Reconstruction de Saint-Martin et Saint Barthélemy après l'ouragan Irma - Près de 500 millions d'euros d'aide de l'Etat
Un cinquième comité interministériel pour la reconstruction des îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy s'est tenu ce 12 mars à Matignon pour dresser le bilan de la situation dans les deux îles dévastées par l'ouragan Irma en septembre dernier. De nouvelles mesures d'aide ont été annoncées par l'Etat dont le soutien aux deux îles avoisine aujourd'hui les 500 millions d'euros.
Six mois après le passage dévastateur de l'ouragan Irma dans les petites Antilles, un cinquième comité interministériel pour la reconstruction des îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy s'est tenu ce 12 mars pour dresser le bilan de la situation et de l'action de l'Etat. Le passage du cyclone le plus puissant jamais observé dans la région a causé la mort de 11 personnes et endommagé la quasi-totalité des bâtiments des deux îles. "Le coût total des dégâts assurés est estimé à 1,83 milliard d'euros, un chiffre considérable pour des îles qui comptent aujourd'hui moins de 40.000 habitants", a souligné la délégation interministérielle.
Situation "normalisée"
Aujourd'hui, "la situation à Saint-Martin et Saint-Barthélemy s'est normalisée avec le retour de tous les services publics essentiels", notent les services du Premier ministre dans un communiqué. Les réseaux (eau, électricité, téléphonie mobile) "sont rétablis, les administrations fonctionnent et les écoles sont en mesure d'accueillir tous les élèves présents sur les deux îles", souligne Matignon. Des difficultés subsistent en revanche sur le réseau de téléphonie fixe, ce qui impacte l'accès à internet, notamment pour les entreprises. Le dispositif d'urgence mis en place par l'Etat, couvrant notamment le déploiement d'environ 3.000 agents et bénévoles (armées, gendarmerie, sécurité civile…) et le pont aérien et maritime pour transporter 1.800 tonnes de matériels et de vivres s'est élevé à 163 millions d'euros.
Soutien à l'économie locale
L'Etat a par ailleurs soutenu les particuliers, les entreprises et les collectivités pour éviter l'effondrement de l'économie locale - adaptation du dispositif de chômage partiel sur les deux îles, moratoire d'un an sur les cotisations sociales patronales, aides à Saint-Barthélemy et Saint-Martin pour faire face à leurs dépenses de fonctionnement... - pour un montant de plus de 140 millions d'euros. D'autres mesures ont été annoncées ce lundi, portant l'engagement total des pouvoirs publics en faveur des deux îles victimes d'Irma à 500 millions d'euros, "soit plus de 11.000 euros par habitant", a souligné le gouvernement.
Nouvelles aides à Saint-Martin
L'Etat financera notamment pour un montant de 66,4 millions d'euros un tiers des investissements de Saint-Martin (reconstruction de quatre écoles, d'une salle omnisports, de tous les réseaux électriques et rénovation d'une partie du parc de logement social). Un prêt bonifié pourra également être octroyé à la collectivité et l'Etat lui laissera "un droit de tirage exclusif sur les 46 millions du fonds de solidarité de l'Union européenne" (FSUE), a indiqué la délégation interministérielle. Au-delà de l'appui aux investissements de la collectivité, l'Etat va aussi financer la reconstruction de sa propre préfecture pour un coût prévisionnel de 15 millions d'euros.
Mais le président de la collectivité territoriale de Saint-Martin, Daniel Gibbs, s'est dit mardi "déçu" des annonces du gouvernement. Sur "les 200 millions du plan d'investissement [présenté par le collectivité, ndlr], ce sont 21 millions de crédits exceptionnels qui sont débloqués par l'Etat" en faveur de Saint-Martin, a noté l'élu interrogé par la presse. Alors que l'Etat s'était "engagé à financer intégralement la reconstruction d'une école et d'un collège. Au final, sur les 32 millions de travaux, seuls 15 millions seront versés à Saint-Martin. En ce qui concerne les bailleurs sociaux, 12,7 millions étaient demandés, 6 millions ont été obtenus", a-t-il regretté. Daniel Gibbs s'est également "étonné que l'intervention spéciale de l'Etat sur la reconstruction des infrastructures publiques soit mélangée avec les actions menées par l'Etat au titre de la solidarité nationale juste après le cyclone", qui ne concernent pas la reconstruction et donc le protocole discuté lundi. L'élu a voulu néanmoins rester optimiste en indiquant que "la reconstruction sera financée et réalisée comme prévue". "J'ai un budget à présenter. Il faudra redéfinir les priorités, à savoir les écoles, les routes et les infrastructures. Il faudra trouver le financement", a-t-il ajouté en se disant par ailleurs "réjoui d'avoir la totalité de fonds de solidarité de l'Union européenne".
Révision des règles d'urbanisme
La politique d'aménagement urbain à Saint-Martin a en outre été repensée, conformément au protocole signé en novembre dernier entre l'Etat et la collectivité pour tirer les leçons d'Irma en matière de risques et contribuer à un aménagement urbain et à des bâtiments plus respectueux des normes anticycloniques et sismiques. L'Etat a notamment dressé une carte réactualisée des risques de submersion marine sur laquelle la collectivité s'est appuyée pour publier mi-janvier de nouvelles règles d'urbanisme provisoires pour permettre à la population de lancer ses chantiers en toute sécurité juridique mais interdisant ou en limitant les reconstructions dans les zones à risque. Un nouveau plan de prévention des risques naturels (PPRN) et un règlement d'urbansime définitif sont attendus courant 2019.
Mesures pour la prochaine saison cyclonique
Les deux collectivités ont par ailleurs présenté lundi leurs mesures pour préparer la prochaine saison cyclonique. Saint-Barthélemy, où les principales infrastructures "étaient opérationnelles dans les 48 heures" après le passage d'Irma, "reconduira pour l'essentiel son plan de préparation cyclonique, rodé depuis plusieurs années". Saint-Martin a quant à elle prévu de créer d'ici juin "de nouveaux abris pour sécuriser la population précaire" et de constituer des stocks de vivres et de matériel.