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Environnement - Programme Life : la France se prive (toujours) d'une manne importante

La Commission vient de retenir 144 nouveaux projets au titre du programme environnemental Life. Avec six projets, la France figure très loin de l'Italie, grande habituée de ce programme avec 37 nouveaux projets retenus...

C'est une maigre moisson pour la France : seuls six projets français figurent parmi les 144 retenus par la Commission européenne, jeudi 3 novembre, au titre du programme Life, le fonds de l'Union européenne pour l'environnement et le climat. Au total, la France décroche 15,2 millions d'euros. Ce qui la place très loin derrière l'Italie (81,6 millions d'euros pour 37 projets) et l'Espagne (69,4 millions d'euros pour 38 projets) qui ont toujours su tirer profit de cette manne européenne. Les autres grands bénéficiaires sont la Grande Bretagne (38,5 millions d'euros pour cinq projets), les Pays-Bas (36,1 millions pour cinq projets), la Suède (35,2 millions d'euros pour six projets) ou l'Allemagne (33 millions d'euros pour onze projets).
Que la France soit un peu à la traîne avec ce programme n'est pas nouveau. La faute sans doute à un manque de communication ou à des candidatures mal ficelées... Mais vu l'état des finances publiques, se priver d'une enveloppe de 3,4 milliards d'euros programmée entre 2014 et 2020 - soit une progression de 43% ! - relève du gâchis. Pour rappel, le programme Life cible des projets en faveur de l'utilisation rationnelle des ressources, de la biodiversité, de la gouvernance et de l'information en matière environnementale, de l'adaptation au changement climatique, de l'atténuation du changement climatique et, enfin, de la gouvernance et de l'information en matière climatique. Et les collectivités peuvent postuler !

1.100 projets en cours

Les projets retenus jeudi par la Commission se chiffrent à 222,7 millions d'euros de subventions européennes pour un montant d'investissements total de 398,6 millions d'euros. Ils illustrent "l'engagement de la Commission en faveur de son train de mesures sur l'économie circulaire", indique Bruxelles dans un communiqué. Dans ce domaine, on retiendra le projet porté par l'université de Lorraine autour de l'agromine, un nouveau procédé d'extraction de métaux stratégiques comme le nickel, beaucoup plus respectueux de l'environnement : il s'agit de cultiver des plantes dites "hyperaccumulatrices" - c'est-à-dire qu'elles accumulent des métaux dans leurs tissus par adaptation génétique à leur milieu – sur des sols naturellement riches en minéraux ou d'anciens sites d'exploitation minière. L'enjeu est aussi de répondre à l'explosion de la demande mondiale, sachant que l'Europe ne produit que 8,6% de ses besoins et que les procédés classiques atteignent leurs limites, notamment en raison des ravages causés sur l'environnement. A noter aussi le projet Biohec-Life, développé dans le Nord, sur la récupération de l'huile de cuisson pour servir de carburant à la flotte de transport des collectivités, en partenariat avec la ville de Lille et la région des Hauts-de-France.
Parmi les autres projets français, Life FarbioTy porté par la société Teillage Vandecandelaere consistera à réduire l'empreinte environnementale de l'industrie des transports en remplaçant la fibre de verre par de la fibre de lin dans la fabrication de matériaux composites.
Par ailleurs, le parc naturel régional du Haut Languedoc, qui couvre quelque 200.000 hectares de forêts, va recevoir 1,3 million d'euros pour travailler à la mise au point d'un outil baptisé Foreccast, de prévision des risques liés au changement climatique destiné aux propriétaires forestiers.
Les deux autres projets français consistent dans la production d'un ciment moins polluant et dans la lutte contre deux espèces de grenouilles invasives, la grenouille taureau originaire de Floride et la grenouille griffue d'Afrique.
Depuis sa création en 1992, le programme Life a permis de cofinancer 4.300 projets. 1.100 d'entre eux sont en cours d'exécution.