Municipales : un premier tour, malgré tout
Avec plus de 50% d'abstention, le premier tour des municipales ne ressemble à aucun autre, tant la crise sanitaire du coronavirus aura pesé sur ce rendez-vous électoral. Le tableau nuancé qui s'est dessiné parmi les suffrages exprimés est déjà estompé par les interrogations quant au maintien du second tour. Ce que l'on peut retenir région par région.
Au lendemain d'un premier tour des municipales évité ou ignoré par une majorité d'électeurs inquiets du coronavirus, la tenue ou pas du second tour était la première question posée ce lundi 16 mars.
L'abstention est estimée entre 53,5% et 56%. Ainsi, parmi les quelque 47,7 millions d'électeurs appelés à élire leur maire dimanche, moins de la moitié aura effectivement glissé un bulletin dans l'urne, après que le gouvernement a décrété samedi soir la fermeture de tous les "lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays". Un chiffre historique pour un scrutin généralement mobilisateur, en dépit d'une lente érosion d'un mandat à l'autre : en 2014, l'abstention avait été de 36,45% au 1er tour.
Les écologistes d'EELV ont effectué une belle percée. Ils peuvent nourrir des espoirs sérieux à Strasbourg, Bordeaux, Lyon, Besançon et Grenoble notamment. À Rennes (25,3%), Lille (24,5%) Nantes (19,6%), ils s'affirment aussi comme davantage que des forces d'appoint pour les maires sortantes PS Nathalie Appéré (32,7%), Martine Aubry (29,8%) et Johanna Rolland (31,3%).
Le RN de Marine Le Pen a confirmé, par plusieurs victoires dès le premier tour, ses positions acquises en 2014 à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Fréjus (Var), Hayange (Moselle) ou Beaucaire (Gard). Il s'est aussi placé en situation de conquérir Perpignan.
Le ballottage favorable au Havre du Premier ministre, Édouard Philippe, et la victoire à Tourcoing du ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, n'ont pas occulté la faible implantation locale de LREM. Bien que souvent reléguée en troisième ou quatrième position, La République en Marche peut néanmoins espérer atteindre son objectif de 10.000 conseillers municipaux.
Le PS obtient 30% à Paris avec la maire sortante Anne Hidalgo, qui semble avoir écarté la double concurrence de Rachida Dati (LR) et d'Agnès Buzyn (LREM). LR, qui avait triomphé aux municipales de 2014 avant de s'effondrer à partir de 2017, s'est à peu près maintenu.
Dans les grandes villes, le LR Christian Estrosi a frôlé la réélection à Nice avec 47,6% des voix. À Marseille, la succession de Jean-Claude Gaudin était bien plus incertaine pour la candidate LR Martine Vassal, confrontée à une dissidence, et donnée au coude-à-coude avec la liste de gauche de Michèle Rubirola, devant Stéphane Ravier (RN). A Bordeaux, le match s'annonce extrêmement serré entre le maire sortant Nicolas Florian (LR), allié au MoDem, et son opposant Pierre Hurmic (EELV). À Lille, la sortante PS Martine Aubry frôle les 30%. Et à Toulouse, le sortant Jean-Luc Moudenc, soutenu par LR et LREM, est bien placé (35,3%).
Ce tableau nuancé a été largement éclipsé par celui de la propagation inexorable de l'épidémie de coronavirus. Édouard Philippe a annoncé depuis Le Havre qu'experts scientifiques et partis politiques seraient consultés "en début de semaine", en espérant obtenir un "consensus républicain" autour de la tenue ou non du second tour. "Si le premier tour s'est parfaitement déroulé (...), le taux d'abstention élevé que nous enregistrons témoigne cependant de l'inquiétude grandissante de nos concitoyens", a-t-il dit.
Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, a d'ores et déjà appelé au report, mais elle souhaite "considérer comme acquises" les victoires du premier tour. Le chef des députés LR Damien Abad, ainsi que Yannick Jadot (EELV) ont également demandé à différer le scrutin.
Mais difficile de dissocier les deux tours, disent les spécialistes. Et quid de ceux qui ont été élus dès le premier tour ? "L'élection municipale est indissociable, elle forme un tout", pose ainsi le constitutionnaliste Didier Maus. Il estime que s'il est question d'un report du second tour, il faut annuler le premier : "On refait tout ou rien." Conserver les victoires du premier tour et reporter les autres scrutins "serait un cas de figure qu'on n'a jamais connu", selon le politologue Jean-Yves Camus. Un report du second tour entraînerait l'annulation de l'élection des candidats élus dès le premier tour, considère de même Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel. Mais les avis divergent sur ce point. Selon Jean-Philippe Derosier, professeur de droit, un report du second tour "ne concernerait que les candidats qui sont aujourd'hui en ballottage".
Un report du second tour nécessiterait de prolonger le mandat des conseillers municipaux actuels, qui expire le 31 mars - ce qu'une loi en ce sens, votée par le parlement, pourrait permettre. L'article 34 de la Constitution prévoit en effet que ce qui touche à la libre administration des collectivités locales doit faire l'objet d'une loi, en matière d'élection comme de compétences.
C'est au président Emmanuel Macron que reviendra de décider du sort de ce second tour. L'éventualité d'un confinement obligatoire de toute la population pour une longue durée, comme l'ont déjà décidé l'Italie ou l'Espagne, viendrait de facto répondre à la question.
Tour de France des régions
Île-de-France
Alors que la socialiste Anne Hidalgo se place largement en tête à Paris à l'issue du premier tour des municipales, le paysage francilien est marqué dimanche par un recul du PCF dans deux de ses bastions historiques de l'Est, et le maintien de la droite dans ses fiefs de l'Ouest.
En Seine-Saint-Denis, le Parti communiste est dépassé à Saint-Denis, où le socialiste Mathieu Hanotin arrive en tête avec 35% des voix, et Aubervilliers, où la candidate Meriem Derkaoui arrive troisième derrière une liste UDI et une liste citoyenne.
Dans ce département emblématique de la ceinture rouge, le PCF peut se consoler avec Montreuil, où le maire sortant, Patrice Bessac, est élu au premier tour avec 51% des voix. Idem à La Courneuve et Stains, selon des résultats provisoires.
A Bobigny, ville-préfecture, le candidat communiste finit également en tête avec 37% des voix, devant l'UDI (26%) qui avait remporté la ville en 2014 mais dont le mandat a été entaché par des affaires.
Le PS finit lui en tête à Pantin, Bagnolet ou Bondy, malgré la présence de plusieurs listes à gauche.
Dans les Hauts-de-Seine, les résultats de Levallois-Perret étaient particulièrement scrutés après la démission forcée des époux Balkany. Pour la première fois depuis 2001, il devrait y avoir un second tour, malgré le score honorable de la liste d'Agnès Pottier-Dumas, soutenue par les Balkany (en tête avec 33,8%), devant l'opposant historique Arnaud de Courson (DVD, 20,7%).
