Congrès des maires - Nicolas Sarkozy : ferme sur les réformes des services de l'Etat, ouvert à un "Grenelle de la fiscalité locale"
"J'ai trop longtemps été l'un des vôtres pour ne pas connaître les joies et les peines de la fonction de maire, qui n'est pas un métier comme les autres." Le ton était donné. Devant les maires réunis pour leur 90e Congrès, le président de la République a largement émaillé son allocution de marques d'empathie à l'égard d'élus de terrain trop souvent "mis en cause devant les tribunaux", victimes d'"excès de contrôle" et auxquels "on demande tout". "Je veux qu'on change cet état d'esprit, qu'on soutienne le maire au lieu de l'accabler", a-t-il insisté. "Je crois à l'intercommunalité, je ne crois pas à la politique de la table rase", a-t-il également glissé dans sa défense de "nos communes inscrites au plus profond de notre histoire".
S'éloignant quelque peu des premières préoccupations de son auditoire, Nicolas Sarkozy - qui s'exprimait, comme le veut la tradition, devant ses principaux ministres alignés sur le podium - a profité de son discours pour s'exprimer longuement sur le sujet des cheminots et de la réforme des régimes spéciaux, optant pour la fermeté. Sans oublier, plus globalement, la question des fonctionnaires. "Vous êtes bien placés pour savoir que les fonctionnaires ne sont pas des privilégiés. Mais je n'accepte pas un système (?) où tout le monde est valorisé de la même façon et qui amène tout le monde vers le bas."
Faisant du mot "réforme" le fil rouge de son intervention, le chef de l'Etat a notamment évoqué la réforme de la carte judiciaire : "Bien sûr que cela pose des problèmes dans telle ou telle ville. Mais est-il bien raisonnable de garder deux tribunaux de grande instance situés à 18 kilomètres de distance ?" Sa conclusion : le chantier confié à Rachida Dati sera bien mené jusqu'à son terme. Même chose pour la fusion ANPE-Unedic ; pour la fusion entre DGI et comptabilité publique ("Nous l'avons décidée, elle se fera") ; pour l'autonomie des universités ; pour la réflexion sur l'école primaire et le collège...
Répondant au président de l'AMF, Jacques Pélissard, qui, dans son allocution d'accueil, lui demandait "un véritable Grenelle de la fiscalité locale", Nicolas Sarkozy a déclaré : "J'y suis prêt." Mais pour l'heure, la seule proposition concrète formulée porte sur "l'actualisation des bases à chaque changement de propriétaire", qui serait réalisée par les maires avec les services fiscaux. Demandant à l'AMF d'y "réfléchir", il a reconnu que cette entreprise s'étendrait nécessairement sur une bonne dizaine d'années.
Au-delà de cette mesure, le chef de l'Etat s'est dit "prêt à aller vers une spécialisation de l'impôt" par niveau de collectivité, tout en s'affirmant "très attaché au maintien d'un lien financier entre l'entreprise et la commune".
Le futur Grenelle de la fiscalité pourrait, a-t-il détaillé, s'organiser en deux temps : tout d'abord, "se mettre d'accord sur les principes" de la réforme, puis "demander à des techniciens de nous préparer des pistes, qui seraient soumises à l'ensemble des maires".
Claire Mallet