Outre-mer : l'impact des substances chimiques sur les coraux confirmé
Une étude menée outre-mer par l'Agence de sécurité sanitaire (Anses) avec l'appui de l'Office français de la biodiversité (OFB) a confirmé l'effet négatif de certains composés chimiques sur les coraux. Alors que ces écosystèmes, qui abritent quelque 100.000 espèces (mollusques, crustacés, éponges, poissons, raies, tortues, requins, etc.) sont déjà menacés par les effets du dérèglement climatique (hausse de la température et acidification des océans, multiplication des cyclones), les pollutions liées aux activités humaines conduisent à la présence de nombreuses substances chimiques dans les milieux marins. "L'expertise montre que la moitié des substances évaluées peut présenter des risques pour les récifs coralliens et contribuer à leur dégradation", conclut l'Anses, après avoir étudié 53 substances (filtres UV, hydrocarbures, pesticides, métaux...), dans le rapport qu'elle a publié ce 18 septembre. "L'Agence alerte sur le fait que, faute de données disponibles, ce nombre est très probablement sous-estimé", précise-t-elle.
L'Anses avait été saisie en 2018 par le gouvernement, conjointement avec l'OFB, pour réaliser cet état des lieux. La France s'intéresse en effet tout particulièrement à la question car elle abrite 10% des récifs coralliens du monde avec ses territoires ultramarins. L'étude de l'Anses s'est appuyée principalement sur des données disponibles en Guadeloupe, Martinique, à La Réunion et à Mayotte.
En conclusion, l'Agence recommande de créer ou de renforcer la surveillance et le suivi des substances chimiques, de limiter les rejets de substances dangereuses à la source (notamment avec des interdictions réglementaires de mise sur le marché) et d'améliorer les réseaux d'assainissement des eaux usées. Les experts se penchent, par ailleurs, particulièrement sur les crèmes solaires, alors que l'expertise a "identifié trois substances comme toxiques pour les coraux : l'oxybenzone, l'octinoxate et l'octocrylène". L'État a été récemment saisi d'une demande de l'Anses pour restreindre l'utilisation de cette dernière substance. La France souhaite toutefois que le dossier soit géré à "l'échelle européenne", notamment dans le cadre de la révision du règlement sur les produits chimiques Reach, avait indiqué une source gouvernementale début juillet.
Dans une déclaration transmise à l'AFP, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, s'est dit ce 18 septembre "favorable à ce que la révision de ce règlement permette de prendre en compte l'étude de la toxicité sur les coraux dans l'évaluation de danger des substances chimiques afin que l'impact sur les coraux d'une substance puisse être un motif d'interdiction".