Archives

Tourisme - Plus de 6 millions de personnes attirées par le tourisme de mémoire

Avec 6,2 millions de visiteurs en 2010, les sites mémoriels témoins de l'histoire contemporaine ont généré un chiffre d'affaires de 45 millions d'euros selon une enquête d'Atout France présentée aux Assises du tourisme de mémoire. Les collectivités se préparent d'ores et déjà pour la commémoration du 100e anniversaire en 2014 du début de la Première Guerre mondiale. Une convention en vue de la labellisation des sites a été signée entre le ministère de la Défense et celui du Tourisme.

Le tourisme de mémoire, organisé autour de sites historiques relatifs aux conflits contemporains, a attiré 6,2 millions de personnes en France en 2010, selon une enquête réalisée à la demande des ministères de la Défense et de l'Economie et des Finances par l'agence Atout France. Présentée le 26 mai 2011, lors des premières assises du tourisme de mémoire au Sénat (voir encadré ci-dessous), l'étude avait pour objectif d'évaluer le poids économique de cette filière. L'enquête a porté sur 185 sites mémoriels dont l'entrée est payante et qui disposent de services annexes marchands, comme des boutiques ou des services de restauration. "Le chiffre d'affaires global direct, c'est-à-dire généré au sein des sites de la filière, est de 45 millions d'euros", ont noté les auteurs ajoutant que "les sites mémoriels payant ont directement généré 1.050 emplois (équivalent temps plein) en 2010", et que leur activité "a mobilisé au total 3.000 personnes dont 1.000 bénévoles". Les 17 sites principaux, situés essentiellement de la Normandie à l'Alsace, théâtres des combats des deux guerres mondiales ont rassemblé 4 millions de visiteurs. 65 autres sites ont comptabilisé 260.000 visites. Toujours selon cette étude, 89% des entrées étaient payantes, soit plus de 5,5 millions de billets vendus, et 60% des visites étaient le fait d'une clientèle individuelle. Les scolaires, français et étrangers (principalement venus de Grande-Bretagne, d'Allemagne, de Belgique, des Pays-Bas et des Etats-Unis), ont représenté 24% du total des entrées. A noter également que cette filière est relativement récente, 80% des sites payants ayant été ouverts en France après 1980, dont 25% dans les années 2000.
Le ministère de la Défense et des Anciens combattants a la responsabilité de l'ensemble des 189 sites établissements classés. Le territoire national a été divisé en sept "territoires de mémoire" présentant "une densité historique et mémorielle différente en fonction de la géographie des guerres ou des enjeux politiques" : Ile-de-France, Nord, Grand Est, Ouest, Sud, Sud-Est, Sud-Ouest. Dans chacun des territoires ont été tracés des "chemins de mémoire" organisés autour de quatre thématiques : la fortification (XVIe-XXe siècles) ; la guerre franco-prussienne de 1870-1871 ; la Première Guerre mondiale 1914-1918 ; la Seconde Guerre mondiale 1939-1945. Pour chacune de ces thématiques, des pôles d'intérêt ont été déterminés.  Il s'agit des champs de bataille, du patrimoine architectural, des monuments et sépultures mais également des musées ou des ressources scientifiques, archives et bibliothèques.

Pour le 100e anniversaire de 14-18

Pour les collectivités locales, l'enjeu est maintenant d'être prêtes pour 2014 et le 100e anniversaire du début du premier conflit mondial, durant l'été 1914, pendant lequel auront lieu des manifestations qui devraient attirer de très nombreux visiteurs, français et étrangers. La Première Guerre mondiale est en effet au coeur de ce tourisme mémoriel inscrit dans une démarche culturelle, patrimoniale et touristique. Un siècle après, la visite d'un site de 14-18 se fait en famille comme celle d'un site antique ou d'un champ de bataille napoléonienne. "Il est beaucoup plus facile de parler de tourisme de mémoire quand il s'agit de la Première Guerre mondiale. Les sites de la Seconde Guerre mondiale sont des lieux de souffrance", a souligné Serge Barcellini, contrôleur général des armés, directeur de la mission histoire auprès du conseil général de la Meuse, lors de son intervention aux assises. Pour les élus, le centenaire de 14-18 doit permettre d'"accrocher les jeunes générations" pour assurer la transmission de la mémoire. "Le 100e anniversaire va se dérouler au coeur du miracle de la paix européenne, qui doit être mis en avant", a pour sa part expliqué Daniel Percheron, président PS du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais pendant les assises. Et de souligner "la dimension universelle" de l'événement.
Les municipalités se préparent donc. Ainsi, le 11 novembre prochain, le pays de Meaux (Seine-et-Marne) doit inaugurer sur 7.000 m2 un musée de la Première Guerre qui utilisera les technologies les plus modernes. "C'est un musée à la fois d'histoire et de société, pour aider à comprendre le monde contemporain", a affirmé le maire de Meaux, Jean-François Copé au Sénat. D'autres "hauts lieux de mémoire" demeurent quant à eux dédiés au souvenir et au recueillement, comme le mémorial et la clairière des fusillés du mont Valérien, près de Paris, ou celui de l'ancienne prison de Montluc à Lyon. "Cette journée est la réaffirmation de l'engagement des collectivités dans les chemins de mémoire et dans leur volonté de les mettre en valeur, a résumé Joseph Zimet, adjoint à la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA). Ce tourisme rapporte à tous les égards: histoire, culture, économie... Il permet de mieux comprendre le passé et participe à la formation de la conscience citoyenne."

Catherine Ficat

Trois tables rondes, une convention Défense/Tourisme
Trois tables rondes se sont succédé lors de ces premières Assises du tourisme de mémoire. La première a été l'occasion de présenter quelques équipements muséographiques dont le musée de la Grande Guerre qui sera inauguré à Meaux (Seine-et-Marne) le 11 novembre 2011 ou encore les projets de création d'équipements mémoriels transfrontaliers : l'exemple franco-allemand du Hartmannswillerkopf (montagne des Vosges). La seconde a donné la parole aux professionnels de la filière du tourisme pour évoquer notamment l'importance des nouvelles technologies de l'information et de la communication vis-à-vis du grand public et en particuliers des plus jeunes. La troisième table ronde a été consacrée aux musées et aux mémoriaux avec pour principal objectif une meilleure compréhension des attentes des visiteurs.
Au terme de cette journée, une convention relative au tourisme de mémoire a été signée par Eric Lucas, directeur de la mémoire, du patrimoine et des archives, ministère de la Défense et des Anciens combattants, et Catherine Gras, directrice adjointe de la Compétitivité, de l’Industrie et des Services, ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie. "La finalité de ce texte est de donner de véritables atouts aux sites mémoriels dans le domaine de l'amélioration de l'accueil du public et de la formation des personnels pour aboutir à la mise en place d'une labellisation des sites", selon le communiqué des deux ministères. D'autres actions seront entreprises en matière de valorisation et de promotion des sites, "en particulier avec le développement des nouvelles technologies de l'information et de la communication (bornes interactives, applications smartphones, réalité augmentée...) pour toucher le plus large public possible", ont annoncé les signataires.
 

 

Pour aller plus loin

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis