À Montpellier, Unis'Vers réinsère les personnes éloignées de l’emploi (34)
Les élus de Montpellier innovent dans la lutte contre la pauvreté qui touche un habitant sur cinq. La mise en place en 2018 du dispositif Unis’Vers permet l’accompagnement des personnes éloignées de l’emploi et enregistre 70 % de sorties positives. Sa particularité : la prise en compte de toutes les problématiques qui enferment dans la précarité.
Avec un taux de pauvreté de 26 % la commune de Montpellier (19 % pour la métropole) dépasse nettement la moyenne nationale qui était de 14 % en 2016. "Sous l’impulsion du maire, l’équipe municipale recherche des solutions efficientes et innovantes", déclare l’adjointe déléguée aux affaires sociales Annie Yague. Parmi celles-ci figure le dispositif Unis’Vers mis en œuvre au printemps 2018. "Nous l’avons bâti à partir du constat que trop de bénéficiaires du RSA ne sortaient pas de la précarité et avec la volonté de les ramener vers l’emploi." Une des ambitions d’Unis’Vers est de réinsérer dans la société des personnes qui s’en sentaient abandonnées et de les aider à reprendre leur vie en main pour devenir autonomes.
- Lever les freins à l’emploi
Unis’Vers a été conçu par le centre communal d’action sociale (CCAS). Il assure sur une durée de trois mois un accompagnement personnalisé des publics les plus éloignés de l’emploi. Ses bénéficiaires sont principalement repérés par Pôle Emploi qui est lié au CCAS par une convention. "Les remettre en condition de trouver un travail suppose d’abord de lever les freins qui les maintiennent dans la précarité", poursuit l’adjointe au maire. Unis’Vers agit donc sur l’ensemble des problématiques identifiées comme des handicaps à l’emploi.
- Redonner aux personnes la confiance en leurs capacités
Le travail autour de la valorisation des compétences est considéré comme un moment clé du dispositif parce qu’il redonne aux personnes en précarité la conscience de leurs capacités et, ce faisant, une confiance en elles qu’elles avaient perdue. Ce retour à la confiance est conforté par une batterie d’actions sur la résolution des problématiques qui enferment dans la précarité. Les travailleurs sociaux interviennent donc sur les conditions de logement, la santé ou la gestion du budget. Une attention particulière est portée sur d’autres facteurs décisifs dans un processus de réinsertion : l’accès au numérique et la pratique du sport, très utile pour se sentir bien dans sa peau ; la mobilité, notamment les possibilités offertes par la ville en matière de transports collectifs et souvent ignorées par les personnes en précarité ; les accès gratuits à la culture (nombreux à Montpellier).
- La citoyenneté au cœur du dispositif
"Les travailleurs sociaux font un effort particulier sur la citoyenneté afin que chaque personne se sente à sa place et prenne conscience de son importance dans la société ainsi que de ses devoirs vis-à-vis d’elle", poursuit l’adjointe au maire. "Quand on leur explique son fonctionnement, on remarque très vite qu’elles se passionnent alors qu’auparavant elles s’en désintéressaient."
- Bilan : 70 % de sorties positives
Après un an d’expérimentation, 137 personnes éloignées de l’emploi ont bénéficié du dispositif. Le CCAS relève 70 % de sortie positives vers un CDD, CDI, un chantier d’insertion ou une formation. Ce résultat est à mettre en relation avec un budget somme toute raisonnable. Le CCAS a rénové et rééquipé une ancienne crèche située à proximité immédiate du centre ancien et d’un quartier en politique de la ville. Ce lieu accueille aussi Vill@ges Connectés ainsi que les plateformes budget et santé. Outre cet investissement amortissable sur plusieurs années, le budget 2018 pour accompagner 137 personnes s’est élevé à 150.000 euros. "À long terme, on peut considérer que c’est une économie financière mais surtout humaine et citoyenne par rapport aux coûts que génère une personne enfermée dans la précarité", fait valoir l’adjointe en charges des affaires sociales.
- Premiers enseignements
Parmi les enseignements de cette première année d’expérimentation, le CCAS a constaté que les résultats étaient probants pour la majorité des bénéficiaires en seulement six semaines. "Contrairement à ce que je pensais, trois mois c’est trop long, nous allons donc réduire la durée du dispositif à un mois et demi. Mais ceux qui souhaiteront continuer à être accompagnés le pourront", précise l’élue.
Autre enseignement, Unis’Vers a permis de toucher une majorité de femmes qui sont souvent, en tant que chef de famille monoparentale, les plus concernés par la précarité. Cela ouvre de nouveaux champs de travail comme la problématique de la garde des enfants indispensable à la recherche et à l’exercice d’un emploi.
Le dispositif Unis’Vers va être présenté aux services de l’État. Le CCAS espère obtenir des subventions qui l’aideront à en faire bénéficier 400 personnes chaque année. "Je suis convaincue que c’est un dispositif d’avenir très en phase avec les annonces du président de la République sur le plan Pauvreté", estime l’adjointe aux affaires sociales.
CCAS de Montpellier
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