Port-Jérôme-sur-Seine au chevet des familles ukrainiennes
Ville de 10.000 habitants, la commune de Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime) s’est activement mobilisée pour accueillir des familles ukrainiennes, avec l’appui de l’intercommunalité.
Les grandes métropoles n’ont pas été les seuls points de chute des familles fuyant l’Ukraine depuis le début du conflit. Des communes de plus petite taille comme Port-Jérôme-sur-Seine ont aussi vite vu arriver des déplacés ukrainiens. Informée par des habitants partis chercher des familles, cette commune de Seine-Maritime, de quelque 10.000 habitants, s’est mobilisée pour organiser leur accueil dès le mois de mars. Depuis, 60 ressortissants ukrainiens s’y sont installés, selon Hélène Briffault, adjointe aux Solidarités de Port-Jérôme-Sur-Seine.
La commune s’est activement mobilisée pour leur hébergement, en mettant à disposition des logements de fonction inoccupés qu’elle prévoit de vendre, ainsi que des chambres vacantes dans une résidence autonomie gérée par la ville et appartenant à un bailleur social, prévenu de l’initiative. La ville s’est appuyée sur l’élan de générosité des habitants pour équiper ces studios en mobilier. Elle a créé une association, Solidarnist, pour réceptionner leurs dons en nature ou en argent et coordonner l'aide apportée.
Alors que des villes comme Paris ou Strasbourg ont monté des centres de premier accueil où les services de la préfecture étaient présents pour délivrer la protection temporaire aux déplacés ukrainiens, tel n’était pas le cas à Port-Jérôme-sur-Seine. Elus et agents de la commune ont eux-mêmes mis la main à la pâte pour préparer les démarches administratives et organiser le transport vers la préfecture de Rouen, à 65 kilomètres de là. Face au délai d’attente pour recevoir l’allocation des demandeurs d’asile à laquelle les déplacés ukrainiens ont droit, “on a fait appel aux associations caritatives”, explique l’adjointe aux Solidarités de la commune. Selon leur compétence, les élus ont ensuite organisé le suivi des familles, en matière de santé (en organisant des visites médicales à l’hôpital) ou de scolarisation. "Chacun a apporté sa technicité", se satisfait Hélène Briffault.
Bilan de compétences des adultes et CEJ
La commune de Port-Jérôme s’est aussi appuyée sur la communauté d’agglomération Caux Seine Agglo. Un bilan de compétences des adultes en âge de travailler a été effectué par la maison des compétences rattachée à la communauté d’agglomération. "On essaie au moins d’identifier les potentiels pour voir ce qu’on peut faire", détaille l’élue locale. Pour l’heure, aucune personne déplacée n’a encore trouvé de nouvel emploi. "Leur souhait est de travailler au plus vite, mais ce qui pose problème, c’est la barrière de la langue", ajoute Hélène Briffault. Le Secours catholique se charge des cours de français. Alors que le décret du 28 avril 2022 accorde aux bénéficiaires de la protection temporaire la possibilité de suivre une formation au français, l’arrêté du 3 mai 2022 en précise les modalités d’accès (lire ci-dessous).
Trois jeunes Ukrainiens sont également pris en charge par la mission locale intercommunale du pays de Caux, située dans la ville voisine : ils ont signé un contrat d’engagement jeune, selon l'élue.
Les capacités d’hébergement de la commune étant désormais saturées, les maires de la communauté d’agglomération se concertent pour mobiliser des nouveaux hébergements en fonction des arrivées communiquées par la préfecture. Le dossier est ainsi géré au niveau du service risques majeurs de l’intercommunalité, qui recense les capacités d’accueil du territoire pour orienter les Ukrainiens vers d’autres lieux d’hébergement disponibles. 14 ressortissants ukrainiens ont ainsi rejoint le territoire, et 15 autres sont encore attendus.
"Tout se joue à l’échelle locale", constate Intercommunalités de France La réaction des pouvoirs publics face aux arrivées des ressortissants ukrainiens a été rapide. Dans certaines grandes villes dont Strasbourg, des centres de premier accueil ont été mis sur pied pour accueillir les personnes déplacées et fluidifier leurs démarches pour obtenir la protection temporaire, l’Etat se chargeant ensuite de l’hébergement. "On a mis à disposition une salle municipale, où sont réunis les services de la ville (PMI), mais aussi les services de la préfecture pour la protection temporaire. L’association Foyer Notre Dame oriente vers l’hébergement et la Croix-Rouge identifie les besoins médicaux", témoigne Floriane Varieras, adjointe à la maire de Strasbourg en charge de la ville inclusive. Ce centre, toujours ouvert, est beaucoup moins fréquenté qu’au début du conflit. Les réunions entre la cellule interministérielle de crise consacrée à l'accueil des déplacés d'Ukraine et les associations d’élus, un temps hebdomadaires, se sont interrompues. "Maintenant, tout se joue à l’échelle locale", estime Romain Briot, responsable du pôle cohésion sociale et territoriale d'Intercommunalités de France (ex-AdCF), qui réclame une information "précise" de l’Etat sur le profil des réfugiés ainsi qu’un accès "simplifié aux démarches administratives", tant pour la protection temporaire que pour d’autres démarches, comme l’obtention du permis de conduire. C. AEK. |
Formation au français : l’évaluation des compétences nécessaires L’arrêté du 3 mai 2022 dispose "qu’une évaluation des compétences écrites et orales en français du bénéficiaire de la protection temporaire est réalisée, en référence au cadre européen commun de référence pour les langues du Conseil de l’Europe .../…par un organisme prestataire de formation linguistique sélectionné par l'Office français de l'immigration et de l'intégration au terme d'une procédure de marché public".
C. AEK |