Méthanisation : le rapport du Sénat "apporte une caution douteuse" à cette pratique selon Eau et Rivières de Bretagne
Le rapport de la mission d'information du Sénat sur la méthanisation publié le 5 octobre (lire notre article) "apporte une caution douteuse" à cette pratique industrielle, a estimé ce 12 octobre l'association Eau et Rivières de Bretagne dans un communiqué. "De par son caractère partial, ce rapport ne répond pas aux attentes des citoyens qui souhaitent une information complète, indépendante des lobbies qui ont de gros intérêts financiers dans le développement de la méthanisation", écrit l'association environnementale.
Estimant que "beaucoup d'affirmations du rapport sont non démontrées, partielles, voire fausses", Eau et Rivières de Bretagne considère que les avis d'experts indépendants ont été minorés au bénéfice de ceux émanant d'organismes impliqués dans le développement de la méthanisation. "Loin de prendre appui sur les travaux de ces experts indépendants, les éléments retenus font entre autre la part belle aux avis de GRDF, du SER (Syndicat des énergies renouvelables) et de Solagro (société qui propose, selon son site internet, une "expertise innovante au service des transitions énergétique, agroécologique et alimentaire", ndlr), organismes impliqués dans le développement de la méthanisation, ce qui ne manque pas de nous interroger sur les motivations de la mission", écrit l'association.
Nombre d'experts indépendants auditionnés ont "exprimé leurs réserves, pointant les effets négatifs de la méthanisation sur les systèmes de production agricole, et l'évaluation trompeuse des émissions de gaz à effet de serre", fait-elle valoir. Eau et Rivières rappelle les pollutions récentes en Bretagne provoquées par des méthaniseurs et émet plusieurs critiques. La méthanisation "n’apporte pas de preuves de son innocuité sur la vie des sols et cache ses impacts réels sur l'environnement, puisqu’elle ne résout notamment en rien le problèmes d’excès de nitrates à l’origine des marées vertes en Bretagne" ; "au lieu de répondre à l’objectif de réduction des déchets, [elle] crée une demande, voire une concurrence, sur le gisement de déchets nécessaire à son fonctionnement" ; elle "menace l'autonomie alimentaire du territoire en induisant un changement d'affectation des sols avec des surfaces agricoles détournées de leur vocation alimentaire, et en induisant une augmentation du prix du fourrage utilisé dans les méthaniseurs"; elle "accentue un modèle agricole intensif, et met en danger l'agriculture paysanne pourvoyeuse d'emploi" ; elle "rend problématique l'installation de jeunes agriculteurs, avec l'augmentation forte du capital des entreprises et de la taille des unités" et mobilise "des financements très importants".
"Face aux incertitudes et aux effets négatifs avérés de la méthanisation, notre association renouvelle sa demande de moratoire immédiat", écrit encore Eau et Rivières de Bretagne qui diffuse une pétition en ce sens.