Auvergne-Rhône-Alpes : élus et professionnels de la montagne très inquiets avant la réunion de lundi à Matignon
Elus et professionnels de la montagne de la région Auvergne-Rhône-Alpes étaient réunis lors d'une "conférence de crise" ce jeudi 28 janvier. L'idée était de préparer et remettre un "mémorandum" au Premier ministre lors de la réunion prévue ce lundi 1 février. Sur le terrain, l'inquiétude monte.
"On n’a pas le droit d’échouer." C’est sur un ton grave que le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, a introduit la grande "conférence de crise" de tous les acteurs régionaux de la montagne, jeudi 28 janvier, en prévision de la rencontre prévue lundi à Matignon avec Jean Castex. L’objectif : préparer un mémorandum pour "relayer l’ampleur de la catastrophe" et demander de compenser au plus juste "le choc qu’est en train de subir la montagne".
Ce mémorandum sera en effet remis lundi au Premier ministre lors d’une réunion avec les élus et professionnels de la montagne, alors que le gouvernement a annoncé le 20 janvier que les remontées mécaniques ne rouvriraient pas en février (voir notre article). "Avant Noël, la décision (de ne pas rouvrir les remontées mécaniques) était prise", s'est offusqué le président de la région, évoquant une "profonde blessure". La perspective d’une année blanche, alors que la neige est cette année tombée en abondance, est de moins en moins exclue après une année 2020 déjà très affectée par le premier confinement. "Ce sera extrêmement compliqué d’aller jusqu’à la saison prochaine. Les aides vont peut-être nous permettre de survivre, pas de faire les investissements prévus", a prévenu un responsable de la station de Lioran (Cantal), en visioconférence.
"C’est toute une économie de la montagne qui va s’effondrer" et qui risque de "passer sous pavillon étranger", s’est encore alarmé Laurent Wauquiez. "La réalité de la montagne c'est d’abord de faire vivre plus de 150.000 personnes dans notre région", a-t-il dit. "On est peut-être devant l’épreuve la plus grave pour la montagne depuis la Seconde Guerre mondiale et l’après Seconde Guerre mondiale, à la veille du plus grand plan social de toute la montagne française. C’est inacceptable."
"Si on n'est pas rapidement compensés, ça va s'écrouler"
Un constat partagé par les présidents de départements qui jouent la solidarité avec la région. "Heureusement que la région prend cette initiative", s’est félicité le président du conseil département de l’Ain, Jean Deguerry, un département qui comprend 7 petites stations familiales. L’élu a rappelé que depuis la loi Notre, les départements ne peuvent plus intervenir sous forme d’aides économiques directes, mais que la compétence tourisme leur a permis de verser 6 millions d’euros de subventions au secteur hôtellerie-restauration. "Cela ne suffit pas (…) Il faut trouver des solutions et des aides."
"Nous sommes très inquiets", a abondé le maire des Belleville/Les Ménuires/Val Thorens (Savoie), président de la commission finances locales de l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM). "Si on n’est pas rapidement compensés, ça va s’écrouler", a-t-il clamé énumérant les pertes de recettes pour les communes en taxes de séjour, taxes sur les remontées mécaniques, redevances DSP, redevances d’assainissement… "Ca fait très très mal."
Lundi, lors d’une visite dans la région voisine de Paca à Saint-Etienne-en-Dévoluy (Hautes-Alpes), le ministre délégué chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt, a pourtant promis que le gouvernement serait au "rendez-vous" pour garantir aux communes concernées "des ressources minimales". Les stations sont "assurées de percevoir au minimum ce qu'elles percevaient en 2019 en taxes de séjour et taxes de remontées mécaniques", a-t-il garanti, précisant que les décrets de reconduction de cette disposition déjà prise en 2020 étaient "en cours de signature" pour 2021. "C'est extrêmement onéreux mais cela suffira pour maintenir tout le monde hors de l'eau", a assuré Joël Giraud, secrétaire d’Etat chargé de la ruralité, ancien maire de l’Argentière-la-Bessée (Hautes-Alpes).
Laurent Wauquiez émet quelques doutes. Car l’’Etat va "racketter" les stations avec le Fpic (Fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales) cette année, a-t-il dit. "En fait, ils ne connaissent pas la montagne", a-t-il lancé à l’adresse de l'exécutif.