Société - Pour l'OCDE la réussite éducative des élèves immigrés dépend de la qualité du sytème éducatif du pays d'accueil
Dans la lettre "Pisa in focus" d'octobre 2013, intitulée "Que nous apprennent les élèves immigrés au sujet de la qualité du système éducatif ?", l'OCDE affirme que les systèmes éducatifs nationaux jouent un rôle déterminant dans la réussite scolaire des adolescents de 15 ans immigrés. Des adolescents qui possèdent en commun un pays d'origine, et des caractéristiques culturelles forcément communes, issus d'un statut socio-economique identique, évoluent pourtant différemment selon le pays qui les accueille. La raison : la qualité et l'investissement du système éducatif du pays "hôte".
Plus ou moins performants selon le pays d'accueil
Ainsi, des élèves immigrés d'origine russe vivant en Finlande, Allemagne ou en Israël se retrouvent, pour leurs compétences en lecture, dans la moyenne des pays de l'OCDE. Or des élèves d'origine russe ayant le même profil que ceux étudiés précédemment mais accueillis en République tchèque se retrouvent à 30 points en dessous de cette moyenne.
Des élèves immigrés originaires du Royaume-Uni installés en Nouvelle-Zélande sont largement plus performants au niveau scolaire que lorsqu'ils vivent au Luxembourg. Les élèves immigrés d'origine turque sont aux Pays-Bas 45 points en dessous de la moyenne du niveau de lecture dans les pays de l'OCDE et à 115 points en dessous en Autriche.
En moyenne, les élèves immigrés d'origine française qui vont à l'école en Belgique, en Israël ou au Luxembourg sont dans la moyenne de l'OCDE mais se retrouvent au dessus de 35 points de cette moyenne lorsqu'ils étudient en Suisse. Les élèves d'origine allemande se retrouvent en Autriche et au Luxembourg en dessous de 10 points de la moyenne des pays de l'OCDE quand aux Pays-Bas et en Suisse, ils sont 30 points au dessus.
Certains systèmes éducatifs sont davantage outillés pour faciliter l'intégration
Il apparaît ainsi, selon l'OCDE, que certains systèmes éducatifs sont bel et bien davantage outillés pour faciliter l'intégration des étudiants immigrés que d'autres. D'autre part, selon l'étude qui porte sur la période 2000 à 2009, les élèves immigrants réussissent mieux dans des établissements comptant une large proportion d'élèves immigrés et encore davantage si cette proportion provient de catégories socio-économiques de différents niveaux.
D'une manière générale, les élèves étrangers progressent davantage dans les pays où le système scolaire est plus souple et où une politique d'adaptation aux différents niveaux des élèves est mise en place. Ce qui vaut, pourrait-on dire également, pour les élèves autochtones...
Pour l'OCDE, le sytème éducatif du pays d'accueil a donc un rôle prédominant dans la réussite de l'élève immigré en ce qu'il détermine, dans sa façon de l'accueillir et dans les moyens qu'il met à sa disposition, la performance de l'élève, sa faculté à s'intégrer et à trouver un travail dans son pays d'accueil.
A noter que la performance individuelle n'est pas soulevée dans la lettre d'octobre, laissant entendre que seuls les systèmes éducatifs déterminent la réussite ou non de l'élève immigré.
Pas de lien entre nombre d'élèves immigrés et performance de l'école
Parmi les chiffres à retenir de l'étude, la proportion des élèves âgés de 15 ans d'origine immigrée a progressé de 8 à 10% dans 13 pays de l'ODCE entre 2000 et 2009. En Nouvelle-Zélande, au Canada et en Suisse, entre 20% et 25% des élèves sont issus de l'immigration. Ce pourcentage d'élèves issus de l'immigration est plus élevé encore au Liechtenstein (30%), à Hong-Kong (Chine, 39%), au Luxembourg (40%) et au Qatar (46%). Il passe même la barre des 70% à Macao (Chine) et à Dubaï (EAU).
Des proportions importantes qui peuvent avoir des conséquences sur le niveau des autres étudiants ? Non, concluait une étude du Pisa de 2009 "Pour le suivi des acquis des élèves" (en lien ci-contre). Il y était mentionné que "si, dans les pays de l'OCDE, les élèves issus de l'immigration dits de la première génération (soit ceux qui sont nés à l'étranger de parents nés à l'étranger) accusent un score inférieur de 52 points en moyenne au score des élèves autochtones, il n'y a pas de corrélation positive entre l'importance de l'effectif d'élèves issus de l'immigration et, d'une part, la performance moyenne des pays et économies et, d'autre part, l'écart de performance entre les élèves autochtones et les élèves issus de l'immigration". "Ces constats viennent contredire la thèse selon laquelle des taux élevés d'immigration se traduiront inéluctablement par un recul de la performance des systèmes d'éducation", en concluait l'étude.
Sandrine Toussaint
PISA est une enquête menée tous les trois ans auprès de jeunes de 15 ans dans les 34 pays membres de l’OCDE et dans de nombreux pays partenaires. Elle évalue l’acquisition de savoirs et savoir-faire essentiels à la vie quotidienne au terme de la scolarité obligatoire. Les tests portent sur la lecture, la culture mathématique et la culture scientifique et se présentent sous la forme d’un questionnaire de fond. Lors de chaque évaluation, un sujet est privilégié par rapport aux autres. Les premières collectes de données ont eu lieu en 2000, les suivantes en 2003, en 2006 et en 2009. La prochaine publication portera sur la collecte de 2012.