Deux barons des Hauts-de-Seine ont par ailleurs été facilement réélus : à Issy-les-Moulineaux, André Santini (UDI), 79 ans et maire depuis 40 ans (60,3%), et Joëlle Ceccaldi-Reynaud (LR) à Putaux (65%).
Dans le Val-de-Marne, Philippe Bouyssou (PCF), maire sortant d'Ivry-sur-Seine, ville symbole de la banlieue rouge, arrive largement en tête devant une liste dissidente soutenue par LFI et les écologistes.
Dans les Yvelines, à Mantes-la-Ville, seule commune RN d'Île-de-France, le maire Cyril Nauth a réussi à basculer en tête au premier tour avec 33% des suffrages.
En Seine-et-Marne, l'ancien ministre Jean-François Copé (LR) est lui aussi très largement réélu (76,35%) dès le premier tour à Meaux, où il avait été élu pour la première fois en 1995. A noter également, la réélection à Coulommiers du ministre de la Culture, Franck Riester, confiné après avoir contracté le coronavirus.
A retenir dans le Val-d'Oise, Garges-lès-Gonesse, où la liste menée par le fondateur du Collectif contre l'islamophobie (CCIF), Samy Debah, répertoriée comme "communautaire" par les services de l'Etat, arrive deuxième derrière le candidat Benoît Jimenez (42%) et récolte 34% des voix
Auvergne-Rhône-Alpes
Une vague verte a déferlé dimanche sur Lyon, où Gérard Collomb se retrouve en grande difficulté, alors qu'ailleurs en Auvergne-Rhône-Alpes les maires sortants, notamment LR, réalisent de solides performances avec de nombreux candidats réélus dès le premier tour.
L'écologiste Grégory Doucet, pourtant novice en politique, obtient un score sans précédent à Lyon avec plus de 28% des voix devant Etienne Blanc (LR, 17%), alors que le poulain de Gérard Collomb, l'ancien gymnaste Yann Cucherat (LREM), était relégué en troisième place avec 14,92%.
Le désaveu est aussi cinglant pour l'élection métropolitaine, qui se tenait le même jour et dont le baron macroniste avait fait sa priorité.
Gérard Collomb n'arrive en tête dans aucune des quatorze circonscriptions de l'agglomération, alors que les Verts en raflent 8 et LR 4. Humiliation suprême, il obtient un cumul de voix comparable à celui de son ex-dauphin, David Kimelfeld, parti seul faute d'avoir obtenu l'appui de LREM.
Les écologistes peuvent aussi se réjouir du bon score réalisé par Eric Piolle à Grenoble, qui était avant cette date le seul maire vert d'une ville de plus de 100.000 habitants.
Avec 46,68% des suffrages, M. Piole est quasiment assuré de retrouver son siège, d'autant qu'il pourra compter sur une partie des voix qui se sont portées sur son adversaire socialiste Olivier Noblecourt, qui lui a aussitôt tendu la main.
Côté Républicains, la prime au sortant a joué à plein dans nombre de villes moyennes de la région.
Ont ainsi été réélus dès le premier tour Yves Nicollin (Roanne), Renaud Berreti (Aix-les-Bains), Thomas Ravier (Villefranche-sur-Saône), Nicolas Daragon (Valence), Philippe Cochet (Caluire et Cuire), Alexandre Vincendet (Rilleux-la-Pape) et Thierry Kovacs (Vienne).A Saint-Etienne, le maire sortant Gaël Perdriau abordera le second tour en position de force, avec plus de 46% des suffrages exprimés.
Seule une fusion des deux listes en position de maintenir - celle de Pierrick Courbon (PS), qui obtient plus de 21%, et Olivier Longeon (EELV), qui reçoit plus de 12% - pourrait apporter un peu de suspense au second tour.
La liste soutenue par LREM et conduite par l’ancien footballeur Patrick Revelli termine elle avec moins de 5% des voix.
A Annecy (125.000 habitants), le maire sortant Jean-Luc Rigaut (UDI, soutenu par LREM et LR) est talonné avec ses 28,4% par la liste de gauche menée par François Astorg (27,9%), "une première pour une liste d'opposition depuis 45 ans". La dissidente LREM et députée Frédérique Lardert arrive 3e avec 21,5%.
Les socialistes, qui sont sortis en tête à Villeurbanne, la deuxième ville de l'agglomération lyonnaise, ont aussi vu Jean-François Debat très largement réélu à Bourg-en-Bresse, avec 61% des voix.
A Clermont-Ferrand, ville tenue depuis plus d'un demi-siècle par les socialiste, la liste d'union de la gauche menée par le sortant Olivier Bianchi (PS) devant de plus de 17% celle de Jean-Pierre Brenas (LR). Le PS se retrouve aussi en ballotage favorable à Annonay.
Les communistes ont réussi à conserver au moins l'un de leurs derniers bastions dans la "ceinture rouge" de Grenoble: à Saint-Martin-d'Hères (38.000 habitants), David Queiros (PCF) a obtenu 53,64% des voix. Et à Echirolles (près de 37.000 habitants), Renzo Sully arrive en tête avec 33,7%.
Dans l'agglomération lyonnaise, les communistes ne conservaient plus que deux villes. la maire sortante Christiane Charnay a devancé de moins de 2 points Antoine Mellies du RN à Givors. A Venissieux, la sortante Michèle Picard arrive en tête avec 28,27% des voix, mais sans grande réserve de voix alors que quatre autres listes sont en mesure de se maintenir.
Le Rassemblement national rate le coche dans les villes qu'il avait ciblées, arrivant en deuxième position à Givors et étant chassé de l'assemblée municipale à Saint-Etienne, faute d'avoir passé la barre des 10% des suffrages.
Occitanie
Louis Aliot (RN) largement en tête à Perpignan, le maire de Toulouse (LR soutenu par En Marche) face à la pression de la gauche et des écologistes, duel à gauche à Montpellier : le premier tour des municipales en Occitanie a livré une image contrastée du paysage politique régional.
A Perpignan, ville minée par la pauvreté et le chômage, l'ancien compagnon de Marine Le Pen arrive largement en tête (35,6%), distançant de plus de 17 points le maire sortant Jean-Marc Pujol (LR), qui ne rassemble que 18,43% des suffrages et a souffert des divisions de la droite. Par rapport à 2014, M. Aliot n'a pourtant amélioré son score que d'un maigre point.
L'enjeu est de taille car pour la première fois depuis Toulon en 1995, une ville de plus de 100.000 habitants pourrait passer sous contrôle du RN.
L'écologiste Agnès Langevine, avec 14,5%, et le député LREM Romain Grau (13,1%) passent la barre des 10% leur permettant de se maintenir au second tour.
Afin de rattraper son retard, le maire sortant les a appelés à se désister. "Il faut prendre ses responsabilités, c'est-à-dire le retrait républicain. (...) Il faut savoir qui est notre adversaire, moi je sais où il est", a-t-il dit à l'AFP. Il avait lancé le même appel en 2014 et le désistement du candidat PS avait permis sa réélection.
Agnès Langevine a considéré que son score est "un résultat positif pour l’écologie à Perpignan" mais a réservé sa réponse sur sa position lors d'un second tour rendu très incertain par la pandémie de coronavirus. M. Grau n'a pas réagi en fin de soirée.
Dans la capitale régionale Toulouse, le maire LR sortant Jean-Luc Moudenc, soutenu par LREM, arrive en tête au premier tour avec 36,1% des voix, devant le candidat écologiste Antoine Maurice, crédité d'une belle performance avec 27,5%.
Mais M. Moudenc fait moins bien qu'au premier tour de 2014 (38,19%) sur fond de participation en berne: 36,64% contre 52,22% six ans plus tôt.
"La gauche radicalisée est en mesure de gagner Toulouse", a-t-il lancé. "Nous sommes face à un choix historique. Je lance un appel : seuls les abstentionnistes du 1er tour, en venant voter au 2ème tour, permettront d’empêcher l’arrivée d’une gauche mélenchoniste irresponsable aux commandes de notre ville !", a-t-il martelé.
Le duo de tête devance la socialiste Nadia Pellefigue (18,5%) et, loin derrière, Pierre Cohen (5,6%) et le candidat RN Quentin Lamotte (4,3%).
A la tête d'une liste verte-rouge-citoyenne, Antoine Maurice a assuré pour sa part que "l'émergence d'une alternative est possible". Après avoir pris contact avec Mme Pellefigue et M. Cohen, il veut "construire ce rassemblement pour que cet espoir devienne une réalité".
A Montpellier, deuxième ville de la région, le maire sortant Philippe Saurel (DVG) est arrivé en tête dimanche soir avec 19,1%, talonné par le candidat PS Michaël Delafosse (16,6%) avec une abstention record de 65,3%.
Les deux listes ennemies issues d'EELV - recueillent 7,42% pour "l'officielle" menée par Coralie Mantion, et 7,25% pour celle de Clothilde Ollier, candidate désignée à l'issue d'une primaire puis suspendue par la direction parisienne du parti alors qu'elle était donnée favorite de cette élection.
Dans l'Hérault et le Gard, le premier tour des municipales a été marqué par la réélection de Robert Ménard (soutenu par le RN) à Béziers avec 68,7% et du cadre du RN Julien Sanchez avec 59,1% à Beaucaire. Robert Ménard avait été élu au second tour en 2014 à la faveur d'une triangulaire et M. Sanchez d'une quadrangulaire.
Dans la petite ville de Trèbes (Aude), meurtrie par des attentats islamistes et inondations meurtrières en 2018, le maire sortant Eric Ménassi a été réélu haut la main avec près de 60% des voix, tenant à distance le candidat RN.
Bourgogne-Franche-Comté
La gauche est arrivée en tête du premier tour des municipales dimanche à Dijon avec le maire socialiste François Rebsamen, et à Besançon avec l'écologiste Anne Vignot, mais la droite conforte le terrain gagné en 2014 dans les plus petites villes de Bourgogne-Franche-Comté.
A Besançon, la liste d'union PS, PC, EELV de la candidate écologiste Anne Vignot a viré en tête, avec 31,2% des voix, contre 23,6% pour le LR Ludovic Fagaut. Le candidat LREM, qui n'était pas soutenu par le maire sortant Jean-Louis Fousseret (LREM, ex-PS), termine troisième (18,9%).
A Dijon, François Rebsamen, fidèle de François Hollande, est en bonne voie d'emporter son quatrième mandat. Avec 38% des voix, il devance largement son adjointe Stéphanie Modde (EELV, 15%) ainsi que le candidat Les Républicains Emmanuel Bichot (20%). La droite réalise ainsi son pire score à Dijon, contrastant avec sa bonne tenue ailleurs dans la région.
Ainsi à Mâcon, Jean-Patrick Courtois (LR) est réélu pour la troisième fois consécutive dès le premier tour, avec 60,79% des voix à la tête d'une liste qui comprend Benjamin Dirx, député LREM qui avait battu Jean-Patrick Courtois lors des législatives de 2017.
Le LR l'emporte également dès le premier tour à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), avec la victoire du maire sortant Gilles Platret (52,93%), ainsi qu'à Montbéliard (Doubs), avec Marie-Noëlle Biguinet (54,52%).
A Vesoul, le maire sortant Alain Chrétien (Agir, ancien Les Républicains) a également été réélu avec 57,8% des voix, avec le soutien du parti présidentiel.
A Auxerre, le LR Crescent Marault arrive en tête, avec plus de 37%, devant le maire sortant Guy Férez (33%). L'ex-PS n'a visiblement pas réussi son grand écart: investi par son ancien parti, il avait également reçu le soutien de La République en marche.
Le maire sortant LR de Belfort, Damien Meslot, est en ballottage encore plus favorable, avec 48% des voix, à l'issue d'une campagne marquée par la suppression annoncée de près de 500 postes chez le géant américain General Electric.
A Sens (Yonne), la maire sortante Marie-Louise Fort (LR) rassemble 39,2% des voix, devant Laurent Moinet (16,78%), un sans-étiquette à la tête d'une liste comptant la secrétaire locale du PS. Troisième avec seulement 14,7%, Julien Odoul, le chef de file du Rassemblement national au conseil régional, ne confirme par le bon score de l'extrême droite aux dernières européennes (plus de 26%).
LR se qualifie également en tête à Montceau-les-Mines, où la maire sortante Marie-Claude Jarrot rassemble 40% des voix.
A Nevers, Denis Thuriot (LREM) est élu dès le premier tour avec 51,23%.
Grand Est
François Baroin, président de l'Association des maires de France, a été réélu dans un fauteuil dimanche dès le 1er tour à Troyes, dont il tient les rênes depuis 1995, tandis que les écologistes sont bien placés pour rafler Strasbourg.
François Baroin, donné par certains comme un possible candidat de la droite à la prochaine élection présidentielle, a atteint un score de 66,78%, encore meilleur qu'en 2014 (62%), illustration d'une soirée qui dans la Région Grand Est a été très encourageante pour Les Républicains, ainsi que pour Europe Ecologie-Les Verts.
La capitale régionale Strasbourg pourrait ainsi devenir la plus belle prise des écologistes: Jeanne Barseghian, la candidate EELV encore inconnue il y a quelques mois, a terminé en tête du 1er tour (27,87%) avec une belle avance sur Alain Fontanel (LREM) et la revenante Catherine Trautmann (PS), tous deux autour de 19,8%. Le candidat LR Jean-Philippe Vetter est juste derrière à 18,26%.
Une alliance au second tour entre les Verts et les socialistes pourrait permettre à Mme Barseghian, une juriste de 39 ans, de prendre les rênes de la capitale européenne.
Un signe encourageant pour Jeanne Barseghian : sa collègue écologiste Danielle Dambach a été réélue dès le 1er tour à Schiltigheim (54,89%), la deuxième ville du Bas-Rhin, en banlieue de Strasbourg.
Les Républicains, outre Troyes, ont quant à eux également conquis Reims dès le premier tour, grâce au maire sortant Arnaud Robinet (66,32%).
Le candidat LR arrive aussi en tête à Metz, où le sénateur François Grosdidier (29,76%) devance Xavier Bouvet, le candidat rassemblant la gauche et les écologistes (24,98%). La candidate RN Françoise Grolet n'obtient que 11,79% des voix, un score inférieur de près de 10 points à celui du premier tour de 2014 (21,3%).
La droite est aussi comme toujours en tête à Colmar, même si l'emblématique maire LR Gilbert Meyer (32,46%), à la tête de la cité haut-rhinoise depuis 1995, est devancé par l'autre candidat LR Eric Straumann (37,45%), qui lui avait déjà ravi son poste de député en 2007.
Elle est également en tête à Mulhouse, un des principaux foyers épidémiques du coronavirus, où la maire sortante Michèle Lutz (DVD) est en pole position (33,66%).
Les écologistes sont deuxièmes: Loïc Minery a rassemblé 21,96% des suffrages dans cette ville où, en raison de l'épidémie de Covid-19, l'abstention a été historiquement haute (73,96%). Moins de 13.000 votants se sont déplacés, sur 49.000 inscrits.
A Nancy, Mathieu Klein (DVG, 37,89%) devance le maire sortant Laurent Hénart (Divers Centre) de trois points. Les écologistes sont ici très loin, en troisième position avec Laurent Watrin (10,24%).
De son côté, l'unique satisfaction du RN est qu'il conserve la seule mairie du Grand Est qu'il possédait: Fabien Engelmann (63,14%) a en effet été réélu au 1er tour à Hayange (16.000 habitants).
En revanche, l'ancien bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot (Les Patriotes) est en-dessous des 10% à Forbach. Avec 9,71% il devance le candidat RN Lucien Terragnolo (4,31%).
A noter enfin que Rémy Dick (DVD) qui, à 25 ans, était jusqu'à présent le plus jeune maire de France, a été réélu largement à Florange (64,62%).
Provence-Alpes-Côte-d'Azur
De bons résultats pour les sortants...sauf à Marseille, où la "dauphine" de Jean-Claude Gaudin (LR), Martine Vassal, a été devancée par la gauche: à de rares exceptions près, le premier tour des municipales dimanche a été sans surprise en Provence-Alpes-Côte-d'Azur.
David Rachline (RN) à Fréjus (Var), Hubert Falco (LR) à Toulon (Var), François Bernardini (DVG), pourtant condamné en 2002 dans un dossier d'abus de confiance et encore entendu récemment par le parquet national financier, à Istres (Bouches-du-Rhône), Gaby Charroux (PCF) à Martigues (Bouches-du-Rhône) : autant de sortants, de gauche ou de droite, réélus lors de ce premier tour marqué en Paca, comme ailleurs en France, par un taux d'abstention extrêmement élevé.
A Marseille toutefois, aucune prime au sortant, au contraire, dans une ville marquée depuis plusieurs mois par les polémiques sur l'état des écoles ou le logement insalubre --tout particulièrement depuis l'effondrement de deux immeubles qui avait fait 8 morts rue d'Aubagne en novembre 2018.
Celle que ses adversaires présentaient comme "l'héritière" du maire sortant Jean-Claude Gaudin, qui ne se représentait pas, la présidente LR du département des Bouches-du-Rhône et de la métropole Aix-Marseille Martine Vassal, a enregistré dans la cité phocéenne un score très décevant, finissant même derrière Michèle Rubirola, la candidate du Printemps marseillais, une union des partis de gauche, sur l'ensemble de la ville, où le scrutin est découpé en huit secteurs.
Autre candidat déçu dimanche soir par les résultats à Marseille, le sénateur RN Stéphane Ravier: s'il a fini en tête dans le 7e secteur, qu'il avait emporté en 2014, le RN n'a finalement pas réussi aussi bien qu'il l'escomptait --et son candidat a appelé dès dimanche à un report du second tour.
Ailleurs dans la région, où l'abstention a atteint 56% selon le président LR de Paca Renaud Muselier, son prédécesseur, le maire sortant LR de Nice Christian Estrosi a manqué de peu la réélection dès le premier tour, avec près de 48% des voix -- un résultat salué par le député LR Eric Ciotti, qui avait un temps pensé à se lancer contre lui.
La maire sortante d'Aix-en-Provence Maryse Joissains-Masini, condamnée dans une affaire de favoritisme mais candidate grâce à une décision de la Cour de cassation qui avait cassé en février sa peine d'inéligibilité dans l'attente d'un nouveau procès, arrive en tête du 1er tour avec 30,3% des suffrages, très largement en tête, mais loin toutefois de son score au premier tour en 2014 (37,8%).
Nouveau venu en politique, l'ex-président de France Télévisions Patrick de Carolis a quant à lui --provisoirement en tout cas-- réussi son pari à Arles (Bouches-du-Rhône), en finissant en tête avec 26,4% des suffrages exprimés, 5 points devant Nicolas Koukas, le candidat communiste qui voulait succéder au maire PCF Hervé Schiavetti.
A Signes, dans le Var, où la mort du maire Jean-Mathieu Michel, renversé par une camionnette dont il souhaitait verbaliser les occupants qui avaient illégalement déchargé des gravats dans la nature, avait suscité beaucoup d'émotion début août, son premier adjoint Alain Reichardt n'a pas réussi à finir en tête au premier tour, devancé par une liste née après le drame et critiquant notamment le bilan écologique de l'élu décédé (43,3% contre 38,1%).
Nouvelle-Aquitaine
Le scrutin municipal en Nouvelle-Aquitaine, marqué comme partout par une chute de la participation, offre de nombreuses primes aux sortants, une surprise à Biarritz et un match plus que serré à Bordeaux.
Dans la capitale girondine longtemps dirigée par Alain Juppé, pour la première fois depuis la Seconde Guerre Mondiale, il est acquis qu'un second tour aura lieu, avec une éventuelle quadrangulaire.
De plus, le match s'annonce extrêmement serré entre le maire sortant Nicolas Florian (LR), allié au MoDem, et son opposant Pierre Hurmic (EELV), allié à la gauche, qu'il ne devance que de 96 voix, avec 34,56 % contre 34,38%. Suivent le LREM Thomas Cazenave (12,69) puis le candidat anticapitaliste Philippe Poutou (11,77).
A Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), où s'était un temps profilé un duel fratricide entre deux ministres, les urnes ont été sans pitié pour le maire sortant Michel Veunac (MoDem soutenu par LREM), qui se retrouve en 5e position avec 12,21%. Le scrutin, marqué par un taux d'abstention proche des 60%, est mené par la LR Maider Arosteguy (31,47%).
A Pau, François Bayrou, qui avait uni sur son nom le MoDem, LREM et LR face à une opposition de gauche divisée, fait la course largement en tête avec 45,83%. Deux listes d'opposition - PS/PC et EELV - peuvent se maintenir.
