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Tourisme - Pour les gîtes, soixante ans n'est pas l'âge de la retraite

A l'occasion de ses soixante ans, la fédération des Gîtes de France dresse un portrait très précis des 47.000 gîtes qui ont essaimé à travers la France. Au-delà de l'aspect touristique, le réseau des gîtes et maisons d'hôtes génère 646 millions d'euros de chiffre d'affaires et 1,3 milliard d'euros de retombées sur l'économie locale. Pour les collectivités locales, ils représentent quelque 71 millions d'euros en recettes fiscales. Les gîtes jouent de plus un rôle important pour la préservation du patrimoine.

En 1951, le premier gîte rural voyait le jour dans le hameau de Chaudol, perché dans les Alpes-de-Haute-Provence, non loin de Digne. L'initiative en revient au sénateur de ce qui était encore les Basses-Alpes, Emile Aubert, qui y voyait un moyen de préserver le patrimoine des fermes tout en luttant contre l'exode rural. L'engouement suscité par cette première conduisit à la création quatre ans plus tard, en 1955, de la Fédération nationale des gîtes de France. Cette dernière compte désormais 47.000 membres pour 60.000 hébergements et quelque 350.000 lits ! Au fil des ans, la marque "Gîtes de France" s'est imposée dans l'esprit des Français pour devenir la troisième marque de tourisme la plus connue du pays.
Le réseau affiche un chiffre d'affaires de 645,9 millions d'euros auxquels s'ajoutent 1,3 milliard d'euros en retombées indirectes sur l'activité locale, liées notamment à la consommation des touristes lors de leur séjour. Soit un total de 2 milliards d'euros. C'est ce qui ressort d'une large étude sur le poids socio-économique des gîtes de France réalisé par le cabinet MKG Hospitality, publiée à l'occasion des soixante ans de la fédération.
Ainsi, chaque client français dépense en moyenne 20 euros par nuitée mais aussi 44 euros par jour hors hébergement. Un montant qui s'élève à 56 euros pour un touriste étranger. Les résidents en chambre d'hôtes dépensent près de 75 euros par jour, près du double d'un touriste en gîte ou gîte de groupe.
Ces retombées profitent essentiellement aux bars et restaurants avec 27% des dépenses annexes, aux commerces alimentaires (22%), aux boutiques de souvenirs bien sûr (20%), aux activités de loisirs (16%) et, enfin, aux services de transports et stations-service (14%). Ainsi, la moitié des dépenses supplémentaires des clients sont consacrées à l'alimentation ou la restauration, pour un total de 649 millions d'euros. Les propriétaires de gîtes eux-mêmes font vivre les fournisseurs locaux avec 191 millions d'euros d'achats, notamment pour assurer petits déjeuners ou repas dans le cas des tables d'hôtes.
Les gîtes affichent un taux d'occupation moyen de 41%, avec des pics pendant la période estivale pouvant atteindre 96% durant la première quinzaine d'août.

9% des chambres d'hôtes sont en ville

Avec le temps, les gîtes se sont diversifiés. Les campagnes représentent toujours 82% du total des gîtes en France. Parmi ces gîtes ruraux, l'étude dénombre 48.030 gîtes stricto sensu, mais aussi 9.690 maisons d'hôtes et 1.550 gîtes de groupe. Les gîtes "participent au développement du tourisme rural en France et, avec lui, au maintien de l'équilibre d'une vie dans les campagnes françaises", souligne l'étude.
Tous ne génèrent pas les mêmes revenus. Il faut compter 10.740 euros par an pour un gîte, 18.590 euros pour une chambre d'hôtes et 38.370 euros pour un gîte de groupe… Le service de table d'hôtes rapporte en moyenne 5.350 euros supplémentaires.
Les gîtes urbains ont aussi le vent en poupe. De plus en plus de propriétaires de chambres d'hôtes "investissent d'autres centres d'attractivité touristique que sont les villes (9%)", indique ainsi la première édition de l'observatoire des chambres d'hôtes Gîtes de France, réalisé lui aussi pour ce soixantième anniversaire (et qui sera renouvelé tous les deux ans). Cet observatoire fait apparaître que la formule chambre d'hôtes est un complément d'activité dans la majorité des cas, mais 20% des propriétaires en retirent un revenu de 30.000 à 50.000 euros par an.

71 millions d'euros de recettes pour les collectivités

Les gîtes sont aussi une source de revenus pour l'Etat et les collectivités. Condition pour recevoir le label Gîtes de France : tout adhérent doit se déclarer en mairie. L'activité représente quelque 150 millions d'euros de recettes fiscales et de cotisations réparties entre Etat, collectivités locales et organismes sociaux. Les prélèvements représentent en moyenne 3.170 euros par an pour les propriétaires. Ce sont les collectivités qui en profitent le plus avec 71 millions d'euros collectés sous forme de taxe de séjour, de taxes locales directes (foncière, habitation, enlèvement des ordures ménagères) et de taxe d'aménagement lors d'opérations de constructions ou d'agrandissement, voire de changement de destination pour les exploitations agricoles. L'Etat, lui, récolte 41 millions d'euros, essentiellement en impôts sur le revenu et, dans une moindre mesure, en redevance audiovisuelle et en impôts sur les sociétés dans les rares cas où les propriétaires possèdent ce statut. La location touristique est également assujettie aux charges sociales (CSG, CRDS…).
A ces recettes s'ajoutent aussi 317 millions d'euros de TVA.

Sauvegarde du patrimoine local

Au-delà de ces retombées fiscales, les gîtes jouent un rôle en matière d'aménagement du territoire et de sauvegarde du patrimoine local. 3.279 structures ont vu le jour en 2014 dont 2.819 gîtes, 433 maisons d'hôtes et 36 gîtes de groupe. Or, "bien souvent ces créations d'hébergement chez l'habitant permettent de sauver un patrimoine rural voué, sinon à la ruine, du moins à la dégradation", constate l'étude. Ainsi, en 2014, le coût des investissements des propriétaires s'est élevé à 300 millions d'euros. Le coût moyen de création d'un gîte est de 91.000 euros. Il est de 75.000 euros pour une maison d'hôtes et de 276.056 euros pour un gîte de groupe.
Mais une fois créés, les gîtes nécessitent un entretien (peintures, aménagements divers…) qui soutient l'activité locale. Les propriétaires ont ainsi investi 173 millions d'euros dans la rénovation de patrimoine, ce qui entraîne une montée en gamme progressive du parc. "Depuis dix ans, le parc d'hébergements est fortement monté en gamme avec 61,1% de structures classées en 3 épis et plus en 2014", constate le cabinet. Au total, ce sont donc 473 millions d'euros qui ont été investis dans la pierre.
L'étude estime à 31.745 emplois le nombre d'emplois directs ou indirects créés par les gîtes de France : près de 19.000 emplois directs en équivalent temps plein (sur un total de 47.000 propriétaires) et 12.790 emplois indirects ou induits liés à la consommation des touristes, aux chantiers de rénovation ou aux services proposés…

 

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