Monuments nationaux : fréquentation en berne, mais projets en hausse
Le 23 janvier, Philippe Bélaval, le président du Centre des monuments nationaux (CMN), a présenté le bilan de l'année 2016 et les grands projets pour 2017. Un bilan contrasté, mais marqué - comme l'ensemble de l'activité touristique et culturelle - par l'impact des attentats. Une situation que le CMN qualifie pudiquement de "contexte touristique et économique contraint, notamment à Paris et plus largement en Ile-de-France".
Alors que la fréquentation des monuments nationaux, comme celle des musées, était franchement orientée à la hausse depuis plusieurs années (voir nos articles ci-contre), elle a marqué un net coup d'arrêt en 2016.
Une baisse globale de 6,9% et de 12,6% en Ile-de-France
Les monuments et sites gérés par le CMN sur l'ensemble du territoire ont ainsi enregistré une baisse de fréquentation globale de 6,9% l'an dernier, pour atteindre un total de 8,57 millions de visiteurs. Le recul est plus prononcé encore en Ile-de-France avec une chute de la fréquentation de 12,6%. L'arc de Triomphe - le plus visité parmi les monuments du CMN - a vu ainsi son nombre de visiteurs reculer de 24% en 2016 (avec 1,34 million de personnes). Le recul est de 14% pour les tours de Notre-Dame ou de 15% pour la Conciergerie.
Malgré quelques baisses notables (-7% pour le mont Saint-Michel), les monuments et sites de province ont mieux résisté - sauf sur la Côte d'Azur - et enregistrent même quelques beaux succès, mais sur des fréquentations très inférieures à celle des grands monuments : +13% pour les tours de La Rochelle, +14% pour les tours et les remparts d'Aigues-Mortes, +19% pour le château de Cadillac, +31% pour le fort Saint-André à Villeneuve-lès-Avignon, +40% pour la maison de Clémenceau à Saint-Vincent-sur-Jard...
Dans son dossier de rentrée, le CMN voit une raison d'espérer dans la hausse sensible de fréquentation observée en décembre 2016, tout particulièrement en Ile-de-France. Le nombre de visiteurs de l'Arc de triomphe affiche ainsi une hausse de 57% par rapport à décembre 2015 et celui de la Sainte-Chapelle une augmentation de 37%... Mais ces chiffres sont en partie biaisés, le mois de décembre 2015 débutant juste après les attentats du 13 novembre.
Travaux et initiatives en tout genre
Il existe cependant d'autres raisons d'espérer une amélioration. Le CMN s'est vu ainsi confier, en 2016, la gestion de nouveaux monuments, comme la villa Kérylos à Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes) ou la chapelle des moines de Berzé-la-Ville (Saône-et-Loire). D'autres ont rouvert leurs portes après de grands travaux de restauration, comme les châteaux de Montal (Lot) et de Villeneuve-Lembron (Puy-de-Dôme). De même, certaines parties, jusqu'alors fermées, de monuments ont été ouvertes au public, à l'image des parties hautes du Panthéon ou des cuisines royales de la Conciergerie ou - dans un registre voisin - la repose de l'archange Saint-Michel. L'animation des monuments par des expositions ou des spectacles d'art vivant constitue aussi un autre moyen de relance de la fréquentation.
En 2017, la réouverture du château d'Azay-le-Rideau doit également apporter son lot de visiteurs supplémentaires. Au même titre que la réouverture de l'Ermitage de l'abbaye de Montmajour (Bouches-du-Rhône), l'achèvement du chantier portant sur le clos et le couvert du château de Rambouillet ou celui de la restructuration de la maison des mégalithes de Carnac et des travaux sur la Sainte-Chapelle du château de Vincennes.
Enfin, le CMN travaille à l'enrichissement de son offre de visite et "mène une réflexion concertée avec l'ensemble de ses équipes afin de proposer des expériences de visite riches dans les monuments de son réseau". Après l'intervention sur la Conciergerie en 2016, d'autres initiatives sont ainsi prévues cette année, comme un parcours de visite repensé au Panthéon et la mise en valeur du pendule de Foucault, l'installation d'une maquette numérique innovante sur le site archéologique de Glanum ou la mise en valeur des collections de tapisseries du château de Châteaudun dans un parcours de visite revu et enrichi.
Reste maintenant à savoir si toutes ces réalisations suffiront à effacer l'année noire de 2016 et favoriseront le retour de visiteurs, notamment étrangers.