De nombreux maires bénéficient d'une prime au sortant et sont réélus: Jean Dionis du Séjour (MoDem) à Agen, Charles Dayot qui avait pris la suite à Mont-de-Marsan de la ministre Geneviève Darrieussecq (MoDem, Anciens combattants), présente sur sa liste, Jérôme Baloge (Mouvement radical, 68% des voix) à Niort. Le PS Bernard Combes conserve la mairie de Tulle, occupée de 2001 à 2008 par François Hollande.
Des sortants sont en ballottage favorable comme à Limoges le LR Emile Roger Lombertie (46,20%). Il est bien parti pour garder une ville conquise en 2014 à la gauche, restée aux manettes pendant 102 ans. La liste LREM - Les Radicaux de Monique Boulestin -- où se trouvait le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebarri -- arrive en 4e position.
A Poitiers, le maire PS sortant Alain Claeys avec 28,21% mène devant l'alliance EELV, PC, Générations, menée par Léonore Moncondhuy (23,89%).
A La Rochelle, deux anciens alliés en 2014, ex-socialistes et désormais rivaux, sont au coude à coude mais le maire sortant Jean-François Fountaine (32,62%) est légèrement devancé par le député Olivier Falorni 33,26%.
A Saint-Savin de Blaye, dans cette Haute-Gironde appauvrie où le RN comptait peser, la candidate et patronne du RN girondin Edwige Diaz réalise 43,8% des suffrages mais peu de sièges. Le sortant, soutenu par un front républicain, a été réélu au premier tour.
Enfin, le plus vieux maire de France Marcel Berthomé, candidat à Saint-Seurin-sur-l'Isle (Gironde) pour la dixième fois, devra repasser au second tour, mais en ballottage favorable.
Pays de la Loire
Dans les Pays de la Loire, la socialiste Johanna Rolland est en bonne position pour être réélue à la mairie de Nantes, comme l'ancien ministre de François Hollande Stéphane Le Foll au Mans, tandis que Christophe Béchu (LREM) s'épargne un second tour en étant réélu dès dimanche maire d'Angers.
Comme partout, l'abstention à Nantes a été forte (61,32%) et la maire sortante Johanna Rolland est arrivée en tête avec 31,36% (contre 34,5% au premier tour de 2014). L'élue de 40 ans, qui a succédé à Jean-Marc Ayrault à la mairie de Nantes, faisait face à cinq autres femmes.
Julie Laernoes n'a pas réitéré le bon score d'EELV aux Européennes de 2019 (24,35%). Elle arrive en 3e position avec 19,58% juste derrière la liste LR de Laurence Garnier (19,93%).
De son côté, la députée LREM Valérie Oppelt n'a pas réussi à s'imposer.
Avec 13%, elle peut toutefois se maintenir au second tour. La liste citoyenne de Margot Medkour a obtenu 8,94% et celle d'Eleonore Revel (RN) 4,76%.
L'ancien ministre de l'Agriculture de François Hollande, Stéphane Le Foll, a bien résisté au Mans malgré une candidature dissidente. Ce proche de l'ancien président, devenu maire du Mans après le décès de Jean-Claude Boulard, a recueilli 41,99% des voix.
La dissidente socialiste, la députée Marietta Karamanli, élue locale depuis 30 ans, récolte 13,24% et est la seule autre candidate qualifiée pour le second tour dans cette ville socialiste depuis 1977.
A Saint-Nazaire, le maire sortant David Samzun a obtenu 39,25% des voix. Sa fin de mandat avait été marquée par les accusations de violences sexuelles à l'encontre de son adjoint aux Finances, Martin Arnout, qui a démissionné en octobre 2019.
M. Samzun, qui n'était pas soutenu par le PS pour cette élection, était face à deux de ses anciennes adjointes, Pascale Hameau (EELV) qui a obtenu 17,67% et Gaëlle Bénizé-Thual (divers gauche) qui a recueilli 13,53%.
A La Roche-sur-Yon, le maire sortant Luc Bouard a obtenu 44,07% des voix.
Les voix de gauche ont été dispersées entre trois listes : Stéphane Ibarra (PS- Place publique) a obtenu 20,84%, Martine Chantecaille (EELV) 17,09% et Nicolas Hélary (liste citoyenne) 13,28% des voix.
En 2014, Luc Bouard, qui a affirmé durant sa campagne 2020 être soutenu par LR et LREM, avait fait basculer à droite la préfecture vendéenne qui était socialiste depuis 1977.
A Angers, le maire ex-LR Christophe Béchu, investi par LREM, qui a ravi la ville au PS en 2014, est réélu avec 57,82% des voix. Il y a six ans, il avait recueilli 35,91% des suffrages au 1er tour.
A Cholet, le maire sortant Gilles Bourdouleix (divers droite), connu pour ses propos polémiques, est arrivé en tête avec 43,08%.
A Laval, où le maire sortant UDI François Zocchetto ne se représentait pas, après des accusations de "violences sexuelles et sexistes", son adjoint Didier Pillon (divers centre) a repris le flambeau et est en tête à l'issue du premier tour avec 40,81% des voix, contre 33,80% pour Florian Bercault (divers gauche), 17,58% pour Isabelle Eymon (écologiste) et 6,19% pour Jean-Michel Cadenas (RN).
Normandie
Edouard Philippe en tête au Havre, une bonne résistance de la gauche en Seine-Maritime, pas de percée LREM sont les principaux enseignements du premier tour des élections municipales en Normandie.
A l'image de l'ensemble du territoire, les électeurs normands ont boudé les urnes, le taux d'abstention dépassant souvent 60%, notamment au Havre, à Rouen, Sotteville-les-Rouen (Seine-Maritime), Saint-Lô (Manche), Caen.
Les résultats de deux villes étaient particulièrement attendues dimanche, ceux du Havre, où se présente le Premier ministre Edouard Philippe et de Rouen, près de six mois après le spectaculaire incendie de l'usine Lubrizol classée Seveso haut, qui a provoqué de fortes inquiétudes chez les habitants.
Au Havre, contrairement à 2014 où il avait obtenu 52% au premier tour, Edouard Philippe devra affronter un second tour face à son adversaire communiste Jean-Paul Lecoq.
Dans cette ville industrielle et portuaire, qui fut un bastion communiste pendant trois décennies, Edouard Philippe a obtenu 43,6% des suffrages, Jean-Paul Lecoq 35,8%. Ni EELV ni le RN n'ont atteint les 10% requis pour se maintenir au second tour.
A Rouen, le maire adjoint et tête de liste EELV-PCF aux municipales Jean-Michel Bérégovoy, 53 ans, n'a pas réussi à transformer l'essai des européennes dans cette ville PS depuis 1995, à l'exception d'une parenthèse centriste entre 2001 et 2008.
Dans cette ville industrielle, l'une des plus polluées de France, la liste Bérégovoy (23,15%) fait mieux qu'EELV aux Européennes (18,33%) mais est devancée par celle du socialiste Nicolas Mayer-Rossignol (29,51%). Le maire sortant Yvon Robert ne se représentait pas.
