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Ville intelligente - Montpellier : faire du citoyen un coproducteur de la ville numérique

La première "cartopartie contributive" organisée à Montpellier et consacrée à la mobilité réduite réunissait une quarantaine de participants. "Cette initiative préfigure une démarche qui associe plus étroitement les citoyens à l'amélioration des services urbains", souligne Jean-Marie Bourgogne, le directeur du programme "Montpellier territoire numérique" à la mairie. L'ambition affirmée par la municipalité est de tirer parti de la puissance du numérique pour développer de nouvelles formes de coproduction avec les habitants, les associations et les entreprises locales.
Cette "cartopartie" réalisée fin janvier 2012 sur le quartier des Beaux-Arts a réuni autour de la réalisation d'une carte thématique des associations de handicapés, des militants des logiciels libres et quelques citoyens désireux d'apprendre. Au cours d'une après-midi, les participants ont produit des informations sur l'accessibilité de 200 points d'intérêt qu'ils ont géolocalisé au moyen de terminaux GPS (commerces, restaurants, lieux publics, touristiques…). Les données collectées ont ensuite été reportées sur le wiki cartographique Open Street Map. Elles vont compléter les bases de données de la ville et seront disponibles sur le portail de données ouvertes mis en place également par les services municipaux. Ainsi, tout citoyen pourra consulter les données sur une carte interactive en ligne et gérer ses déplacements.
"Cette préfiguration sur un quartier nous permet d'affiner la méthode et de la reproduire ensuite sur les quinze autres quartiers de la ville de manière à constituer une carte complète et exhaustive", confirme Jean-Marie Bourgogne. "Après avoir initié la démarche, nous espérons renforcer le partenariat avec les associations et les personnes à mobilité réduite, tout en recherchant les moyens de pérenniser l'action et la mise à jour des données." Si la méthode est validée, d'autres thématiques, autour de la biodiversité ou de la culture urbaine, pourraient ainsi être traitées en coparticipation avec les acteurs locaux.

Open Data, citywall et démocratie participative

Depuis le lancement du programme il y a dix-huit mois, la ville a lancé son portail de données ouvertes (66 jeux de données) qui a donné lieu à la réalisation d'une dizaine d'applications ouvertes à tous : calcul d'itinéraire multimodal, recensement des arbres sur la ville, petites annonces de proximité et visualisation des jeux de données cartographiques. Pour faciliter rencontres, échanges et animations, elle a ouvert un espace de travail collaboratif dédié aux acteurs de l'innovation numérique au sein d'un de ses espaces publics numériques.
Et dans quelques jours, la "Cité des écrans" sera lancée. Ce programme prévoit l'installation de grands écrans tactiles de type "citywall" (entre 80 et 165 cm de diagonale) dans des lieux publics ouverts ainsi qu'à la mairie et à l'office de tourisme. Ces écrans donneront accès à un magasin d'applications appelé à croître au fil des contributions et consultables simultanément par plusieurs utilisateurs. Il sera possible de parcourir la ville sur un plan 3D, de calculer un itinéraire ou de consulter des flux d'information locale. D'autres initiatives seront lancées d'ici la fin 2012 en matière de démocratie participative, de partage de connaissances à partir des fonds détenus par la ville et autour de la réalité augmentée sur l'espace urbain.

Soutenir aussi les projets externes

Le programme couvre trois années durant lesquelles la ville entend dynamiser l'action publique, renforcer l'engagement citoyen et favoriser l'émergence de nouvelles activités économiques. "Les financements mobilisés ne sont pas uniquement destinés à la ville, indique Jean-Marie Bourgogne. Nous allons consacrer 50% des crédits en subventions sur le soutien de projets externes." Les élus attendent de cet éco-système, des services plus en phase avec les besoins des habitants et des créations d'emplois. "Mais il ne faut pas vouloir trop vite des résultats, l'innovation repose sur l'imprégnation, les citoyens ont besoin de temps pour s'approprier cette nouvelle culture." Pour cela, la ville entend former, accompagner et mettre à la disposition de tous des outils adaptés, à l'image du portail de données ouvertes ou du futur magasin d'applications "que tout le monde pourra enrichir". L'autre idée repose sur l'échange et l'ouverture sur l'extérieur. Tout ce que la ville développe ou va développer repose sur la philosophie du libre. "Cela va permettre à d'autres villes de réutiliser gratuitement les outils mis en oeuvre, par exemple, sur les écrans tactiles et, en retour, d'enrichir notre travail, pour le plus grand bénéfice des usagers", conclut Jean-Marie Bourgogne.