Société - Politique familiale : la France occupe une position plutôt favorable, selon l'OCDE
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) reconnaît, dans le premier chapitre de son rapport intitulé "Assurer le bien-être des familles", que "la France occupe une position favorable sur plusieurs dimensions". Les Françaises, avec un taux de fécondité (2,0 enfants/femme) supérieur à la moyenne de l'OCDE (1,7), situent la France dans les pays ayant la plus forte natalité devant le Royaume-Uni, la Finlande et la Suède (1,9 chacun), la Belgique, le Danemark et les Pays-Bas (1,8) et, entre autres, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne (1,4). Ce qui lui permet de s'assurer, contrairement à une majorité des pays étudiés, un renouvellement générationnel (atteint à au moins 2 enfants/femme). Autre bon point délivré, celui de l'investissement financier et en nature en direction des familles. Si le pourcentage du PIB consacré dans les Etats membres de l'OCDE (voir liste ci-dessous) à l'aide aux familles est très inégal (2,4% du PIB en moyenne), la France fait là aussi figure de bon élève avec 3,8% de son PIB, sous la forme de différentes aides : prime à la naissance, avantages fiscaux, congés parentaux, crèches, protection des enfants... "Ce qui représente dans les faits un investissement de 54.600 dollars par an et par enfant de moins de 6 ans", précise l'OCDE.
Si l'investissement français est supérieur à la moyenne des pays étudiés, le rapport souligne une baisse, ces dernières années, de la prise en charge à l'école maternelle des petits de deux ans ainsi qu'un sous-développement des modes de garde extra-scolaires. Ceci alors même que, assure l'OCDE, "investir dans les politiques familiales à un stade précoce et poursuivre les investissements tout au long de l'enfance" est l"'investissement le plus efficace". Et l'organisation d'assurer qu'en termes de services de garde d'enfants, "un niveau de qualité élevé contribue à l'amélioration du développement cognitif, en particulier chez les enfants de ménages défavorisés".
Pré-scolariser les enfants, c'est aussi permettre une égalité homme-femme sur le marché du travail. Si 64,9% des mères françaises travaillent (61,4% en moyenne dans les Etats membres), il leur est pourtant dans bien des cas difficile d'assurer leur retour à l'emploi, surtout si elles sont mères de trois enfants et plus (38% de ces mères travaillent en France, contre 44% dans le reste de l'OCDE). Si on note une moyenne de 15 points d'écart en faveur des hommes (85,5% des hommes travaillent pour 70,9% des femmes), la France se situe là encore dans les tout premiers avec une différence moindre (11 points). L'organisation relève en revanche, dans notre pays, le peu d'incitation pour les pères à prendre un congé parental et préconise, à l'instar de ce qui se fait chez nos voisins allemands, un congé "pas trop long et bien rémunéré".
Plus d'un enfant sur dix vit dans un ménage pauvre
Plus globalement, le rapport montre que dans les pays de l'OCDE, le schéma classique familial a changé ces trente dernières années. Un des faits marquants est sans aucun doute l'espérance de vie qui est en moyenne de 79,2 ans (les deux sexes confondus). Avec une moyenne de 81,2 ans, la France se classe parmi les pays ayant l'espérance de vie la plus longue, la palme revenant sans surprise au Japon qui culmine à 82,7 ans en moyenne.
Mais le grand bouleversement aura été l'accès des femmes aux études et au marché du travail. L'emploi féminin dans l'OCDE a progressé en quinze ans de plus de dix points : les femmes étaient près de 60% à travailler en 2009, alors qu'elles étaient à peine 50% au milieu des années 90. Un meilleur accès aux modes contraceptifs et l'envie de s'établir professionnellement ont fait reculer l'âge du premier enfant, celui-ci passant de 24 ans en moyenne en 1970 à 28 ans en 2010. La France se situe dans cette moyenne quand certains pays se situent au dessus : 30 ans en Italie, au Royaume-Uni et en Allemagne. La conséquence est une prédominance des foyers avec 1 ou 2 enfants dans ces pays (40% dans chaque cas), la proportion des foyers avec 3 enfants ou plus étant en dessous de 20%.
Les mariages en baisse et le taux de divorce en hausse ont engendré un nombre croissant de foyers monoparentaux et des risques de pauvreté notamment infantile en hausse. Des risques d'autant plus importants lorsque le parent ne travaille pas.
La vulnérabilité économique des familles est, selon le rapport, liée à l'incapacité de faire coïncider la vie familiale et le travail. Si dans les pays étudiés, 80% des enfants vivent dans des foyers où au moins 1 parent travaille à temps plein, le pourcentage des enfants vivant dans un foyer où les deux parents travaillent est également élevé (en particulier en Slovénie, Portugal et Etats-Unis, où 60% des enfants vivent dans des foyers où les deux parents travaillent). Le rapport relève également que le taux de pauvreté est plus élevé dans un foyer monoparental, même lorsque le parent exerce un métier, que dans un foyer où les deux travaillent.
Face à la crise économique, l'OCDE insiste sur la nécessité de dispenser des aides aux plus vulnérables. Si plusieurs pays comme la France investissent plus de 3% de leur PIB en faveur des politiques familiales (Belgique, Luxembourg, Islande, Danemark, Suède, Royaume-Uni), les mauvais points sont distribués au Chili et au Mexique, entre autres, où le gouvernement dépense moins de 1%.
Si le taux de mortalité infantile a considérablement chuté grâce aux politiques sanitaires mises en place par les pouvoirs publics dans les différents pays de l'OCDE, en revanche, en l'espace de dix ans, la proportion d'enfants vivant dans des ménages pauvres s'est accrue dans plusieurs pays, et atteint désormais 12,8 % dans l'ensemble des pays de l'OCDE. Un enfant sur cinq vit dans la pauvreté en Israël, au Mexique, en Turquie, aux Etats-Unis et en Pologne (l'OCDE qualifie une personne de pauvre lorsqu'elle vit dans un ménage percevant moins de la moitié du revenu médian, compte tenu de la taille de la famille). La France se situe dans la fourchette basse avec moins d'un enfant sur dix.
La conclusion de l'Organisation, au terme de son rapport, tient dans les propos de son secrétaire général, Angel Gurria : "Les prestations familiales doivent être bien conçues pour maintenir les incitations au travail, mais elles doivent aussi protéger effectivement les plus vulnérables, sans quoi nous risquons de générer des coûts élevés et de long terme pour les générations futures."
Sandrine Toussaint
L'OCDE
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Les pays membres sont : Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Bulgarie, Canada, Chili, chypre, Corée, Danemark, Espagne, Estonie, Etats-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Israël, Italie, Japon, Lituanie, Luxembourg, Malte, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République slovaque, République tchèque, Roumanie , Royaume-Uni, Slovénie, Suède, Suisse, Turquie.