L'entrepreneur Jean-Louis Louvel, 53 ans, novice en politique, soutenu par LREM, LR, le Modem et les Centristes n'arrive qu'en 3e position avec 16,78%.
Une quatrième liste a dépassé les 10% et pourrait se maintenir au second tour, celle du dissident LR Jean-François Bures (10,16%).
A Dieppe, le PCF confirme son enracinement avec la réélection dès dimanche de son maire Nicolas Langlois avec 61,4% des suffrages.
A Caen, chef-lieu du Calvados, il n'y aura pas de second tour non plus, puisque le maire sortant LR soutenu par LREM Joël Bruneau a obtenu la majorité absolue (50,79%). Son principal challenger, Rudy L'Orphelin (EELV), 37 ans, a obtenu 25,56% des voix.
Le parti présidentiel n'a pas connu le même succès à Alençon dont le maire sortant Emmanuel Darcissac est arrivé en 3e position. Ancien socialiste devenu LREM, M. Darcissac menait une liste face à l'ancien maire, le député PS Joaquim Pueyo, qui lui avait cédé la place pour cause de cumul des mandats.
Dimanche soir, c'est Joaquim Pueyo qui est arrivé en tête avec 35% des suffrages, devant la liste LR de Sophie Douvry (22,97%).
Dans la Manche, Cherbourg-en-Cotentin, ville de gauche depuis 1977, dirigée pendant dix ans par l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, devrait le rester à l'issue du second tour.
Le maire sortant PS Benoît Arrivé a pris la tête du scrutin avec 42%, suivi par le vice-président LR de la Région David Margueritte (29,67%). La députée LREM Sonia Krimi n'arrive qu'en 3e position (14,25%) devant la liste de Barzin Viel-Bonyadi soutenu par EELV, LFI et Générations.
A Louviers (Eure), l'ex-gilet jaune Ingrid Levavasseur, 32 ans, fait son entrée au conseil municipal. Elle figurait en numéro deux sur la liste d'union de la gauche menée par le PS Philippe Brun, qui a obtenu 18,2% des voix. Dans ce fief de Pierre Mendès-France, le maire sortant Modem François Xavier Priollaud a été réélu dimanche.
Toujours dans l'Eure, Sébastien Lecornu, numéro trois sur la liste de François Ouzilleau, a été élu à Vernon, la liste ayant obtenu plus de 66% dimanche.
Hauts-de-France
La région Hauts-de-France a délivré dimanche une large prime aux sortants lors du premier tour des municipales, où le Rassemblement national a été freiné dans ses ambitions.
Symbole de ce statu quo, Martine Aubry et son allié vert du conseil municipal de Lille totalisent à eux deux 53% des voix: soit 28% pour la maire sortante (en net recul par rapport à ses 35% de 2014) qui brigue un quatrième mandat, et 24% pour le candidat vert Stéphane Baly, qui fait plus que conforter la spectaculaire percée d'EELV aux européennes (21,70%).
Celui-ci a fait l'objet d'un appel du pied dimanche soir de Violette Spillebout, ex-directrice de cabinet de Mme Aubry adoubée par LREM, arrivée en troisième position (17%), mais il a rejeté cette hypothèse, sans toutefois se prononcer sur une reconduction de l'alliance avec la maire sortante.
Un autre poids-lourd politique de la région a confirmé la tendance: Gérald Darmanin, 37 ans, ministre des comptes publics, a été élu dès le premier tour maire de Tourcoing.
Pilier du gouvernement, M. Darmanin avait remporté ce fief de gauche de la métropole lilloise en 2014, avant de passer la main à son premier adjoint en 2017. "J'ai toujours dit que, si le président de la République continuait à me faire confiance, et s'il me permettait de le faire, je serais très heureux de continuer mon action nationale et locale", a-t-il affirmé dimanche soir, sans souhaiter s'avancer plus.
D'autres personnalités locales ont également confirmé dès le premier tour.
C'est le cas du maire PS de Boulogne-sur-Mer et ancien ministre Frédéric Cuvillier, du maire DVG de Dunkerque Patrice Vergriete ou du maire DVD de Valenciennes Laurent Degallaix.
A Roubaix, le sortant Guillaume Delbar (DVD) arrive lui aussi largement en tête (41,22%), dans un scrutin où l'abstention atteint des sommets, avec 77,48%. Le PCF, en mode union de la gauche, a également conservé ses fiefs comme Saint-Amand-les-Eaux, s'est félicité son secrétaire général Fabien Roussel, pour qui le parti "a encore une belle vie devant lui".
Même scénario en Picardie, où Caroline Cayeux (DVD) est reconduite à Beauvais, Philippe Marini (ex-LR) à Compiègne et Frédérique Macarez (DVD) à Saint-Quentin.
A Amiens, la ville où a grandi Emmanuel Macron, la maire UDI Brigitte Fouré, soutenue par LREM, est en ballotage favorable (29,78%), devant le candidat "de la gauche unie et des écologistes" Julien Pradat (25,60%) et une liste divers droite (11,06%).
L'avantage aux sortants vaut aussi pour le RN.
A Hénin-Beaumont, le maire Steeve Briois a ainsi enregistré, de ses propres mots, "un plébiscite", avec 74% des suffrages, pour un deuxième mandat. En 2014, il s'était emparé de justesse de cette ville de l'ex-bassin minier au premier tour. C'est dans cette circonscription que Marine Le Pen a aussi conquis son écharpe de députée. Reconduction similaire dès le 1er tour pour le maire de Villers-Cotterêts (Aisne), Franck Briffaut.
Le RN échoue cependant à Lens, principale ville de l'ex-bassin minier, qui reste entre les mains du maire PS Sylvain Robert - "55,48, au premier tour c'est quand même exceptionnel, on ne s'attendait pas forcément à ça". Dans ce secteur, à Bruay-la-Bussière (20.000 habitants), cible affichée, le député RN Ludovic Pajot arrive certes en tête (38,57%), mais il devra faire face à un "barrage républicain" au second tour des deux candidats rivaux du PS.
Le RN essuie également un très net revers à Calais, où la soeur de Marine Le Pen, Marie-Caroline Le Pen, figurait sur sa liste. Dans cette ville symbole de la problématique migratoire, la sortante Natacha Bouchart est réélue et le RN ne recueille que 17,91%.
Bretagne
De Brest à Rennes, en passant par Vannes, les maires sortants sont arrivés en tête au premier tour des élections municipales en Bretagne, où la poussée écologiste a placé un Vert en tête à Lorient.
Dans la capitale bretonne, Rennes, dirigée par les socialistes depuis 1977, la maire sortante Nathalie Appéré, qui termine son premier mandat, arrive en tête avec 32,81% des voix, cédant seulement quelques points par rapport aux 35,57% recueillis en 2014.
Juste derrière elle, l'écologiste Matthieu Theurier réalise une percée avec 25,59% des scrutins, améliorant de 10 points son score (15,09%) du 1er tour de 2014, alors qu'il était allié au Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. Il fait même mieux que la liste EELV aux européennes (24,33% des voix).
