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Sécurité - Prévention de la radicalisation : un guide à destination des maires

Le secrétariat général du comité interministériel de prévention de la délinquance (SG-CIPD) a mis en ligne sur son site, le 4 novembre, un cahier spécial du Courrier des maires consacré à la prévention de la radicalisation. Daté d'octobre, ce supplément est une initiative du SG-CIPD qui vient de voir son intitulé officiellement élargi à la "radicalisation" par le comité interministériel des Mureaux du 26 octobre, et qui cherche ainsi à sensibiliser les élus au phénomène. "Au plus près de nos concitoyens, les collectivités territoriales, et notamment les communes, peuvent détecter des cas concrets de basculement et peuvent ainsi jouer un rôle décisif", insiste le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, en introduction de ce guide.
Le cahier comprend trois parties : l'une retrace les enjeux et l'ampleur de la radicalisation en France, l'autre la réponse apportée par les pouvoirs publics notamment à travers le plan de lutte d'avril 2014 et la circulaire du 29 avril 2014, et enfin un panorama des différentes initiatives des élus accompagné de fiches pratiques.

Etat des lieux

5.000 ressortissants feraient partie des 20.000 djihadistes étrangers impliqués dans les zones de conflits syro-irakienne, dont 1.818 Français, commence par rappeler le document. Mais le nombre de personnes "radicalisées" est bien plus important. 4.635 personnes seraient dans cette situation, selon un recensement du Centre national d'assistance et de prévention de la radicalisation (CNAPR), la plateforme téléphonique créée en avril 2014 et rattachée à l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste. Parmi elles, 25% seraient des mineurs et 35% des femmes. Les régions les plus touchées sont l'Ile-de-France, le Nord-Pas-de-Calais, Paca, Rhône-Alpes et, plus isolément, des départements comme les Côtés d'Armor, la Seine-Maritime, le Haut-Rhin, la Moselle ou la Haute-Garonne… Même si aucune région ne peut se dire épargnée.
Le guide reste très focalisé sur l'embrigadement par internet et invite par exemple les maires à "sensibiliser les familles et renforcer l'éducation aux médias numériques". En revanche, il n'aborde pas les autres canaux, comme le prosélytisme dans les stades relevé récemment par le Service central du renseignement territorial dans une note remise au président de la République.

60 millions d'euros en trois ans

En réponse aux attentats du début d'année, le gouvernement a décidé d'abonder le Fonds interministériel de prévention de la délinquance de 60 millions d'euros sur trois ans. La moitié de cette somme est destinée au financement de gilets pare-balles pour les policiers municipaux ou à la sécurisation de lieux sensibles. L'autre moitié sert à financer les projets des acteurs locaux (associations ou collectivités), par le biais des préfets.
Le guide constate que les collectivités ne sont pas assez associées aux cellules de suivi mises en place dans chaque département sous l'égide du préfet. Un point pourtant très important puisque ce sont ces cellules qui, à partir d'un signalement du CNAPR, décident de l'orientation d'un individu ou de sa famille vers une structure adaptée. 1.000 jeunes et 500 familles feraient ainsi l'objet d'un suivi, d'après un bilan du SG-CIPD qui est chargé de la coordination de ces cellules. La prise en charge relève tout d'abord du champ psychologique, à travers les maisons des adolescents par exemple. Mais un accompagnement éducatif, social et professionnel peut aussi être proposé par le biais d'associations de prévention spécialisée ou les missions locales. Le soutient à la parentalité est "également un des leviers d'accompagnement que les cellules peuvent proposer en s'appuyant sur les réseaux d'écoute, d'appui et d'accompagnement (Reaap)…

Initiatives locales et formation des personnels

Le guide reprend cinq fiches repères d'expérimentation à destination des acteurs locaux répondant chacune à une situation particulière : soutien des familles dont l'enfant est parti en zone de conflit ; action de prévention en direction d'une famille en partance pour une zone de conflit ; prise en charge psychologique d'une mineur, devant faire l'objet d'une information préoccupante ; prise en charge d'un mineur en situation d'échec et de fragilité devant faire l'objet d'une information préoccupante ; prise en charge d'un jeune majeur inscrit dans un parcours délinquant, non placé sous main de justice.
Le guide recense enfin une série d'actions concrètes mises en place par les collectivités comme la création d'une cellule d'écoute pour les familles en détresse à Nice, un protocole d'échange d'informations sur la radicalisation signé entre l'Etat et le département des Alpes-Maritimes en juin dernier ; la formation des personnels de la métropole de Grenoble… La question de la formation est d'ailleurs une des actions importantes des pouvoirs publics. Le SG-CIPD a ainsi élaboré un cursus de formation "prévention de la radicalisation" dont 2.500 personnes ont déjà fait l'objet depuis juin 2014 (agents de l'Etat, des collectivités ou membres d'associations). Lors du comité des Mureaux, il a été décidé qu'un partenariat serait noué avec le CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale) pour approfondir le sujet.
Au-delà de ce guide, le SG-CIPD précise qu'il peut également apporter "un appui méthodologique de terrain tel que l'accompagnement à la mise en place d'un plan local de prévention".
 

 

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