Hébergement d'urgence en Ile-de France - Paris demande un territoire régional de solidarité
La ministre du Logement, Christine Boutin, a installé, le 20 novembre, la conférence régionale sur l'hébergement des personnes sans abri en Ile-de-France. Une semaine après l'installation du comité de pilotage "Etats généraux du logement en Ile-de-France", les élus de la région, sous la présidence du préfet de région, se sont retrouvés pour lancer la réflexion sur les conditions de rénovation du dispositif du plan d'action renforcé pour les sans-abri (Parsa), lancé en janvier 2007 dans le cadre de la mise en oeuvre du Dalo.
La loi du 5 mars 2007 a prévu dans son article 2 que les communes (en fonction du nombre d'habitants) doivent s'engager à financer un certain nombre de places d'hébergement. Dans son article 4, elle ajoute que "toute personne accueillie dans une structure d'hébergement d'urgence doit pouvoir y demeurer, dès lors qu'elle le souhaite, jusqu'à ce qu'une orientation lui soit proposée". Au-delà des constructions, des rénovations ou des transformations de places de logement d'urgence, la loi Dalo va imposer une réflexion approfondie en terme de fluidité de la chaîne d'accès au logement... Un effet de cascade qui va imposer un lien très fort avec l'ensemble de la problématique du logement social. Pour le moment, les deux groupes de travail mis en place le 20 novembre s'attacheront, pour le premier, à l'application immédiate du plan hivernal et, pour le second, à l'évolution des dispositifs de veille sociale et d'hébergement.
Un financement à plusieurs
"Depuis plusieurs années nous demandions la réunion de cette conférence régionale", déclare Jean-Yves Mano, adjoint au maire de Paris chargé du logement. C'est donc une très bonne chose." En Ile-de-France, malgré les créations de places, l'hébergement d'urgence est le plus souvent en limite de saturation jusque dans les départements de grande couronne, reconnaît la préfecture de région. Pour autant, rappelle-t-elle à l'occasion de la mise en place de la conférence régionale, l'Etat a consacré entre 2005 et 2007 un budget en augmentation de 193 millions d'euros à 248 millions d'euros. L'Etat finance 29.000 places d'hébergement (21.800 places généraliste et 7.168 places d'hébergement spécialisé). Les collectivités locales ne sont pas en reste. La région Ile-de-France annonce entre 1999 et 2006 le soutien à près de 3.330 places créées ou réhabilités en faveur des personnes sans abri et 1.077 places pour les femmes en difficulté (voir encadré ci-dessous). Pour Jean-Yves Mano, "sans la participation de la ville, il n'y aurait pas de logement d'urgence même si la gestion reste sous la responsabilité de l'Etat. Pour la prochaine mandature, nous nous sommes engagés à financer 1.500 places."
Donner à l'Etat les permis de construire
"Nous avons aujourd'hui une place d'hébergement pour 472 habitants contre une pour 1.718 dans les autres départements franciliens", ajoute l'élu parisien. Là encore, se pose la question d'une nécessaire coordination entre collectivités au niveau régional. "Les communes sont en charge des permis de construire, à l'Etat de coordonner le dispositif et d'imposer une meilleure répartition entre les territoires en prenant cette compétence dans les communes défaillantes." Pour l'adjoint au maire chargé du logement, l'article 2 de la loi Dalo va imposer à l'Etat de prendre des "mesures draconiennes". "Il ne suffit pas d'avoir la délégation des aides à la pierre si la volonté politique est absente. Il faut construire un territoire régional solidaire permettant enfin de cibler les lieux, les catégories de personnes, les structures d'accueil adaptées... On ne mettra plus alors les gens dans des hôtels", conclut Jean-Yves Mano. D'autant plus, comme le reconnaît la préfecture de région, que la mise en place de solutions d'hébergement durable facilitera une nouvelle répartition spatiale. Le chemin devrait être long. Pour cette première rencontre, un certain nombre de départements étaient absents... du fait des grèves.
Clémence Villedieu
Et le conseil régional ?
Dans le cadre de sa politique visant à promouvoir la prise en charge des situations d'urgence sociale, la région soutient l'accueil, l'hébergement et les services à destination des personnes sans abri et des femmes en difficulté. Sont ainsi subventionnés l'investissement et l'équipement lors de la création l'extension, la restructuration et la mise aux normes des établissements et services. Pour les centres d'hébergement, la subvention régionale peut atteindre 40% maximum du coût d'acquisition, dans la limite d'un plafond de subvention de 320.000 euros. En 2007, 14 millions d'euros ont été affectés à la création, l'humanisation et l'équipement de 5 centres d'accueil de jour et 15 centres d'hébergement pour femmes et 15 centres d'accueil de jour et 24 centres d'hébergement pour personnes sans abri.