La candidate de la majorité présidentielle Carole Gandon, plafonne en revanche à 14,19% des voix, dans une ville qui avait pourtant voté à 26,19% pour la liste LREM aux élections européennes.
Charles Compagnon, candidat soutenu par LR et le Modem, arrive quatrième avec 11,93%, suivi par Enora Le Pape de LFI avec 7,55%, sur fond de forte abstention (60,61%).
A Brest, bastion de la gauche depuis 30 ans, le maire socialiste François Cuillandre, 65 ans, qui brigue un 4e mandat, arrive en tête malgré sa mise en examen à l'automne dans le cadre d'une enquête sur le versement d'indemnités aux élus socialistes de la ville. Face à une gauche divisée, M. Cuillandre voit toutefois son score s'effriter à 26,53% contre 42,46% en 2014.
L'ancienne préfète Bernadette Malgorn (divers droite) le suit avec 18,87%, devant l'écologiste Ronan Pichon (15,73%). Marc Coatanea, passé du PS à LREM en 2017, ne récolte que 12,59% mais peut se maintenir au 2e tour.
A Lorient, dirigée par le PS depuis 1965, c'est l'écologiste Damien Girard, à la tête d'une liste d'Union de la gauche (PS-PCF-EELV) qui arrive en tête avec 22,99% des voix, suivi de près par Fabrice Loher, chef de l'opposition, à la tête d'une liste divers droite (20,82% des voix).
Le maire Norbert Métairie (PS), élu sans discontinuer depuis 1998, ne se présentait qu'en dernière position de la liste de son adjoint à l'Urbanisme Bruno Blanchard (DVG), qui arrive troisième avec 18,45% des voix. L'adjoint à l'Environnement Laurent Tonnerre (LREM) arrive quatrième (17,80%) malgré le soutien du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, maire de Lorient de 1981 à 1998.
A Vannes, David Robo (LR-Modem), maire depuis 2011, est comme en 2014, élu dès le premier tour avec 50,92% des voix, suivi par Simon Uzenat (PS-EELV) avec 20,52% et Patrick Le Mestre (LREM-UDI), ancien doyen de la fac de droit, qui obtient 15,96%.
A Quimper, le maire sortant Ludovic Jolivet (Agir, centre droit), candidat à un deuxième mandat, arrive deuxième avec 30,22% des voix, devancé par la conseillère départementale Isabelle Assih à la tête d'une liste d'union PS-PCF-PRG, qui obtient 32,06% des voix.
Hormis ces deux listes, seule celle de la députée LREM Annaïg Le Meur (13,75%) peut se maintenir au 2e tour.
A Saint-Brieuc, où la majorité présidentielle partait en ordre dispersé, c'est la liste d'Hervé Guihard (PS-PCF-EELV) qui arrive en tête avec 31,80% des suffrages, suivi de la liste (Modem) de Richard Rouxel (21,27%), soutenu par l'ancien maire (2001-2017) et député (Modem) Bruno Joncour (49,40% en 2014). Corentin Poilbout (LREM), ex-directeur de cabinet de la maire sortante Marie-Claire Dourion (UDI), qui ne se représentait pas, arrive troisième avec 19,75%.
Centre-Val de Loire
Les écologistes ont réussi une percée à Orléans et Tours dimanche lors du premier tour des élections municipales, dessinant un second tour ouvert et pas forcément favorable aux sortants du Centre-Val de Loire.
Le parti présidentiel LREM a lui été battu partout ou presque, enregistrant des reculs d'importance dans les deux métropoles de la Loire, ainsi qu'à Blois et Bourges notamment.
A Tours, dans la plus grande ville de la région, le candidat vert Emmanuel Denis est arrivé en tête avec 35,5% des voix, loin devant le maire sortant (LR-UDI) Christophe Bouchet (25,6%). Avec des méthodes parfois originales (il s'était notamment déguisé en Trump en 2017 pour promouvoir l'écologie sur la plus grande place de Tours), cet ingénieur a rallié toute la gauche sur sa liste.
"Ce sont de très bons résultats pour nous!", a-t-il déclaré. "Nous sommes dans une dynamique encore plus forte que celle révélée par les sondages il y a quelques semaines. L'écart avec le maire sortant est encore plus important que prévu. Ce qui nous met en position encore plus favorable au second tour. La question est: y aura-t-il un second tour?"
Si ce résultat est une belle victoire pour l'écologiste, il est en revanche conforme aux attentes pour Christophe Bouchet, soutenu par les Républicains et l'UDI. Le représentant de la majorité présidentielle Benoist Pierre n'a rassemblé que 12,7% des votants. Un résultat à l'image de sa campagne, parfois perturbée par les opposants au projet de réforme des retraites.
A Orléans, l'ancien maire LR Serge Grouard a réalisé un score de 35,62%, pour son retour dans un contexte local très tendu. "Ce résultat n'allait pas de soi. Cela montre qu'il y a une relation d'affection avec les Orléanais. Je suis prudent pour le second tour, mais on est largement en tête", a savouré l'ancien maire auprès de l'AFP.
Dans la capitale régionale, le premier tour a en effet vu s'opposer trois candidats du centre-droit dans une lutte fratricide. Le maire sortant Olivier Carré, arrivé au pouvoir en 2015 après le départ pour raison de santé de Serge Grouard, n'a rassemblé que 24,1% des électeurs, avec le soutien de LREM et du Modem.
Dans ce contexte, le candidat EELV Jean-Philippe Grand est arrivé en tête à gauche avec 19,2% des voix, devant la liste PS-PCF de Baptiste Chapuis (12,9%). Une quadrangulaire se dessine si les deux listes ne se rapprochent pas.
A Bourges, Yann Galut, qui conduisait une liste divers gauche a viré en tête à 32,42%. Il est suivi par le maire sortant Pascal Blanc (24,25%), soutenu notamment par LREM, à égalité avec le divers droite Phillippe Mousny (24,25%). Une autre candidate de gauche, Irène Félix suit avec 17,33%.
La troisième ville de la région, longtemps communiste, pourrait ainsi repasser à gauche, au gré des alliances. Déjà en 2014, la liste socialiste était arrivée en tête, mais cela n'avait pas suffi.
Corse
Le premier tour des municipales a été marqué dimanche en Corse par une prime au sortant, avec la réélection écrasante des maires d'Ajaccio et Bonifacio et un possible retour au pouvoir de la gauche à Bastia si elle s'unit au second tour.
A Ajaccio, où près de deux électeurs sur trois ne se sont pas déplacés pour voter, Laurent Marcangeli (DVD) s'est imposé avec 53,50% des suffrages exprimés face à sept candidats, dont trois à coloration nationaliste.
A Bastia, chef lieu de la Haute-Corse, le maire nationaliste sortant Pierre Savelli, qui compte le président du conseil exécutif et ancien maire de la ville Gilles Simeoni en septième position sur sa liste, arrive en tête du premier tour avec 30,4% des suffrages exprimés mais a du souci à se faire pour le second, si les trois listes divers gauche qui le suivent parviennent à s'unir.
