Archives

Orange lance le démontage de son réseau cuivre

Patrimoine de l'opérateur historique, le réseau cuivre est amené à disparaître au profit de la fibre optique. Orange a annoncé officiellement en décembre le lancement de ce chantier qui s'étendra de 2023 à 2030, après une phase d'expérimentations démarrant dès 2020. Un chantier qui va impliquer un important effort de communication pour gérer en douceur la transition.

À l'occasion de son plan stratégique "Engage 2025", dévoilé en décembre dernier, Orange a annoncé son intention de procéder à l'extinction du réseau de cuivre, propriété de l'opérateur historique. "C’est un réseau vieillissant, sur lequel nous avons de moins en moins de clients et pour lequel les coûts de maintenance sont de plus en plus élevés. C’est une équation qui n’est pas tenable" fait valoir l'opérateur interrogé par mail par Localtis. Beaucoup plus performante que le cuivre en termes de débits, la fibre est aussi moins onéreuse en maintenance. Selon Orange, elle "génère deux fois moins de signalisations" et se révèle "beaucoup plus résistante à l’eau ou à l’humidité". 

Des millions de kilomètres de réseau à démonter

Concrètement, ce chantier de "dépose du cuivre" concerne quelque 110 millions de kilomètres de "paires de cuivre" - qui se chiffrent aussi en dizaines de milliers de tonnes de métal -, 32 millions de points de livraison et 14.000 armoires techniques. Un chantier considérable qui commencera dès 2020 par des expérimentations dont le détail n'est pas précisé. Celles-ci sont un préalable indispensable à l'industrialisation des processus, envisagée pour 2023. Quant à l'arrêt total des services, il sera progressif, Orange s'engageant – il faut dire que ce sont des obligations prises dans le cadre du service universel – à maintenir le niveau qualité de service défini par le régulateur tant que la bascule ne sera pas réalisée. Où auront lieu les expérimentations ? Orange évoque "une concertation en cours avec l'Arcep et les autres opérateurs" et "des études internes afin de définir les contours que pourraient prendre ces expérimentations". Plusieurs scénarios sont à l'étude : procéder "par grande zone ou bien de manière plus ciblée… en priorisant par exemple les territoires les plus impactés par les intempéries". Les modalités opérationnelles des expérimentations devraient être connues dans les prochains mois, Orange promettant d'associer les collectivités territoriales et d'accompagner ses clients dans la phase de transition.

Une attente forte de l'Avicca

L'Avicca voit d'un très bon œil ces annonces, l'extinction du réseau cuivre faisant partie des revendications anciennes de l'association. Lors de son "Trip d'automne", son président, Patrick Chaize, se félicitait du reste des quelque 3.000 communes totalement couvertes en FTTH susceptibles de participer aux expérimentations à venir. "Nous serons vigilants sur les effets de bord afin que la transition s'effectue en douceur et au bénéfice de tous", souligne Ariel Turpin, le délégué général de l'Avicca. Car après avoir fait la sourde oreille pendant des années, Orange pourrait être tenté d'aller "trop vite" en besogne. Plusieurs points de vigilance sont relevés à ce stade par l'association. Tout d'abord le cadre général, celui qui définira là où la fibre est suffisamment déployée pour envisager le démontage des infrastructures cuivre. L'arrêté sur les "zones fibrées", statut créé à la demande des élus locaux, aurait ainsi besoin d'un sérieux toilettage. Au-delà du label, destiné à valoriser les territoires 100% fibrés et à pousser les habitants à passer à la fibre, l'association attend de réelles incitations financières pour organiser la bascule, notamment dans les zones où l'ADSL est dégroupé. Et d'imaginer un dispositif vertueux où la taxation du cuivre permettrait de financer l'achèvement de la couverture en fibre via l'abondement du guichet de financement du THD…

La pleine association des collectivités aux expérimentations

L'Avicca souhaite ensuite que les réseaux d'initiative publique (RIP) soient pleinement associés au programme d'Orange. "Il faut que les RIP soient consultés sur le choix des zones où le réseau cuivre sera démonté pour garantir la cohérence avec leur programme de déploiement du FTHH", fait valoir Ariel Turpin. Et d'ajouter qu'il serait souhaitable que la période de rodage ne se cantonne pas aux RIP opérés par l'opérateur historique mais concerne aussi des territoires pilotés par des opérateurs d'infrastructure concurrents. Autre sujet de discussion sur la table : les modalités de passage à la fibre des dispositifs de montée en débit des réseaux ADSL (dispositifs du type NRA zone d'ombre ou PRM) financés par les collectivités. Ces dernières verraient d'un mauvais œil le fait de devoir remettre la main au portefeuille.  

Une communication de proximité indispensable

Enfin, la transition va nécessiter un important effort de communication de la part de l'ensemble des acteurs. Le passage obligé à la fibre pourrait en effet générer des mécontentements, certains voyant d'un mauvais œil l'obligation de passer à une autre technologie alors qu'ils sont satisfaits du service existant. Les expérimentations menées à Palaiseau en 2012 avaient aussi montré la nécessité de trouver des alternatives aux équipements et services fonctionnant avec le cuivre : alarmes d'ascenseurs, téléassistance des personnes âgées, gestion des alertes à la population… "Il existe une solution technique à tous ces systèmes et il est probable qu'en les modernisant, les utilisateurs fassent au total des économies" estime-t-on à l'Avicca. Orange relève de son côté que la Fédération française des télécoms (FFT) a monté dès 2016 un groupe de travail pour trouver des alternatives à tous ces services. Il restera cependant à le faire savoir à la population afin que l'ensemble des dispositifs concernés puissent être changés en temps et en heure. Une communication qui devra aussi déjouer les arnaques qui ne manquent pas de prospérer dès lors qu'il y a des changements de cette ampleur.

 

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis