Congrès de l'ADF - Parce que les départements ne font pas que les murs des collèges...
A l'occasion du congrès de l'Assemblée des départements de France, George Pau-Langevin, ministre déléguée à la Réussite éducative, signera avec Claudy Lebreton, président de l'ADF, ce jeudi 10 octobre à Lille, une convention pour promouvoir le "programme éducatif global départemental". L'occasion était trop belle puisque le PEGD du Nord, voté en juillet 2012, fait figure d'exemple à suivre.
"Il s’agit d’un projet original, fondé sur l’idée que les collectivités sont aussi des co-éducateurs, sur le fait que le département doit aussi pouvoir intervenir sur le contenu et pas uniquement sur l’écrin", explique Patrick Kanner, président du conseil général du Nord. "Il faut considérer que la journée scolaire commence lorsque l’enfant quitte son domicile, jusqu’à son retour chez lui", considère également Claudy Lebreton, incluant de facto les problématiques liées au transport scolaire, à la question nutritionnelle, au numérique, au périscolaire, etc.
Au ministère de la Réussite éducative, on considère qu'un PEGD doit "traiter des relations entre les familles et l’institution scolaire, des moyens pour ouvrir les collèges sur leur quartier, lutter contre les discriminations et promouvoir l’autonomie culturelle des jeunes et la santé à l’école".
Le PEGD du Nord pour mettre en synergie les actions de chacun
Avant la signature de la convention nationale avec le président de l'ADF, George Pau-Langevin aura auparavant justement participé à une table ronde avec les acteurs du PEGD du Nord, au collège Levi Strauss de Lille, avec notamment Patrick Kanner mais aussi Jean-Jacques Pollet, recteur de l'académie.
Lorsque le département du Nord vote, en juillet 2012, son PEGD 2012-2015, c'était alors le quatrième du genre après celui du Val-de-Marne, de la Seine-Saint-Denis et de la Seine-et-Marne. Aujourd'hui, ils seraient "une petite dizaine de départements à avoir mis en place des politiques de ce type qui dépassent les compétences classiques du département dans le champ éducatif", estime Patrick Kanner. L'idée n'étant pas de réinventer de nouvelles actions, mais de "mettre en synergie et en complémentarité les actions relevant de chacun des acteurs de la communauté éducative".
Fort d'un budget de 1,5 million d’euros, le PEGD du Nord 2012-2015 comporte six orientations dans lesquelles chaque collège va piocher des thèmes et des actions qui lui semblent prioritaires. Un "travail de dentelle", convient Patrick Kanner, car "l'exercice consiste pour nous à concevoir, avec chacun des 110 collèges qui sont aujourd'hui dans le circuit, un projet sur-mesure, adapté : certains souhaiteront centrer le PEDG sur la santé, d’autres sur la lutte contre l’intolérance ou encore sur la question de l’ouverture du collège sur la ville".
Réussite scolaire, santé, autonomisation…
En tout, six orientations sont déclinées : la réussite scolaire pour tous et la lutte contre le décrochage à l’école naturellement (à travers des actions telles que le développement du "collège numérique", des expérimentations d'internats, le développement du tutorat et de liens entre collèges et l’Institut d’Etudes Politiques de Lille…). Mais aussi la lutte contre toutes les formes de discriminations et de violences (lieux spécifiques d'écoute individuelle et confidentielle des collégiens avec des adultes…), la santé des jeunes (plan de lutte contre l’obésité et éducation à l’équilibre alimentaire, dispositifs de prévention des addictions, ateliers d’information et de sensibilisation à la vie affective et sexuelle, à la contraception…), le collège comme lieu de vie ouvert sur le quartier (organisation de portes ouvertes, expositions, tournois sportifs, manifestations culturelles…), l'autonomisation du jeune, son ouverture aux cultures et sur le monde (expérimentation de budgets participatifs dans les collèges, expériences d’immersion à l’étranger, accueil d’artistes dans les collèges en partenariat avec la Drac…) et le rapprochement entre l’institution scolaire et les familles (lieux spécifiques dédiés aux parents dans les collèges…).
Le PET de Seine-Saint-Denis est signé avec l'Education nationale
C'est la formule du PET (pour "projet éducatif territorial") que la Seine-Saint-Denis a fraîchement adoptée, le 2 octobre dernier, après avoir eu parallèlement un "projet éducatif départemental" et une convention avec l’Inspection académique. Si le projet éducatif départemental n’engageait que la collectivité départementale sur ses priorités en matière d’éducation, le projet éducatif territorial 2013-2015 a cette fois-ci été signé avec la rectrice de l'académie de Créteil, formalisant ainsi "une volonté de travailler en commun" et l'occasion de "fusionner des actions de l’Education nationale avec celles du département".
"C'est la première fois qu'une académie signe un document partenarial élaboré conjointement avec un département sur une politique éducative conjointe", se félicite la rectrice Florence Robine, chancelière des universités. Elle prédit que cela "préfigurera le travail qui s'installera dans d'autres académies et dans d'autres départements de France".
Le document spécifie que "le projet éducatif territorial vise à renforcer l’articulation des actions du département et de la direction des services départementaux de l’Éducation nationale, une adaptation plus forte aux caractéristiques du territoire, afin de relever les défis partagés en mobilisant les atouts du département". Il précise que "l’éducation partagée s’entend comme la complémentarité des actions menées. Elle permet d’assurer une continuité éducative incluant tous ses acteurs, dont les parents et les associations". Le tout dans "le respect des compétences de chacun, la complémentarité des actions, le partage des informations et des outils, l’expérimentation et l’innovation".
En Seine-Saint-Denis, "plus qu'ailleurs"…
Le PET de Seine-Saint-Denis se décline en quatre axes : les actions en faveur des élèves (prévention du décrochage scolaire, scolarisation des élèves handicapés, lutte contre le harcèlement, relations garçons-filles, parcours de découvertes urbaines…), en faveur des parents (mallette des parents, ateliers sociaux linguistiques, dispositif "Parentalité et numérique", organisation de stages de parents…), en faveur des établissements (plan numérique, gestion de la carte scolaire…) et pour les personnels (connaissance et intégration dans le département, formations conjointes entre personnel Education nationale et personnel du département…)
Fier de son document, Stéphane Troussel, président du conseil général, souligne que, "en Seine-Saint-Denis, plus qu'ailleurs, l'Education nationale et le conseil général ont l'obligation de travailler ensemble parce que quand c'est plus difficile, quand il y a plus d'enjeux éducatifs, sociaux et culturels, il faut que la communauté des adultes se mobilise de manière coordonnée pour conjuguer ses efforts".