Qualité de l'eau potable : la confiance des usagers est maintenue

La crise sanitaire a-t-elle érodé la confiance des usagers dans la qualité de l'eau du robinet ? La réponse est non selon les derniers résultats du baromètre national que le Centre d'information sur l'eau (Cieau) a dévoilés ce 5 novembre.

Réalisé par Kantar TNS à partir d'un échantillon de 3.495 individus sondés en mai et juin 2020 en suivant une logique de quotas mais aussi de stratification territoriale, le traditionnel baromètre du Centre d'information sur l'eau (Cieau) tombe à pic en pleine crise pour souligner, à juste titre, le rôle essentiel assuré par les services et entreprises qui exploitent les réseaux de collecte et les stations d’assainissement des eaux usées, "et qui ont souvent lutté pour maintenir les performances épuratives indispensables".

Une confiance maintenue

Commentant ces résultats, Marillys Macé, directrice générale du Cieau et par ailleurs adjointe au maire de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), indique que "la crédibilité du service de l’eau n’a pas souffert du contexte général : 80% des Français conservent leur confiance à l’eau du robinet et 79% partagent cet avis s’agissant de l’efficacité du traitement des eaux usées. C’est sensiblement plus qu’avec les produits alimentaires ou la collecte et le traitement des déchets ménagers". Face à la démultiplication des interventions de terrain sur les réseaux dues aux lingettes improprement jetées dans les toilettes, le Cieau lance une piqûre de rappel sur ce "fléau qui perturbe les professionnels dans leur effort de maintien en service".
Mesurée chaque année, la satisfaction des usagers vis-à-vis du service de l'eau aurait pu plonger en eaux troubles. Effet contraire : elle atteint en 2020 son plus haut niveau. Cette confiance profite aux autorités sanitaires qui contrôlent la qualité de l’eau, aux communes mais aussi aux entreprises du secteur (+quatre points de niveau d’adhésion par rapport à 2019). L’eau du robinet est reconnue pour sa disponibilité par la quasi-totalité (92%) des Français. Les motifs d’insatisfaction n’évoluent guère : présence de calcaire, odeur et goût de chlore... Parmi les usagers satisfaits, plus d’un sur deux estime que la qualité est restée stable au cours des dix dernières années.

Consommation variable, perception stable

Lentement mais sûrement, le robinet gagne donc du terrain sur la bouteille. Sur dix verres d’eau consommés, six le sont au robinet, contre quatre en bouteille. L'eau du robinet est moins consommée que la moyenne en Bretagne, dans les Hauts-de-France, en Normandie et plus consommée dans les agglomérations de plus de 100.000 habitants et des régions comme l’Auvergne-Rhône-Alpes, l’Occitanie et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. La perception du prix du service de l'eau est, elle aussi, en nette amélioration. Plus de 45% des usagers sondés jugent l'eau plutôt bon marché - c’est neuf points de plus que l’an dernier. Pour autant, inutile de céder à la crédulité, car une très forte majorité des Français (82%) s’attend tout de même à payer à court terme le service de l’eau plus cher.
Depuis vingt ans, le Cieau voit aussi croître la courbe de l’opinion sur la disponibilité de la ressource. Ceci dit, 73% des interviewés continuent de penser que l’eau est une ressource limitée en France. Et huit sur dix estiment que le changement climatique influe sur le manque d’eau, la sécheresse, les inondations, la dégradation de la qualité des ressources en eau, etc. "Les Français sont majoritairement convaincus - 84% - que la pollution des ressources a des répercussions sur une hausse potentielle du prix du service de l’eau", explique le Cieau.
Autre enseignement qui revient inlassablement, l’effort de pédagogie à consentir pour mieux informer sur l’eau. Les mairies, les pouvoirs publics, les organismes professionnels spécialistes de l’eau et les entreprises spécialisées sont les principaux relais d’information. Le baromètre donne aussi un aperçu intéressant sur la synthèse annuelle d'information sur la qualité de l'eau. Réalisée par l’agence régionale de santé (ARS), elle doit être jointe à la facture d’eau.

Une demande de baromètres départementaux

Ce baromètre se révèle être un outil d'évaluation utile aux collectivités grâce aux déclinaisons régionales dévoilées au fil de l'eau. "L’an dernier, toutes les régions ont connu une déclinaison, à la demande ou à l’occasion d’une présentation sur le terrain. Nous voulons pousser jusqu’à la maille départementale, du moins pour ceux qui l’ont demandé. Enfin, nous développons l’ouverture de données (open data), encourageons des acteurs à s'en saisir et venons de mettre en ligne un accès rapide à de l’information à l’échelle communale et riche en indicateurs (consommation, mètre linéaire, chlore)".