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Fonction publique - Philippe Laurent : "Le débat sur la fonction publique doit être contradictoire"

Le président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale s'inquiète des "discours populistes" que tiennent certains candidats à la primaire de la droite sur le thème de la fonction publique. Il a répondu aux critiques lors d'une conférence de presse.

Réagissant ce 7 septembre à des propositions chocs des candidats à la primaire de la droite, Philippe Laurent, maire de Sceaux et président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT), a appelé d'ici l'élection présidentielle à la tenue d'un "débat contradictoire sur la fonction publique", qui doit d'abord porter sur le service public.
Augmentation du temps de travail à 37 heures ou 39 heures, réduction drastique des effectifs d'agents (300.000 pour l'un, 600.000 pour un autre), suppression du statut de la fonction publique territoriale, non-remplacement obligatoire d'un fonctionnaire territorial sur deux partant en retraite, alignement des règles de départ en retraite sur celles du privé… certains des prétendants à la fonction présidentielle ne font pas dans la demi-mesure.

"Un fonctionnaire n'est pas qu'une charge"

"On attaque et on critique beaucoup", a constaté Philippe Laurent, regrettant que les discours "ne laissent pas place à la défense". Autrement dit, "il n'y a pas de place pour un débat contradictoire sur la question de la fonction publique". Ce qui gêne aussi le président du CSFPT : la présentation de la fonction publique "comme une source de dépense", alors qu'elle est aussi le moyen de "fournir un service". En outre, les détracteurs de la fonction publique "ne nous disent pas où ils trouvent les postes qu'ils comptent supprimer, dans quels domaines et filières". Il ajoute : "On ne nous dit pas si la suppression des postes va mener à une diminution du niveau de service, ou si le service va être assuré différemment, par exemple par des associations ou des entreprises."
Pour Philippe Laurent, "s'il doit y avoir un débat", il doit porter "sur le service public", donc "sur l'organisation de la société que les Français souhaitent". Or, "ce débat n'est pas posé".
"La France a fait le choix de confier les fonctions collectives au service public donc à la fonction publique. Au CSFPT, nous pensons que c'est le bon choix", a souligné l'édile. Il a ajouté que les associations d'élus locaux - dont l'Association des maires de France - qui représentent les employeurs locaux, sont elles aussi favorables au maintien du statut des fonctionnaires.

"Le statut protège aussi les employeurs"

En l'absence d'un statut, des conventions collectives existeraient de toute façon pour les agents et celles-ci pourraient être "plus protectrices", estime le maire de Sceaux. Ce dernier cite en exemple les salariés des banques dont les conditions d'emploi sont très encadrées. Dans un univers plus proche des collectivités, les animateurs des maisons des jeunes et de la culture (MJC) bénéficieraient eux aussi d'une convention collective avantageuse. "Les animateurs de ces structures refusent souvent d'être employés dans les mairies, car ils sont mieux rémunérés là où ils sont", indique Philippe Laurent. Qui conclut : "Le statut est certes protecteur pour les agents, mais il l'est aussi pour les employeurs", les mettant à l'abri en particulier des revendications salariales de leurs employés.
Alternative aux propositions des candidats de droite, le livre blanc de la fonction publique territoriale que le CSFPT a adopté en juillet (voir notre article du 7 juillet 2016) "objective la situation" et "avance des propositions réalistes et réalisables", a souligné Philippe Laurent. Issu d'un travail commun de l'ensemble des représentants des employeurs et des organisations syndicales membres du CSFPT, le document pointe des "questions fondamentales" comme les reclassements professionnels, la formation des agents, ou encore la situation complexe des départements ultra-marins. Par ailleurs, s'agissant de la lutte contre les discriminations à l'embauche, sujet sur lequel le professeur L'Horty a récemment remis un rapport au gouvernement (voir notre article du 13 juillet 2016), "il y a beaucoup à faire encore", a estimé le président du CSFPT. Enfin, le management doit progresser. "Il existe des lacunes dans ce domaine auxquelles il convient de remédier", a-t-il indiqué.

 

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