"Pas de transition écologique sans développement des transports collectifs et singulièrement du train", alertent les vice-présidents de région
Dans une tribune publiée dans Le Monde ce 13 juillet, les douze vice-présidents de région de France métropolitaine en charge des transports alertent sur la baisse de fréquentation des transports publics liée à la crise sanitaire. Dans le cadre du plan de relance, ils appellent à la rénovation des infrastructures ferroviaires, qu'ils jugent essentielles pour assurer une bonne mobilité entre les territoires.
"Pas de transition écologique sans développement des transports collectifs et singulièrement du train" : tel est le titre de la tribune signée par les douze vice-présidents de région de France métropolitaine, chargés des transports, publiée dans Le Monde ce 13 juillet. Ils s'inquiètent de la baisse de fréquentation des transports publics liée à l'épidémie de Covid-19 qui affecte tout particulièrement ceux des zones urbaines denses mais aussi les "trains peu surchargés en temps normal : ceux qui relient les métropoles aux villes moyennes, et les villes moyennes aux espaces ruraux", qui sont pour l'essentiel de la responsabilité des régions, à savoir les transports express régionaux (TER).
"Le choc de l’apparition épidémique passé, verra-t-on une conjugaison durable entre un télétravail étendu et un désamour marqué pour les transports publics ?" : la question taraude tous les professionnels des mobilités, pointent les élus, de tous bords politiques. Selon eux, certains de ces professionnels répondent "sans attendre, par l'affirmative", en demandant d’accélérer l’abandon des lignes ferroviaires les moins "rentables" et en invitant aussi les financeurs des transports collectifs à réorienter leurs priorités "vers le vélo et les modes doux, pour les plus 'verts', vers l’automobile, pour les plus climatosceptiques".
"Insoluble équation du modèle économique"
"Les transports publics régionaux sont soumis à une insoluble équation de leur modèle économique : 1,7 à 2,2 milliards d’euros de pertes de recettes du fait de leur moindre fréquentation, 1 milliard d’euros de perte de recette fiscale en Ile-de-France, augmentation du coût d’usage des infrastructures et des gares, retards et surcoûts d’investissements, ce sont plus de 3,5 milliards d’euros d’incertitudes qui pèsent en 2020 sur les budgets transports des régions et d’Ile-de-France Mobilités", rappellent-ils. Dès lors, "la crise épidémique est bien commode pour qui veut de longue date sonner le glas du mode de transport terrestre le plus lourd et apparemment le plus coûteux : le train", relèvent-ils. Pourtant, soulignent-ils, si "le désenclavement n’est pas une condition suffisante pour assurer la prospérité d’une ville ou d’une région, il en reste pourtant une condition nécessaire, par la ou les solutions de mobilité les plus pertinentes pour chaque territoire, dont le train, mais également les transports routiers interurbains et l’avion." " Prenons garde à ce qui court sous la 'démobilité', ce mot à la mode : l’occasion de renoncer un peu plus à tout aménagement du territoire ? La mobilité est une des composantes de notre devise de liberté, nous refusons toute forme d’assignation dans les territoires", affirment les élus.
Selon eux, "toute politique de lutte contre le réchauffement climatique passe (…) par un volontarisme signalé pour développer les transports collectifs comme alternative principale (mais non exclusive) à l’autosolisme." "La France est à la croisée des chemins en matière d’infrastructures ferroviaires ! Après des décennies de sous-financement de l’entretien du réseau et malgré des efforts réels depuis 2003, il ne suffira pas de remettre verbalement en cause le 'tout-TGV' pour que les trains du quotidien puissent continuer à emprunter des voies mal entretenues, aux aiguillages souvent obsolètes, des territoires les moins denses au cœur des métropoles".
Impact économique "essentiel"
De plus, les transports publics ont "un impact essentiel sur notre économie", arguent-ils. "Les régions contribuent à l’organisation d’un marché, non délocalisable, des transports publics régionaux de plus de 17,5 milliards d’euros par an, et y investissent plus de 3,2 milliards d’euros par an. Elles soutiennent ainsi plus de 350.000 emplois directs et indirects en France, et une filière ferroviaire exportant chaque année plus de 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
"Nous partageons toutefois la conviction qu’il ne saurait y avoir demain de transition écologique ambitieuse sans développement des transports collectifs et singulièrement du train, martèlent-ils. Nous entendons veiller à ce que le prétexte de la crise épidémique ne justifie pas un abandon discret des territoires à leur destin, en réservant les transports collectifs aux seuls espaces métropolitains." "Le défi de la rénovation des infrastructures ferroviaires concerne aussi bien les lignes de desserte très fréquentées des métropoles que les lignes de desserte fines du territoire. C’est à l’échelle de la nation qu’il doit pleinement trouver sa place dans un plan de relance ambitieux, écologique, innovant", concluent-ils.