Environnement - Quand les territoires ruraux veulent fédérer leurs énergies
Du 15 au 18 juin prochains, la communauté de communes du Mené, dans les Côtes-d'Armor, accueillera les 1eres Rencontres Energies et Territoires ruraux destinées à valoriser les initiatives de ces territoires en faveur de l'autonomie énergétique. Quatre territoires - deux français, un allemand et un italien - viendront présenter leur démarche visant le 100% énergies renouvelables. Des ateliers avec des porteurs de projet et des experts illustreront six thématiques de premier ordre adaptées aux besoins des territoires ruraux : la réhabilitation énergétique du bâti ancien et des centres bourgs ; l'investissement des citoyens et des collectivités dans les grands projets énergétiques ; comment engager des projets de territoire autour de la biomasse animale et végétale ; comment mobiliser ces gisements de biomasse ; les réseaux électriques en milieu rural ou comment mettre en adéquation demande en énergie et production locale d'électricité d'origine renouvelable ; la production locale d'agrocarburants. Une table ronde réunira des responsables politiques et économiques autour des aspects globaux et locaux de la problématique énergétique et un réseau des territoires 100% renouvelables sera lancé à cette occasion.
Le point d'orgue de ces rencontres sera l'ouverture au public de tous les sites de production d'énergies renouvelables de la communauté de communes du Mené. Selon le Comité de liaison des énergies renouvelables (Cler), partenaire des Rencontres, il s'agit en effet du territoire le plus avancé en France sur la voie de l'autonomie énergétique. Ce micro territoire de 6.500 habitants, répartis dans sept communes au centre de la Bretagne, a décidé en 2005 de s'engager sur la voie des énergies renouvelables dans un souci de diversification économique. "Nous abritons une mono industrie, une usine d'abattage et de transformation du groupe Leclerc qui emploie 2.500 personnes et nous devions faire attention à ne pas pénaliser cette entreprise qui nous fait vivre. Nous avons donc fait le choix des énergies renouvelables pour capter des métiers différents", témoigne Jean-Pascal Guillouët, président de la communauté de communes. "Notre idée était aussi de conduire notre petit territoire avec beaucoup d'autonomie pour tirer profit de nos richesses et ne pas aller chercher ailleurs ce que nous pouvions valoriser sur place", poursuit Jacky Aignel, ancien exploitant agricole et vice-président de la communauté de communes en charge des énergies renouvelables.
Le cap a donc été fixé : en 2013, les besoins du territoire seront couverts à 25% par la production d'énergie locale et ce taux devrait passer à 75% en 2020. La réalisation la plus spectaculaire est l'unité de valorisation de déchets organiques Géotexia, qui sera inaugurée à l'occasion des rencontres. Ce centre de méthanisation, qui a nécessité 15,3 millions d'euros d'investissement et pourra traiter 38.000 tonnes de lisiers porcins et 37.000 tonnes de résidus de l'agro-alimentaire produits localement, produira 13.800 MW/h d'électricité par an et 14.400 MW/h de chaleur.
Mais la "route des énergies" du territoire de Mené passe aussi par d'autres réalisations : trois chaufferies et réseaux de chaleur déjà en activité (cinq autres sont prévus) alimentés par des plaquettes de bois issues de la production locale, des parcs éoliens d'une puissance totale de 25 MW, une huilerie capable de produire 1.500 tonnes d'huile de colza carburant pour les machines et tracteurs agricoles. Enfin, la communauté de communes mise aussi sur les économies d'énergie avec une pépinière d'entreprises réalisée aux normes BBC qui accueille aujourd'hui cinq jeunes entreprises du secteur de l'énergie et un programme de construction de trente logements à énergie positive répartis sur les sept communes. Montant total des investissements à ce jour : un peu plus de 27 millions d'euros. Selon Jacky Aignel, le taux de subventionnement des projets (région, Etat, départements, Ademe, Agence de l'eau, fonds européens) a atteint 60%.