Environnement - Plan climat : Nicolas Hulot défend sa vision au Sénat
Une semaine après avoir dévoilé le Plan climat du gouvernement, le ministre de la Transition écologique et solidaire en a exposé les principales mesures aux sénateurs, réunis le 12 juillet au sein de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable.
Auditionné le 12 juillet par la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable du Sénat, Nicolas Hulot a confirmé les orientations politiques du gouvernement en répondant pour commencer aux interrogations des sénateurs sur l'annonce de fermeture des 17 réacteurs nucléaires : "Je n’ai pas dit qu’on allait les fermer mais qu’il y a une loi, celle de transition énergétique, et que si on l'applique et jauge ses effets, tous les scénarios doivent être étudiés pour tenir l'objectif inscrit de réduction de la part de l'atome dans la production d'électricité." Pour cela, "il faut une méthode, un débat serein, transparent, ne dissimulant rien sur la complexité des enjeux", exige le ministre. Et bannir les annonces abruptes - "dire qu'on va fermer Fessenheim est brutal, relevait du symbole mais ne convient pas à ma méthode" - pour tendre vers une stratégie, en passant au préalable tous les paramètres en revue.
Connaître avant d'agir
Nicolas Hulot pointe le "besoin de connaissance" avant d'agir et de trancher, car "il faut travailler ensemble à ces scénarios de fermeture, connaître la situation de chaque centrale, la rentabilité économique de chaque réacteur, les emplois en jeu et le potentiel de reconversion des sites et ce, territoire par territoire". Partisan d'une vision positive de la transformation de notre modèle énergétique, il invite à ne pas la voir uniquement comme une contrainte mais sous un jour positif. Sans pour autant négliger le travail à faire sur l'acceptabilité sociale. Soulignant sa "foi dans les énergies renouvelables", il promet de mettre son ministère en marche pour "comprendre certains verrous" et que le pays tire mieux parti de ces alternatives et s'approvisionne "avec le soleil, le vent, les marées". Et veut en finir avec l'exploration d'hydrocarbures en France, "y compris en métropole où nombre de projets ressortent du chapeau". Pour les permis déjà accordés, le levier sera la négociation, au cas par cas. Pour le reste un projet de loi sera vite prêt, dès l'été a précisé le ministre, en vue d'une loi d'ici l'automne qui modifiera le code minier pour empêcher tout nouveau permis en France.
Parer au plus pressé
"Autre enjeu sur lequel l'échéance ne peut être repoussée, la question santé-environnement, priorité de notre feuille de route commune avec la ministre de la Santé Agnès Buzyn, avec qui nous allons définir une méthode", a-t-il poursuivi. Sur d'autres enjeux comme la rénovation énergétique et la jungle des dispositifs d'aide et d'incitation, le ministre promet de s'atteler à trier le bon grain de l'ivraie et d'évaluer "ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas". Concernant la dynamique des territoires, il a souligné leur capacité d'expérimentation et à faire émerger tous secteurs confondus des projets innovants. Mais un tel discours passera mal auprès des élus des Hauts-de-France, échaudés par de récentes déclarations gouvernementales sur la mise en pause du projet du Canal Seine-Nord. Maintes fois reporté, les travaux devaient bientôt démarrer. "Sur ce sujet j'ai des instructions. Qui dit suspendre ne veut pas dire stopper - mais prendre le temps de faire des choix. Une chose est sûre, on ne pourra pas tout faire ni prendre des engagements que l'Etat ne pourra ensuite tenir", a t-il conclu.