Habitat social : des locataires plus âgés, plus stables… et plus modestes
Selon une note de l’Insee publiée ce 9 avril, le parc locatif social, essentiel pour les plus modestes, accueille des locataires de plus en plus âgés, sédentaires et qui dépendent des prestations sociales. Une évolution marquée par la raréfaction des logements disponibles et la hausse du taux de pauvreté.

© Stephane AUDRAS/REA
En 2022, 4,6 millions de ménages vivaient dans un logement social en France, représentant 16% des ménages. Alors que le vieillissement de la population française s’installe, le parc social devient un refuge pour des locataires de plus en plus âgés et aux ressources limitées. C’est en tout cas ce que constate l’Insee dans sa note publiée le 9 avril. Ainsi, en 2022, la moitié des locataires du parc social avait plus de 53 ans, contre 42 ans dans le secteur locatif privé. Ils s’installent pour une durée relativement longue : 31% y résident depuis plus de 10 ans. Cette sédentarité, combinée à une baisse des nouvelles attributions (-5 points en six ans), freine la mobilité dans le parc et allonge les files d’attente. En 2022, 2,4 millions de demandes étaient en effet enregistrées pour seulement 420.000 logements attribués.
Le niveau de vie médian des locataires du parc social s’élève à 1.400 euros par mois, bien en dessous de celui des locataires du secteur libre (1.700 euros) et des propriétaires (2.200 euros). Résultat : 34% des ménages du parc social sont considérés comme pauvres, un chiffre en hausse de 5 points depuis 2016. Cette part grimpe à 39% pour les ménages récemment installés.
Un parc concentré géographiquement
La répartition des logements sociaux reste inégale et résulterait notamment des politiques de construction : 41% des logements sociaux occupés en 2022 ont été construits avant 1975 (d’où l’intérêt, s’il fallait encore le prouver, de la loi SRU qui oblige certaines communes de grandes agglomérations à disposer d’au moins 20% de logements sociaux). Dans 5 des 30 métropoles et communautés urbaines de plus de 200.000 habitants, plus de 25% des ménages vivent dans un logement social (métropoles de Rouen, du Grand Havre, de Reims, du Grand Paris…)
Une proportion qui bondit dans certains territoires comme la communauté d’agglomération de Creil (Oise), où près de la moitié des ménages vivent dans un logement social (47%, la part la plus élevée de France). En Ile-de-France, la concentration est également forte, avec des disparités marquées selon les établissements publics territoriaux (par exemple, sur le territoire de Plaine Commune en Seine-Saint-Denis, 45% des ménages sont locataires du parc social, contre seulement 18% à Grand Paris Seine Ouest, dans les Hauts-de-Seine). A l’inverse, les métropoles de Nice et Toulon comptent entre 10 et 13% de ménages concernés.
Un modèle sous tension
Les familles monoparentales, souvent plus fragiles financièrement, représentent 21% des ménages du parc social, contre 11% dans le libre. Les personnes seules y sont aussi nombreuses (42%), notamment les seniors : 38% ont 65 ans ou plus. Par ailleurs, si 65% des ménages perçoivent un revenu d’activité, ils dépendent davantage des aides : 71% touchent des prestations sociales, qui représentent en moyenne 21% de leur revenu disponible.
Sans surprise, le parc social continue d’accueillir les ménages les plus modestes : 35% des 20% les plus pauvres y vivent. Mais la montée de la précarité, la faiblesse des rotations et la baisse des constructions entre 2019 et 2022 compliquent l’accès au logement. Des tensions qui obligent les politiques publiques, afin de répondre aux besoins croissants tout en préservant la mixité sociale.