la commission des Affaires sociales, aux Personnes handicapées en remplacement de la MoDem Geneviève Darrieussecq.
Porte-parole médiatique du camp présidentiel, la députée Prisca Thevenot, jusqu'alors porte-parole des députés Renaissance, hérite de la Jeunesse et le Service national universel. Elle succède à Sarah El Haïry, qui passe à la Biodiversité, un dossier jusqu'ici géré par Bérangère Couillard. Cette dernière devient ministre déléguée à l'Égalité entre les femmes et les hommes à la place d'Isabelle Rome. La secrétaire d'État chargée de l'Économie sociale et solidaire, Marlène Schiappa, quitte elle aussi l'exécutif après avoir été épinglée pour sa gestion du fonds Marianne. La composition du gouvernement laissait à penser que l'Économie sociale et solidaire (ESS) allait rester orpheline. Mais Olivia Grégoire a fait savoir dans un tweet que son portefeuille inclurait désormais ce champ dont elle avait déjà été chargée de 2020 à 2022.
Mercredi soir, devant les parlementaires de son camp, Emmanuel Macron avait fixé sa feuille de route de la rentrée : "innover" pour répondre aux émeutes, "inventer une écologie de progrès et de solutions" et se saisir du sujet de l'immigration.
Élisabeth BORNE, Première ministre Bruno LE MAIRE, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et Numérique Gérald DARMANIN, ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer Christophe BÉCHU, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Sous l'autorité conjointe de Gérald Darmanin et de Christophe Béchu : Catherine COLONNA, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Olivier DUSSOPT, ministre du Travail, du Plein emploi et de l'Insertion Gabriel ATTAL, ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse Sylvie RETAILLEAU, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche Marc FESNEAU, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Rima ABDUL-MALAK, ministre de la Culture Aurélien ROUSSEAU, ministre de la Santé et de la Prévention Aurore BERGÉ, ministre des Solidarités et des Familles Stanislas GUERINI, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques Amélie OUDÉA-CASTÉRA, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques. |