Nappes phréatiques : une situation jugée "très satisfaisante" un peu partout, à l'exception des Pyrénées -Orientales
Selon le dernier bulletin de situation du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) présenté ce 22 mai, 65% des nappes phréatiques métropolitaines se situaient au-dessus des normales, du fait de pluies abondantes. Mais la situation reste problématique dans les Pyrénées-Orientales, notamment, un département dans lequel le gouvernement a lancé un "plan de résilience". Pour cet été, le BRGM se montre "plutôt optimiste" sur la plupart des nappes malgré des incertitudes sur certains secteurs.
Après deux années d'importantes restrictions d'eau estivales, la France pourrait peut-être échapper à la sécheresse dans les tout prochains mois : au sortir du printemps, les nappes phréatiques métropolitaines ont majoritairement fait le plein, à l'exception notable des Pyrénées-Orientales, département pour lequel le gouvernement vient de lancer un "plan de résilience" (lire notre article).
Nette amélioration par rapport à 2023 à la même période
Au 1er mai, 65% des nappes métropolitaines se situaient au-dessus des normales, avec 21% dont les niveaux étaient même très hauts. A l'inverse, 22% étaient sous les normales mensuelles, dont 4% à des niveaux très bas, dans le Roussillon mais aussi dans certaines parties de la Corse, a annoncé ce 22 mai le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) en présentant son dernier bulletin de situation. C'est beaucoup mieux que l'an dernier à la même époque, où la situation était "très inquiétante" avec 68% des nappes sous les normales, souligne le BRGM. La France pourrait donc éviter de voir se reproduire le scénario tendu des étés 2022 et 2023. L'an dernier, deux tiers des départements métropolitains connaissaient encore en octobre une alerte rouge de "crise sécheresse", après un été particulièrement sec, entraînant d'importantes restrictions d'eau : interdictions d'arrosage pour les particuliers et les agriculteurs, remplissage des piscines prohibé, prélèvements réduits pour certains usages industriels... En 2022, jusqu'à 700 communes avaient été privées d'eau potable.
Le BRGM constate aussi au 1er mai une "légère amélioration par rapport au mois dernier malgré la reprise de la végétation", qui absorbe une partie des précipitations. Pour rappel, au 1er avril, 58% des nappes étaient au-dessus des normales et 27% étaient en dessous. "La situation s'est complètement inversée en raison d'une recharge très excédentaire" notamment sur la période mars/avril où il a beaucoup plu, a indiqué Violaine Bault, hydrogéologue au BRGM, lors d'un point presse téléphonique.
Recharge des nappes pendant l'hiver
Contrairement aux hivers 2022 et 2023, cette année a été marquée par le retour de pluies abondantes sur une partie du territoire, permettant de recharger des nappes bien basses. En mars, la métropole a connu près de 85% de pluies de plus que les normales. Avril a été plus contrasté avec certaines régions très arrosées, comme la moitié nord et le Centre-Est, tandis que la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et la Corse ont été déficitaires en précipitations.
Pour la première fois depuis plus de deux ans, la pluie est bien tombée sur les Pyrénées-Orientales. Mais elle est arrivée trop tard et sur des sols trop secs pour pouvoir véritablement s'infiltrer et recharger les nappes. A l'approche de l'été, le Roussillon reste donc dans le rouge concernant la sécheresse et se prépare à un troisième été de restrictions importantes des usages de l'eau. "Depuis l'été 2023, le département est à des niveaux historiquement bas", donc "même s'il pleuvait en abondance, les nappes ne parviendront pas à se recharger", a expliqué Violaine Bault. "Il faudra au moins deux hivers excédentaires pour espérer recharger les stocks." Autant dire que l'été devrait une nouvelle fois être difficile dans cette région. Ce pourrait aussi être le cas pour l'est de la Corse, où il n'a quasiment pas plu ces dernières semaines.
Optimisme teinté d'incertitudes dans certaines régions pour les prochains mois
Pour le reste de la France, le BRGM se montre "plutôt optimiste". Sur les trois premières semaines de mai, la pluie a continué à tomber dans certaines régions, retardant la période de vidange des nappes, qui traditionnellement débute en avril. Et même si la végétation printanière est maintenant bien sortie, elle peut profiter de sols particulièrement humides pour bien s'alimenter en eau et ainsi moins puiser dans les nappes. De même, les précipitations favorisent une irrigation naturelle des cultures, retardant là aussi une sollicitation trop importante des réserves aquifères en profondeur.
Quelques incertitudes demeurent toutefois pour les prochains mois, tempère le BRGM. Les anticipations de Météo-France jusqu'à juillet montrent une tendance à des températures plus chaudes que la normale, qui pourraient favoriser l'évaporation de l'eau. Et pour les précipitations, il est impossible de prévoir si les pluies vont continuer ou pas. La situation de certaines nappes pourrait donc brutalement se détériorer. Ce pourrait être le cas pour celles du sud-est du bassin parisien (partie au sud de la Seine de la craie de Normandie, Beauce, sables cénomaniens de l’est des Pays de la Loire et du Centre-Val de Loire), du sud de l'Alsace, des couloirs de la Saône (Bresse et Dombes) et du Rhône (Est-lyonnais et nord de la Drôme), de la plaine de la Limagne, de la chaîne des Puys, du sud-ouest du Massif central (entre le sud des Causses du Quercy, l’ouest des Grands Causses et la Montagne noire), des Pyrénées, du littoral du Languedoc, du Roussillon et de la Corse.