Reste à savoir si Jean-Sébastien De Casalta (DVG, 20,02%), Jean Zuccarelli (DVG 13,83%) et Julien Morganti (DVG,12,42%) parviendront à faire cause commune pour infliger un revers symbolique à Gilles Simeoni, dont la conquête de la mairie en 2014 avait représenté le premier d'une belle série de succès électoraux pour les nationalistes.
Les nationalistes sont en revanche pleins d'espoir à Porto-Vecchio, troisième ville de l'île et haut lieu touristique, avec l'arrivée en tête au premier tour de Jean-Christophe Angelini (44,49%) devant le maire sortant (DVD) George Mela (40,09%) avec 255 voix d'écart sur 5.794 suffrages exprimés et un taux d'abstention de 43,4%.
Dans ce fief de la droite où jamais une liste d'opposition n'était arrivée en tête au premier tour et où M. Angelini a déjà échoué à deux reprises, en 2008 et 2014, à ravir la mairie, un autre nationaliste, Don Mathieu Santini, est arrivé en troisième position avec 15,4% des suffrages exprimés. Il a immédiatement annoncé sur France 3 Corse se retirer du second tour, refusant toute alliance ou consigne de vote.
A Corte, sixième ville de Corse et capitale symbolique pour les nationalistes, ces derniers n'ont pas réussi à changer la donne. Xavier Poli (DVD), premier adjoint du maire sortant Tony Sindali, homme de droite qui a dirigé la commune pendant trois mandats consécutifs, l'a emporté avec 65,6% des suffrages exprimés face à Vanina Borromei (34,4%), présidente de l'office des transports et candidate de la majorité nationaliste au pouvoir dans l'île.
A Bonifacio, Jean-Charles Orsucci, qui avait porté les couleurs de La République en marche (LREM) aux territoriales de 2017 mais n'a pas sollicité l'investiture du parti présidentiel pour ces municipales, a obtenu 85,3% des suffrages exprimés. Il décroche donc son troisième mandat, sans opposant, même si l'abstention s'est, elle, établie à 51,12%. Victoire également dès le premier tour à Calvi pour le maire sortant Ange Santini (DVD, 55,8%).
Pour ce premier tour des municipales et dans le contexte de l'épidémie de nouveau coronavirus qui a fait cinq morts dans l'île, la Corse-du-Sud affiche un taux de participation de 50,87% et la Haute-Corse de 58,75%, des taux largement supérieurs à la moyenne nationale .
Outre-mer
Une dépression tropicale qui perturbe le scrutin en Nouvelle-Calédonie, une ex-ministre en ballottage favorable à La Réunion, un seul maire élu au premier tour à Mayotte : voici ce qu'il faut retenir du premier tour des municipales en Outre-mer, selon les premiers résultats. Compte tenu du décalage horaire, les résultats définitifs n'étaient pas connus pour plusieurs territoires.
NOUVELLE-CALEDONIE
La crise du coronavirus n'a pas impacté le territoire - aucun cas avéré pour l'instant -, mais le scrutin a été marqué par l'approche de la dépression tropicale forte Gretel, qui a nécessité le déclenchement d'une alerte cyclonique de niveau 1. Des électeurs n'ont pu aller voter en raison de crues importantes. A Nouméa, la liste sans étiquette de Sonia Lagarde, la maire sortante affiliée à La République en marche, a remporté l'élection dès le 1er tour avec 63,9 % des voix. Autre fait marquant, le retour au sein du conseil municipal d'élus indépendantistes, absents durant deux mandatures. "Cela nous conforte dans la perspective du référendum (d'autodétermination, ndlr) du 6 septembre", s'est félicité auprès de l'AFP Joseph Boanemoa, chef de file de la liste rassemblant diverses tendances indépendantistes. Le taux de participation est historiquement faible: 40,03 % (contre 53,54% en 2014). Dans le reste de l'archipel, la grande majorité des maires sortants, candidats à leur réélection, ont retrouvé leur place ou sont sortis en tête au premier tour.
LA REUNION
A La Réunion, huit maires ont été réélus dès le premier tour des municipales. La palme revient à Serge Hoarau (SE) qui a totalisé 84,23% des suffrages dans la petite commune rurale de la Petite Ile (sud). Le président de la fédération locale LR Michel Fontaine a lui aussi été réélu dès le premier tour avec 57,02% des voix, à Saint-Pierre. A Saint-Denis, à la tête d'une liste d'union de la gauche, l'ancienne ministre et députée Ericka Bareigts est en ballottage favorable avec 42,70% de suffrages. Loin derrière elle, le président de Région Didier Robert (DD) totalise 24,88% des voix. C'est la sénatrice UDI Nassimah Dindar qui complète le trio de tête avec 13,01% des voix. A Saint-Paul (ouest), où 16 listes étaient en compétition, un record, le maire sortant Joseph Sinimalé (SE) est en difficulté face à la députée Huguette Bello (DG), arrivée en tête (36,59%). La moitié à peine des électeurs s'est déplacée aux urnes.
MAYOTTE
Un seul maire est élu dès le premier tour: il s'agit de Saïd Omar Oili (divers gauche) maire sortant de Dzaoudzi-Labattoir. Le président de l'association des maires de Mayotte l'emporte avec 55,26% des voix contre ses deux adversaires (tous deux à 22%). Dans toutes les autres communes, il y aura un second tour. A Mamoudzou, chef-lieu, le maire sortant Mohamed Majani, soutenu par La République en Marche, arrive en deuxième position (18,70%) derrière le LR Ambdilwahedou Soumaïla (19,41%) et devant le MDM (Mouvement pour le développement de Mayotte) El Yassir Manroufou (10,41%), soutenu par le sénateur apparenté LREM Hassani Abdallah. La LREM qualifie également ses candidats dans les communes de Chirongui, Chiconi, Mtsamboro et Pamandzi. Les LR ont recueilli plus de 10% des suffrages exprimés dans 10 communes, mais ne sont en mesure de gagner que dans la moitié d'entre elles.
SAINT-PIERRE-ET-MIQUELON
A Saint-Pierre, où deux listes seulement s'affrontaient, la maire sortante Karine Claireaux (DVG), qui briguait un quatrième mandat, perd la mairie. Yannick Cambray, leader de l'opposition municipale et proche de la ministre des Outre-mer Annick Girardin, est élu dès le 1er tour, avec plus de 61% des voix. Une élection qui comme dans l'Hexagone a souffert d'une participation en baisse sensible dans le contexte de crainte de contamination au coronavirus. Elle s'est élevée à 56.92% soit 12 points de moins qu'en 2014. A Miquelon, la maire sortante Danièle Gaspard ne se représentait pas, et aucune autre candidature n'a été déposée pour le premier tour. Certains habitants appellent aux bonnes volontés pour se présenter avant le second tour, et éviter ainsi la mise sous tutelle provisoire de la Préfecture.