Institutions, rénovation des écoles, SNU... Emmanuel Macron ajuste ses priorités
A l'occasion du premier anniversaire de la réélection d'Emmanuel Macron, le Parisien publie ce 24 avril un long échange avec onze lecteurs du journal. Un échange qui a eu lieu vendredi à l'Elysée, au cours duquel le chef de l'Etat a été interrogé tant sur son bilan que sur les chantiers à venir, au moment où il s'est donné "cent jours" pour relancer son mandat. Affirmant qu'il aurait dû se "mouiller" davantage sur la réforme des retraites, Emmanuel Macron dit vouloir se "réengager dans le débat public parce qu'il y a des choses qui ne sont pas claires". En sachant qu'Elisabeth Borne doit présenter mercredi la nouvelle feuille de route du gouvernement.
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Inflation
"Je vais être honnête, les prix alimentaires, ça va être dur jusqu'à la fin de l'été", prévient le président. Selon lui, "la clé, c'est que le travail paye mieux", mais cela dépendra "des employeurs et du dialogue social".
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Immigration
Emmanuel Macron dit vouloir, sur l'immigration, "un seul texte" à la fois "efficace et juste", pour "durcir nos règles" afin "que ceux qui n'ont pas de raison d'être ici" puissent être plus rapidement "raccompagnés chez eux" tout en améliorant l'intégration. Exit, donc, l'hypothèse d'un projet saucissonné en plusieurs textes pour faciliter son adoption, hypothèse qu'il avait lui-même évoquée il y a un mois (voir notre article du 22 mars).
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Social
La réforme du RSA est bien remise sur le métier, comme le chef de l'Etat le mentionne dans chacune de ses prises de paroles, sans précisions nouvelles toutefois, "pour que jamais une heure de travail ne puisse être moins intéressante" que l'allocation. Également évoquée, "la solidarité à la source" (chantier sur lequel le ministère des Solidarités doit faire un point d'étape ce jeudi).
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Institutions
Confirmant sa volonté d'avancer sur le sujet des institutions, Emmanuel Macron a indiqué qu'il allait "transmettre une proposition" aux présidents des deux chambres, "pour voir ce sur quoi il y aurait un chemin". On rappellera que les présidents d'associations d'élus locaux avaient été reçus à la mi-mars à l'Élysée pour évoquer le volet territorial d'une future réforme des institutions. Il avait alors été dit que d'autres rencontres étaient prévues – "deux à trois fois d'ici cet été", en associant les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat (voir notre article du 14 mars).
Confirmant succinctement sa volonté d'une "vraie décentralisation", Emmanuel Macron a en outre mis en avant "la question de la souveraineté populaire" : "Faut-il ouvrir ou pas le champ du référendum, du référendum d'initiative partagée (RIP), faut-il plus de proportionnelle à l'Assemblée, faut-il aller vers un règlement des assemblées qui évite le blocage sans aller à la situation qu'on a connue ?"
La veille, également dans Le Parisien, Gérard Larcher s'était interrogé sur l'opportunité du "moment" quand les sujets "d'inflation et de crise des services publics" semblent prioritaires : "Nous sommes toujours prêts à examiner ce qui améliore le fonctionnement de la démocratie: simplification, décentralisation, et nous y travaillons... Mais est-ce le moment ?" Yaël Braun-Pivet a également eu l'occasion de remettre en cause le timing, la crise des retraites n'ouvrant selon elle "pas un climat propice".
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Rénovation des écoles
Emmanuel Macron a confirmé son souhait de lancer "un grand projet de restauration écologique" des écoles : "Il y a trop d'écoles qui sont des passoires thermiques, où les enfants se les gèlent puis ont trop chaud. On va les rénover". "On va mettre le financement là-dessus pour accompagner les communes qui ne le peuvent pas seules", a-t-il ajouté, sans détailler d'enveloppe ni de calendrier précis. Le président avait déjà annoncé en novembre dernier son intention de prendre une "initiative" sur le sujet, à l'occasion des "24 heures du bâtiment" (voir notre article du 18 novembre). "C'est un formidable chantier public. Cela va donner du boulot au BTP, cela va aider les communes car on va les accompagner, cela va réduire nos émissions de gaz à effet de serre et nos enfants travailleront dans de bonnes conditions", a plaidé le président, qui souhaite également accélérer "la végétalisation des cours d'écoles", y voyant "un moyen formidable pour avoir des puits de fraicheur au coeur de nos villes et pour éduquer nos enfants dès le début à l'environnement". La logique, en somme, des "cours oasis" que développent Paris et d'autres grandes villes (voir par exemple notre article de décembre).
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SNU
Emmanuel Macron dit souhaiter une "montée en charge progressive" du service national universel (SNU), avec "plus de territoires qui vont l'adopter". "Il faut passer par la loi pour le rendre obligatoire, mais avant il faut finaliser la concertation. Je suis favorable à ce qu'on puisse avancer" mais "je pense qu'on ne peut pas le rendre obligatoire dans tout le pays du jour au lendemain", en raison du "défi logistique", a-t-il déclaré, en précisant que le SNU s'appliquerait au départ dans "quelques départements, puis un peu plus".
Le chef de l'Etat avait fait part lors de ses voeux du 31 décembre de sa volonté de poser "dans les toutes prochaines semaines ou prochains mois les premiers jalons d'un service national universel". "J'aurai l'occasion d'y revenir dans les semaines à venir", avait-il réaffirmé le 20 janvier devant les armées. Il était prévu à l'origine d'inclure des éléments de financement du SNU dans le projet de loi de programmation militaire présenté le 4 avril en conseil des ministres, mais "vu le contexte de mobilisation chez les jeunes, le SNU serait le carburant qui allume l'incendie", avait-on affirmé au ministère des Armées. "Ma commande est toujours de travailler aux deux hypothèses : une généralisation hors du temps scolaire, et une sur temps scolaire", avait néanmoins précisé alors la secrétaire d'Etat chargée de la jeunesse et du SNU, Sarah El Haïry. Un rapport du Sénat, publié début mars, recommandait de "surseoir" à la généralisation du SNU "au regard des incertitudes" du projet, notamment en termes de coûts, "probablement supérieurs à 2 milliards d'euros" (voir notre article du 13 mars).