Relance des transports, droits des voyageurs : le scepticisme et la grogne des associations de consommateurs
Où iront les financements consacrés aux mobilités dans le plan de relance ? Sont-ils réellement nouveaux ? La Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a livré son analyse ce 10 septembre, lors d’une conférence de presse qui fut également l’occasion de parler des droits des usagers des transports en commun.
Accueilli favorablement par les acteurs des transports publics pour financer de nouveaux projets et adapter leur offre (voir notre article du 9 septembre), le volet transport du plan de relance laisse perplexe les associations d'usagers. Comme d’autres, elles se perdent dans les calculs ministériels et essayent avec le plus grand mal de distinguer les crédits nouveaux de ceux qui relèvent d’engagements pris bien avant la crise. Ce 10 septembre, lors d'une conférence de presse, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut) a cité l’exemple du vélo. France Relance alloue au développement de la petite reine un budget de 200 millions d'euros sur deux ans.
Cette enveloppe comprendrait, selon le décryptage de la Fnaut, les financements du fonds vélo (50 millions d'euros), deux enveloppes du même montant fléchées vers les régions et vers les zones rurales (via des appels à projets), ainsi que des financements européens, dont on sait qu’ils constituaient déjà des opportunités intéressantes pour les projets vélo des territoires. "Donc le réel apport, c’est ce dernier point, du financement européen à hauteur de 50 millions d'euros, sans guère plus de précision. Dans tout cela, il est au final difficile d’y voir clair", pointe Bruno Gazeau, président de la Fnaut.
Hormis le vélo, 1 milliard d'euros sont fléchés vers les autres "mobilités du quotidien". Ce qui devrait permettre de lancer le quatrième appel à projets, attendu depuis des années pour promouvoir des transports en commun en site propre, la création ou extension de tramways, de lignes de bus en site propre (BHNS) et de services express métropolitains. Car si le terme de "RER métropolitain" est sur toutes les lèvres, il se traduit en fait peu dans la réalité des transports du quotidien. Une dizaine de métropoles comme Strasbourg, Lille ou Lyon, à un stade avancé, mais aussi Grenoble et Bordeaux, qui est la plus en pointe, y réfléchissent. Une stratégie nationale, dont le rendu était prévu fin mars et à laquelle le gestionnaire du rail SNCF Réseau a amplement contribué, reste en attente pour fixer le cadre du dialogue à animer ou prolonger sur ce sujet entre les métropoles et les régions.
Sécuriser des engagements déjà pris
"L’impression que l’on a, face au volet transport de France Relance, qui prévoit d’injecter 2,3 milliards d’euros dans les travaux de modernisation du réseau ferré, c’est que ce plan vient en fait sécuriser des investissements et honorer des engagements déjà pris", poursuit Bruno Gazeau. Un avis que le ministre des Transports Jean-Baptise Djebarri ne contredit pas vraiment lorsqu'il parle, dans Le Parisien, de cette somme consacrée "à régénérer le réseau ferré de façon accélérée", ce qui était "prévu depuis longtemps mais jamais financé". Ainsi, les principaux crédits nouveaux dans le ferroviaire seraient, selon la Fnaut, ceux visant à financer la fin du glyphosate le long des voies ferrées (1,5 milliard d'euros). "Il y a aussi la très modeste relance de deux lignes de trains de nuit (Paris-Nice et Paris-Tarbes, pour 100 millions d’euros, ndlr), la rénovation des ponts en danger (350 millions d’euros), le fret ferroviaire, dans la lignée des annonces faites durant l'été et, dans une moindre mesure, le déploiement du système européen de gestion du trafic ferroviaire (ERTMS)".
Seule association de consommateurs spécialisée dans les mobilités, la Fnaut fait face depuis le mois de juin à un flot incessant de requêtes de voyageurs victimes de l’annulation de leur vol en avion. "Ils ont de grandes difficultés à obtenir les remboursements qui leur sont dus par les compagnies aériennes. Leur droit au remboursement reconnu par les textes européens en cas de voyage annulé n'est pas respecté. Les compagnies leur imposent un avoir, nous suggérons qu'il soit à minima utilisable par l'usager dans d'autres compagnies, qu'il y ait plus de dialogue, de souplesse et d'interopérabilité. Certaines compagnies ne leur répondent tout bonnement plus. Nous avons alerté le ministre des Transports, sans réponse pour l’instant", observe la Fnaut. La CLCV et UFC-Que Choisir sont également très actives sur ce sujet et constatent que, malgré un rappel à l'ordre des États membres par la Commission européenne - une procédure en infraction a été ouverte début juillet -, les choses bougent peu et "les discussions s'enlisent". Concernant les autres modes de transport (ferroviaire, navigation, autocar), la Fnaut réclame aussi des améliorations des règlements européens, principalement pour mieux indemniser les voyageurs titulaires d'abonnements permettant un nombre de voyages illimités, et la mise en place d'un régime obligatoire de protection des consommateurs en cas de défaillance financière des transporteurs.