Agriculture - Nicolas Sarkozy au monde rural : "Il ne faut pas opposer écologie et agriculture"
A l'occasion de ses voeux au monde rural, lors d'un déplacement à Truchtersheim, en Alsace, Nicolas Sarkozy a présenté des mesures pour les secteurs agricoles et agroalimentaires. Des secteurs particulièrement touchés par la crise économique de 2008. D'après l'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques), le revenu net d'entreprise agricole calculé par actif non salarié, qui avait déjà chuté de 16,1% en 2008, a connu une baisse de 34% en 2009. Près du quart (22%) des exploitants agricoles relèveraient même de la catégorie des travailleurs pauvres et nombre d'entre eux font appel au revenu de solidarité active (RSA). La plupart des exploitants tentent tant bien que mal de s'organiser pour réduire leurs charges, en mutualisant notamment leurs moyens, à l'image de la ferme laitière que le président de la République a visitée à Mittelhausen. Une ferme située à une vingtaine de kilomètres de Strasbourg qui, par le biais d'une coopérative d'utilisation de matériel agricole (Cuma), achète son matériel en commun avec d'autres exploitants et partage des engins avec eux. Mais les défis sont toutefois nombreux pour cette population. La réforme de la politique agricole commune (PAC), les enjeux autour de la compétitivité et les contraintes environnementales auxquelles ils doivent faire face en font partie. "Je veux réaffirmer clairement mon attachement à une agriculture durable, respectueuse de l'environnement et qui ne met pas en danger la santé des paysans", a déclaré Nicolas Sarkozy lors de ses vœux adressés à 1.800 invités dans une salle de Truchtersheim, estimant qu'il ne fallait pas opposer écologie et agriculture. "Les agriculteurs vivent de la nature et au milieu d'elle. Les présenter comme des ennemis de leur propre milieu de vie est inepte, a-t-il souligné, ceux qui veulent opposer environnement et agriculteurs, ce sont ceux qui voudraient vous transformer en jardiniers, en cantonniers. Je n'ai rien contre, mais les agriculteurs sont des producteurs, pas les cantonniers du canton. Ils produisent, ils ont du savoir-faire." Un discours en décalage avec ses déclarations du 7 mars 2010. A l'époque, Nicolas Sarkozy avait affirmé que "les questions d'environnement, ça commence à bien faire" et avait demandé un allègement des contraintes environnementales pesant sur l'agriculture et freinant sa compétitivité…
Simplifier le regroupement des exploitations agricoles
Cette fois-ci, ce sont des mesures axées sur l'environnement que le président est venu apporter au monde rural. Première mesure : la simplification du regroupement des élevages à travers la dispense d'étude d'impact et d'enquête publique pour certaines opérations de regroupement sur des sites d'accueil déjà autorisés au titre des installations classées pour la protection de l'environnement. Le décret d'application de la loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche, n°2011-63 du 17 janvier 2011, publié au Journal officiel du 18 janvier, vient concrétiser cette décision. Cette nouvelle mesure pourra s'appliquer aux élevages de porcs, de volailles et de bovins, soit plus de 95% des installations classées d'élevage concernées, précisent les ministères de l'Agriculture et de l'Ecologie, dans un communiqué commun du 18 janvier. Ces nouvelles dispositions sont censées faciliter les restructurations nécessaires, mais aussi limiter l'impact de ces filières sur l'environnement. Autre mesure annoncée par le gouvernement : le relèvement à 44 tonnes du poids maximal autorisé pour les poids lourds. Cette décision, officialisée par le décret n°2011-64 et l'arrêté du 17 janvier, publiés au Journal officiel du 18 janvier, permet de faire passer de 40 à 44 tonnes la limite du poids total autorisé en charge des poids lourds pour le transport des produits agricoles et agroalimentaires. Objectifs : améliorer la compétitivité du secteur des transports, réduire le nombre des poids lourds utilisés pour le transport de marchandises pondéreuses et les émissions de CO2. En 2012, la mesure sera étendue à tous les types de chargement, au même moment que l'introduction de l'écotaxe poids lourds. Et progressivement, les poids lourds de 44 tonnes devront, à partir de 2014, être équipés de six essieux pour préserver les infrastructures routières.
Lors de ses vœux au monde rural, le président de la République a également défendu la PAC au moment où démarrent les négociations pour l'après 2013. "La prochaine réforme de la PAC ne peut se résumer à une anticipation des concessions déjà considérables faites par la Commission européenne sur le volet agricole de l'OMC (Organisation mondiale du commerce)", a-t-il souligné, estimant que avec "l'engagement de la France de près de 100 milliards d'euros pour soutenir les Etats européens en difficulté financière, nous avons largement contribué à la solidarité européenne. Nous n'avons pas à nous excuser de défendre la préférence communautaire et le budget de la PAC". La France, comme l'Allemagne, défend le maintien du budget de la PAC (363 milliards d'euros pour la période 2007-2013) et reste en faveur du maintien des deux piliers actuels (agriculture et développement rural).
Références : décret n°2011-63 du 17 janvier 2011 relatif au regroupement et à la modernisation de certaines installations classées d'élevage, décret n°2011-64 du 17 janvier 2011 relatif au poids total roulant autorisé des véhicules terrestres à moteur, arrêté du 17 janvier 2011 relatif au poids total roulant autorisé des véhicules terrestres à moteur utilisés pour le transport combiné, la desserte des ports maritimes et fluviaux et le transport de certains produits agricoles et agroalimentaires.