Nuit de la Solidarité 2025 : un nombre de sans-abri qui inquiète
3.507 personnes sans solution d’hébergement recensées à Paris, 785 dans 30 communes de la métropole du Grand Paris, près de 400 personnes à Bordeaux... Si les chiffres des autres villes participantes seront connus à la fin du mois, les premiers bilans de la Nuit de la Solidarité 2025 alertent sur l’urgence de la situation.

© JGP/ Léa Filoche et Anne Hidalgo
Dans la nuit du jeudi 23 au vendredi 24 janvier 2025 à Paris, mais aussi à Bordeaux, Dijon, Dunkerque, Marseille, Nancy, Nice, Rouen ou Toulouse, des milliers de volontaires et bénévoles ont arpenté les rues des territoires à la rencontre des personnes sans-abri en vue de mener un nouveau décompte lors de la huitième édition de la Nuit de la Solidarité.
Les premières estimations pour Paris font état de 3.507 personnes sans solution d’hébergement sur le territoire parisien la nuit du 23 au vendredi 24 janvier 2025, dont 14% de femmes. 70% des personnes recensées ont été rencontrées dans les rues de Paris et 30% dans d’autres secteurs (talus du périphérique, bois, gares et stations de métro...). Si ce chiffre global présente une stabilité par rapport aux décomptes de l’an dernier (3.491 personnes décomptées en 2024), celle-ci n’est qu’apparente, selon l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas) : il ne comprend pas les 700 personnes mises à l’abri dans les lieux de la ville de Paris ni les 340 jeunes occupant la Gaîté lyrique.
"L’augmentation du nombre de personnes sans-abri dans les rues parisiennes ces dernières années doit nous alarmer collectivement, a déclaré Anne Hidalgo. Il y a urgence à rouvrir des places d’hébergement à Paris, alors que l’État envisage au contraire la baisse des crédits dévolus à cette politique dans son budget pour 2025. La ville de Paris continuera de proposer son aide à l’État pour l’aider à exercer sa compétence, comme elle le fait depuis plusieurs années en transformant des lieux municipaux en sites d’hébergement d’urgence temporaires. Cette mobilisation générale appelle la mobilisation de toutes les énergies."
L’édition 2025 fait également état de 768 personnes sans abri décomptées dans les 30 communes de la métropole du Grand Paris (MGP) ayant participé à l’opération. Trois d’entre elles expérimentaient la méthode pour la première fois : Chaville, Juvisy-sur-Orge et Montrouge.
Des efforts à amplifier
"La Nuit de la Solidarité permet de disposer de connaissances fines et actualisées des publics, de leurs besoins et de leurs attentes, a rappelé Patrick Ollier, président de la MGP et maire de Rueil-Malmaison. Au total, plus de 2.000 volontaires, citoyens et professionnels, et environ 120 associations se sont fédérés pour sillonner près d’un tiers du territoire métropolitain. Avec François Dechy, conseiller métropolitain délégué au développement, les maires et partenaires concernés, nous tirerons toutes les conclusions de cette action solidaire pour répondre aux difficultés rencontrées dans le Grand Paris, en lien avec l’ensemble des acteurs du schéma."
À Bordeaux, dans la soirée du 24 janvier 2025, 392 personnes étaient à la rue, en campement, dans les parkings, transports en commun ou à la gare Saint-Jean. À ce chiffre s'ajoutent 245 personnes en bidonvilles et 124 personnes en squat. Les personnes vivant en bidonville et en squats n'ont pas été rencontrées lors de la Nuit de la Solidarité mais recensées sur la plateforme de résorption des squats et bidonvilles de la Délégation interministérielle de l'hébergement et de l'accès au logement (Diha). "Si nous constatons une diminution du nombre des personnes recensées, la situation demeure préoccupante. Nos efforts conjugués peuvent porter leurs fruits, nous le voyons. Il nous faut les poursuivre et les amplifier. La ville de Bordeaux sera aux côtés de la préfecture, du département et des associations pour continuer à ouvrir de nouvelles places d'hébergement et mener des expérimentations adaptées aux besoins des plus vulnérables", a insisté Pierre Hurmic, maire de Bordeaux. Les résultats des autres grandes villes seront connus à la fin du mois de février.
"Dans chaque ville, c’est le CCAS qui est à la manœuvre pour coordonner l’organisation de la Nuit de la Solidarité. Ils sont le premier et le dernier mètre des Solidarités, au plus près des situations de fragilité, dans cette Nuit comme au quotidien. Avec 350.000 personnes sans domicile, dernier chiffre fourni par La Fondation pour le logement des défavorisés (lire notre article), nous atteignons un record. De même, les 753 personnes mortes à la rue recensées en 2024 constituent un autre record. Le logement doit être une priorité absolue de l’État", a ajouté Luc Carvounas, président de l’Unccas.