Culture - Patrimoine : les moulins ne vont pas trop fort
Profitant à la fois des récentes Journées du patrimoine et du début de l'examen en première lecture, à l'Assemblée nationale, du projet de loi relatif à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine, la Fédération française des associations de sauvegarde des moulins (Ffam) en appelle à la ministre de la Culture pour sauver ces éléments du patrimoine. En l'occurrence, ceux-ci - qui appartiennent le plus souvent à des propriétaires privés ou à des collectivités - ne sont pas menacés par le manque d'intérêt ou de crédits.
10.000 à 20.000 seuils et barrages menacés d'ici à 2018 ?
Selon la FFAM, la menace vient du côté environnemental et, plus précisément, de la directive cadre européenne (DCE) 2000 sur l'eau, qui oblige les Etats membres à obtenir le bon état écologique et chimique des masses d'eau. Or, pour y parvenir, la France - qui a accumulé un retard certain sur le volet des pollutions chimiques des eaux - a classé une grande partie de ses cours d'eau sur la liste 2 prévue par l'article L.214-17 du Code de l'environnement.
Selon la Ffam, le mode d'exécution du classement des rivières menacerait de 10.000 à 20.000 seuils et barrages en France d'ici à 2018. Dans un communiqué, la Fédération se fait à la fois plus large et plus virulente, évoquant le "ras-le-bol devant les contrôles incessants de la 'police de l'eau'". Elle estime que "depuis dix ans, les 60.000 propriétaires de moulins subissent des contrôles incessants [...] se traduisant par des décisions économiquement aberrantes, coûteuses pour les finances publiques et écologiquement absurdes". Elle dénonce notamment des "travaux aussi absurdes que coûteux [...] imposés à leurs propriétaires, jusqu'à plusieurs centaines de milliers d'euros", comme la suppression de prises d'eau ou la mise en place d'ascenseurs à poissons.
Un moratoire et une concertation
La Ffam met également en cause la consigne qui aurait été donnée par le ministère de l'Ecologie "chaque fois que c'est possible, de procéder à la destruction des seuils de moulins, considérés comme des obstacles à la continuité écologique et au bon état des cours d'eau". Non sans un certain bon sens, elle fait remarquer que "détruire le seuil, c'est détruire l'identité du moulin".
Les propriétaires de moulins en appellent donc à la ministre de la Culture "pour la prise en compte d'une 'exception culturelle' visant à exempter les moulins de ces contraintes excessives qui mettent en péril le patrimoine historique, touristique et culturel de la France".
La Ffam propose aux élus locaux, aux institutions et aux "personnalités de la société civile" de signer une demande de moratoire sur l'exécution des classements. Elle demande aussi la nomination d'une "commission de travail ouverte à l'ensemble des parties prenantes pour définir les conditions d'une mise en œuvre, plus équilibrée de la continuité écologique".