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Stratégie 2020 - Quelle place pour les collectivités dans l'Union de l'innovation ?

Crise systémique mondiale, concurrence galopante, échec de la stratégie de Lisbonne : il était temps pour la Commission européenne de relancer sa politique en faveur de l’innovation. Le 6 octobre 2010 a donc été présentée l'"Union de l’innovation", initiative phare de la stratégie Europe 2020, venue remplacer la défunte stratégie de Lisbonne. L'objectif de consacrer 3% du PIB aux dépenses de recherche et développement (R&D) a été maintenu. Mais selon la Commission, il manquerait un million de chercheurs en Europe.
Pour surmonter les obstacles à l'innovation, les commissaires Máire Geoghegan-Quinn, (Recherche, Innovation et Sciences) et Antonio Tajani (Industrie et Entrepreneuriat) ont présenté dix points stratégiques : des partenariats d’innovation européens, un tableau de bord de l’innovation, l’amélioration de l’accès au financement, l’intensification des initiatives de recherche, un comité directeur européen du design et un label "design d’excellence européenne", un grand programme de recherche sur le secteur public et l’innovation sociale, l’innovation dans les marchés publics, la normalisation, la propriété intellectuelle, les financements structurels et les aides d’Etat.
Les collectivités, notamment les régions qui ont un lien privilégié avec les universités, seront donc parties prenantes du processus, en particulier au sein des actions "innovation sociale" et des partenariats public-privé (PPP) interrégionaux, transfrontaliers et transnationaux.

Des partenariats d’innovation européens

Ces divers types de partenariats européens, qui devront soutenir la R&D, coordonner les investissements, accélérer la définition des normes et mobiliser la demande, amèneront ainsi les collectivités territoriales à davantage travailler de concert avec des collectivités et diverses entités d’autres Etats membres.
Parmi les PPP à développer, un partenariat-pilote sur le "vieillissement actif et en bonne santé" sera lancé début 2011. L'objectif sera de prolonger de deux ans la durée de vie pendant laquelle les Européens sont en bonne santé d’ici à 2020.
De la même manière, des partenariats seront consacrés à l’énergie, aux villes "intelligentes" et à la mobilité, à l’utilisation rationnelle de l'eau, aux matières premières non énergétiques et à l’agriculture durable et productive. La Commission adopte une vision large de l'innovation qui intègre l’innovation sociale. Dans ce domaine, les partenariats devront associer grandes entreprises, PME, collectivités territoriales, organisations de l’économie sociale et société civile. Des fonds d’amorçage serviront à attirer les financements des parties prenantes. Au vu de la sous-utilisation des marchés publics, les collectivités territoriales devront s'investir davantage.

Une région sur dix atteint les 3% du PIB

Par ailleurs, un projet-pilote européen d’innovation sociale devrait être lancé en 2011 afin de développer les savoir-faire en la matière et d’élaborer et mettre en oeuvre une plateforme virtuelle au bénéfice des entrepreneurs sociaux, du secteur public et du secteur tertiaire. Les Etats doivent donc d’ores et déjà s’efforcer de promouvoir l’innovation sociale à travers les fonds structurels.
Sur la même problématique, les Etats sont incités à réserver des budgets à la passation de marchés publics de produits et services innovants : un marché d’au moins dix milliards d’euros par an destiné aux innovations qui améliorent les services publics pourrait ainsi émerger.
Dans une communication sur "la contribution de la politique régionale à une croissance intelligente dans le cadre de la stratégie Europe 2020", présentée le 6 octobre au Parlement, au Conseil et au Comité des régions, la Commission a précisé ses attentes vis-à-vis des régions. Des attentes fortes puisque, depuis le lancement de l'actuelle programmation, elle incite les régions à se doter de stratégies d'innovation. Le commissaire à la Politique régionale, Johannes Hahn, lors d'une récente visite à Paris, avait d'ailleurs expliqué que ce serait l'une des conditions du maintien de la politique dans toutes les régions. Mais il y aura encore fort à faire car selon cette communication, à peine une région européenne sur dix (27 au total) atteint le fameux objectif de 3% du PIB consacré à la R&D. Ces dépenses sont concentrées dans quelques régions très avancées comme le Braunschweig, en Allemagne (7% du PIB). En France, seules deux régions atteignent l'objectif : l'Ile-de-France et le Languedoc-Roussillon.

 

Lucie Sabau / Welcomeurope

 

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